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Jeudi, ce n'est pas une journée banale et surtout pas pour la famille Boisvenu.
Le 23 juin 2002, il y a 20 ans, la jeune Julie Boisvenu était agressée et tuée à Sherbrooke. Elle n'avait que 27 ans. Son assaillant était un récidiviste en liberté.
Depuis sa mort, son père, le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, a transformé ce drame en bataille pour la sécurité des femmes. On se souviendra que trois ans et demi plus tard, M. Boisvenu a été confronté à un autre deuil quand sa fille Isabelle est décédée dans un accident de voiture. 20 ans après la mort tragique de Julie, il a accepté de nous lire une lettre qu’il a écrit à sa fille partie trop tôt.
Notre journaliste Alexandra Paré s'est entretenue avec M. Boisvenu. Voyez son reportage dans la vidéo.
Depuis la mort de sa fille Julie, Pierre-Hugues Boisevenu a créé l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues, il a été nommé sénateur et a participé à la création de la Charte canadienne des droits des victimes.
Selon lui, les choses avancent :
«Tout a changé en 20 ans. Les médias traitent les victimes et les familles de façon beaucoup plus humaine aujourd'hui, les procureurs de la Couronne sont plus présents et les policiers ont une sensibilité aux victimes qu'ils n'avaient peut-être pas à l'époque. C'est à partir du constat de ma propre expérience du système de justice que j'ai pris le bâton de pèlerin. Julie n'aurait pas accepté que je ne fasse rien avec sa mort.»
Pierre-Hughes Boisvenu a multiplié les efforts et les démarches pour que la justice soit plus équitable et que le ton soit durci envers les criminels. À ce sujet, bien du travail reste à faire, estime-t-il :
«S'il y a quelque chose à resserrer et mettre un peu de rigueur, c'est les libérations conditionnelles. Depuis que les libéraux sont là, on regarde les décisions de la Cour suprême, les dernières, lorsqu'on dit que l'auto-intoxication va être un motif pour être reconnu non criminellement responsable, même dans les cas de meurtre, c'est très inquiétant pour les femmes. On n'est aucunement comparable aux Américains, quand on sait qu'aux États-Unis, dans les cas de viol, c'est minimum 20 ans et agression sexuelle, c'est minimum 10 ans. Encore cette semaine je voyais au Québec des sentences de deux ans moins un jour dans la collectivité pour des crimes de cette nature-là, on est encore très loin des Américains.»
Pierre-Hughes Boisvenu parle toujours avec la même détermination qu'il avait au moment de ce premier drame, qu'il a conservé après le décès de son autre fille Isabelle, morte trois ans plus tard dans un accident de la route.
Il soutient que c'est pratiquement un devoir pour lui de le faire jusqu'au bout :
«Ma mission va durer tant et aussi longtemps que je n'irai pas retrouver mes filles de l'autre côté et de leur dire «regardez ce qu'on a fait ensemble». Sans l'assassinat de Julie, je n'aurais jamais été dans ce système-là, je n'aurais jamais été au Sénat et je n'aurais jamais travaillé avec les victimes. Je serais possiblement à la retraite tranquille dans le sud. Les filles m'ont dit d'être l'homme de la situation pour amener ces changements-là dans la société et que ce soit mon lègue à la société québécoise et aux Canadiens.»