Début du contenu principal.
«C'est une première au Canada.»
Québec débloque plus de 3,6 millions $ afin de soutenir l'insertion et le maintien en emploi de personnes vivant avec un trouble du spectre de l'autisme (TSA).
Les dix premiers projets qui bénéficieront de cette enveloppe ont été dévoilés lundi matin et se partageront environ 1,2 million $.
La ministre de l'Emploi, Kateri Champagne Jourdain, en a fait l'annonce à Montréal dans les locaux de l'organisme Autisme sans limites, qui offre différents programmes pour favoriser l'inclusion sociale des jeunes adultes autistes de haut niveau de fonctionnement.
Parmi les initiatives retenues, sept auront une portée à travers le Québec et trois seront concentrées dans la région de Montréal. Celle qui décroche la part la plus importante du 1,2 million $ est l'entreprise montréalaise Neuro Plus.
Avec une subvention d'environ 343 000 $, elle pourra déployer deux initiatives, dont une visant à former de futurs techniciens spécialisés en réseautique.
«Des propositions d'emploi seront offertes par la suite dans le domaine de la cybersécurité. C'est une première au Canada», a fait valoir la ministre caquiste en conférence de presse.
Les autres projets soutenus sont, entre autres, la réalisation d'une baladodiffusion traitant de l'intégration en emploi des personnes vivant avec un TSA, le développement d'un outil d'évaluation des facteurs d'employabilité de la clientèle autiste, la création d'un guide sur la communication entre les personnes autistes et non autistes dans les milieux de travail, ainsi que la mise sur pied d'outils de sensibilisation destinés aux employeurs.
Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, la ministre caquiste a souligné l'importance de «faire appel à tous les talents incluant les personnes les plus éloignées du marché du travail».
«Il faut non seulement donner aux personnes vivant avec un trouble du spectre de l'autisme tous les outils pour se réaliser à travers un emploi, mais aussi encourager les employeurs à faire une plus grande place à l'inclusion et la diversité dans leur milieu de travail», a affirmé Mme Champagne Jourdain.
Il existe encore une certaine méconnaissance de l'autisme qui entraîne à l'occasion des «malentendus» chez les employeurs, alors que les personnes vivant avec un TSA ont parfois des difficultés avec les habiletés sociales, évoque Lise-Marie Gravel, la présidente d'Autisme sans limites, basé dans le sud-ouest de la métropole québécoise.
Son organisme obtiendra de Québec un peu plus de 140 000 $ pour permettre le déploiement à plus grande échelle d'une initiative expérimentée d'abord sous forme de projets pilotes, «Studios», qui aide des jeunes adultes autistes à se trouver un emploi et à les maintenir grâce à un soutien personnalisé.
Aussitôt que ces jeunes arrivent en entreprise, la perception des employeurs change, constate Mme Gravel.
«Le commentaire que j'ai le plus souvent c'est: ‘Ah, mon Dieu qu'ils n'ont pas l'air autistes!’ Comme s'il y avait une façon d'être ou d'avoir l'air autiste.
«L'autisme, c'est vraiment un masque. Quand on fait tomber le masque (...) quand on diminue l'anxiété, toutes les manifestations de l'autisme, on a vraiment accès à un potentiel qui est unique parce que ces gens-là pensent en dehors de la boîte», soutient Mme Gravel à La Presse Canadienne.
Selon elle, la loyauté est l'une des grandes forces des travailleurs autistes, un atout recherché au moment où la rétention du personnel représente un défi important pour les entreprises.
«Une personne autiste ne se lève pas le matin à vouloir changer d'emploi. Quand ils sont bien (dans un milieu de travail), ils veulent être bien comme ça tout le reste de leur vie», explique Mme Gravel.
Les autres projets qui pourront compter sur une subvention grâce à l'enveloppe de 3,6 millions $ seront annoncés prochainement dans différentes régions.