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Les troupes de Justin Trudeau ont décidé de le remplacer par Joël Lightbound.
Le député qui avait traité au printemps dernier des témoins militant pour la protection du français de «pleins de marde», le franco-ontarien Francis Drouin, ne siège plus au comité des langues officielles comme membre permanent du Parti libéral du Canada.
Les troupes de Justin Trudeau ont décidé de le remplacer par Joël Lightbound, le député de Louis-Hébert, dans la région de Québec. Les libéraux y ajoutent donc un premier député francophone d'une circonscription québécoise située hors de l'île de Montréal.
La décision des libéraux devrait mettre fin à la séquence de huit réunions publiques dominées par des manœuvres d'obstruction parlementaire où ils multipliaient les tactiques visant à retarder un vote sur une motion qui demandait que leur collègue soit expulsé du comité et qu’il démissionne de son poste de président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, des fonctions qu'il n'occupe plus depuis le mois de juillet. Les oppositions refusaient quant à elles d'adoucir cette motion qui avait été d'ailleurs jugée irrecevable par la présidence.
Dans la foulée, alors qu'il tenait un long discours pour drainer du temps de réunion, le député libéral lavallois Angelo Iacono avait déclaré que le Québec gagnerait à devenir une province officiellement bilingue plutôt que de n’avoir que le français comme langue officielle.
À son arrivée à la Chambre des communes, mardi, Marc Serré, le secrétaire parlementaire du ministre des Langues officielles, a affirmé qu'il est «normal» que la composition des comités change à l'automne. Il a d'ailleurs fait remarquer que les conservateurs ont également apporté un changement dans leur alignement.
M. Serré a indiqué que les partis d'opposition ont clairement laissé entendre qu'ils n'abandonneraient pas leur combat si M. Drouin restait sur le comité.
«C'était vraiment un "show" de boucane de l'opposition, a-t-il ajouté. Alors je pense que c'était sage que M. Drouin quitte, mais c'est de valeur parce que (c'était) un atout énorme au comité des langues officielles: son expérience et son dévouement.»
Croisé à la sortie d'un autre comité, le porte-parole conservateur en matière de Langues officielles, Joël Godin, s'est réjoui que le gouvernement ait fini par «entendre raison», ce qui permettra d'éviter la reprise des sempiternels débats.
Il a confirmé que les partis d'opposition ont fait leurs «représentations», sans toutefois en révéler la teneur.
Une source conservatrice à qui La Presse Canadienne a accordé l'anonymat a néanmoins indiqué que le parti comptait reprendre son obstruction à l'automne si M. Drouin était maintenu dans l'alignement des libéraux.
Le député Francis Drouin s'était retrouvé dans l'eau chaude au début mai à la suite de l'échange houleux pour lequel il avait attendu plusieurs jours avant de s'excuser.
L'élu, qui représente la circonscription de Glengarry–Prescott–Russell, près d’Ottawa, avait initialement été piqué au vif lorsque deux témoins ont expliqué que lorsqu’un francophone ou un allophone fréquente une université ou un cégep anglophone cela augmente nettement la probabilité qu’il mène sa vie en anglais. Le député leur avait alors demandé s’ils croyaient sincèrement que l'Université McGill et le collège Dawson constituent l'essentiel du problème de l'anglicisation du Québec.
Pris dans la tourmente, la francophonie ontarienne lui a donné son appui en le qualifiant d’«allié». Le gouvernement Legault, lui, avait jugé que les troupes de Justin Trudeau avaient «un examen de conscience» à faire après avoir refusé de «condamner» ces propos «absolument indignes».
À la fin juillet, M. Drouin avait annoncé qu'il ne se représenterait pas lors des prochaines élections générales, mais qu'il terminerait son mandat. Le député, qui a été élu pour la première fois en 2015, puis réélu en 2019 et 2021, avait expliqué qu'il voulait se consacrer à sa famille.