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Plan d'immigration au Québec: les partis d'oppositions craignent que tout soit fixé d'avance

Les auditions publiques sur la planification de l'immigation au Québec se sont amorcées.

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La question de l'immigration monopolisera (encore) bien des gens dans les prochaines semaines alors que la consultation générale et les auditions publiques concernant la planification de l'immigration au Québec pour 2026-2029 se sont amorcées à l'Assemblée nationale. 

 

Les partis d'opposition ont rencontré les médias jeudi matin. Questionnés sur la question de l'immigration, plusieurs députés ont soulevé des inquiétudes sur «l'écoute» du gouvernement du Québec dans ce dossier.

Au Parti libéral du Québec (PLQ), on semble placer peu d'espoir dans cet exercice.

«Est-ce qu’il y a une personne au Québec qui croit l’un des scénarios de François Legault en matière d’immigration?» a questionné Madwa-Nika Cadet, députée libérale dans Bourassa-Sauvé. «Ce n’est pas sa première planification pluriannuelle de l’immigration depuis qu’il est premier ministre du Québec, puis est-ce qu’aujourd’hui, les taux d’immigration que nous avons sont représentatifs de ce qui avait été énoncé précédemment?»

«Il a beau nous arriver avec trois scénarios distincts, le gouvernement n’est pas crédible en matière d’immigration, il ne l’a jamais été […] Ça fait sept ans qu’il brise ses promesses». 
- Madwa-Nika Cadet, députée libérale dans Bourassa-Sauvé

Même son de cloche du côté du Parti québécois (PQ).

«J’espère que le gouvernement est vraiment à l’écoute. J’espère que ce n’est pas encore un exercice de communication comme on en a tellement vu, où tout est fixé à l’avance et on fait juste le réaliser par formalité sans écouter les gens», a mentionné Pascal Paradis, député du Parti québécois (PQ) dans Jean-Talon.

Jacques Boissinot | La Presse canadienne Pascal Paradis, député du Parti québécois (PQ) dans Jean-Talon. (Jacques Boissinot | La Presse canadienne)

Québec solidaire questionne aussi la capacité de la CAQ d'être à l'écoute dans le dossier de l'immigration.

«On connaît la position de la CAQ là-dessus, ce qu’on veut c’est que le ministre [de l’Immigration, Jean-François Roberge] fasse preuve d’écoute envers tous les intervenants», a mentionné Alejandra Zaga Mendez, députée solidaire de Verdun.

«Les intervenants doivent montrer ce qu'on va faire pour certains secteurs de l’économie», a-t-elle ajouté. «C’est ça la question qu’on se pose. Est-ce qu’on va limiter au niveau de la santé? Au niveau de l’éducation? Au niveau de l’agriculture? […] C’est là où on a besoin de plus de force de travail étrangère et de plus en plus parce qu’on manque de main-d’œuvre. J’invite le ministre à écouter ses intervenants»

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Une quinzaine d'intervenants allaient prendre la parole d'ici la fin de la journée jeudi dans le cadre de la consultation générale et les auditions publiques concernant la planification de l'immigration au Québec pour 2026-2029. 

Parmi les participants, on retrouve, entre autres, Benoît Dubreuil, Commissaire à la langue française, Laurence-Olivier Malouin-Trudel, président-directeur général de l'Association Restauration Québec, Dimitri Fraeys, vice-président, Innovation et affaires économiques au Conseil de la transformation alimentaire du Québec, Pierre-Alexandre Blouin, président-directeur général de l'Association des détaillants en alimentation du Québec, Véronyque Tremblay, présidente-directrice générale de l'Association Hôtellerie du Québec, Adel El Zaïm, vice-recteur à la recherche, à la création, aux partenariats et à l’internationalisation à l'Université du Québec en Outaouais et Guillaume Rousseau, directeur de la recherche à l'Institut de recherche sur le Québec.

La consultation se poursuit jusqu'au 30 octobre.

«Respecter de la capacité d'accueil du Québec»

L'orientation présentée par la Coalition avenir Québec (CAQ) met de l'avant «une diminution claire, mais responsable, qui vise à réduire la pression sur les services publics et sur la disponibilité des logements, tout en considérant les besoins de main-d'œuvre des régions».

Voici les orientations débattues Immigration temporaire : réduire progressivement le nombre de personnes résidentes non permanentes au Québec :- viser une réduction d'environ 13 % du nombre de titulaires de permis dans le Programme des travailleurs étrangers temporaires et dans le Programme des étudiants étrangers;- interpeller le gouvernement fédéral afin qu'il resserre conséquemment l'encadrement des admissions dans le Programme de mobilité internationale et des demandes d'asile à destination du Québec. Immigration permanente : diminuer les niveaux d'admissions permanentes, afin qu'ils s'établissent à :- Scénario A : environ 25 000 personnes immigrantes par an;- Scénario B : environ 35 000 personnes immigrantes par an;- Scénario C : environ 45 000 personnes immigrantes par an. Connaissance du français : viser une proportion de plus de 75 % de connaissance du français chez les personnes immigrantes permanentes et favoriser l'apprentissage du français parmi les personnes résidentes non permanentes. Sélection de personnes déjà au Québec : accroître la part des personnes immigrantes permanentes déjà présentes au Québec, afin qu'elle représente entre 63 et 66 % des admissions à la fin de la période. Immigration économique : maintenir une forte proportion d'immigration économique, soit de plus de 60 %, dans les admissions permanentes, afin de répondre aux enjeux de main-d'œuvre dans les secteurs stratégiques priorisés de l'économie québécoise. Immigration humanitaire : rééquilibrer la répartition des admissions dans les programmes d'immigration humanitaire, afin de favoriser les personnes résidant sur le territoire québécois.

Source : gouvernement du Québec

Pour la première fois, le gouvernement introduit des cibles pour l'immigration temporaire dans sa planification. «Le gouvernement réitère sa demande auprès du gouvernement fédéral pour qu'il réduise de 200 000 le nombre de personnes résidentes non permanentes sous sa responsabilité au Québec, c'est-à-dire les titulaires de permis du Programme de mobilité internationale et les demandeurs d'asile. Cette réduction devra se faire en priorité à Montréal et à Laval afin de préserver le développement économique régional», explique-t-on à nouveau dans un communiqué jeudi.

«Comme gouvernement, nous avons la responsabilité de bien planifier l'immigration et de nous adapter au contexte actuel. Dans les dernières années, en raison de la perte de contrôle du gouvernement fédéral, la croissance rapide des résidents non permanents a eu des impacts négatifs sur les services publics, l'accès au logement, le français, la capacité d'intégration et de francisation, etc. C'est pourquoi, pour la première fois, nous allons aborder l'immigration temporaire dans le cadre de la présente consultation», a fait savoir par communiqué Jean-François Roberge, ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.