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Le phénomène «Chauffeur inc.» vient de l'Ontario où il a commencé, avant de s'étendre au Québec.
Entreprises et syndicats du domaine du camionnage pressent le gouvernement Legault de sévir face au phénomène de «Chauffeur inc.» qui fait perdre des emplois légitimes et des millions de dollars.
Le phénomène «Chauffeur inc.» a commencé en Ontario, avant de s'étendre au Québec, ont expliqué en conférence de presse, jeudi à Montréal, l'Association du camionnage, le syndicat des Teamsters et l'Association des professionnels du dépannage du Québec.
Leur employeur prétend que ces chauffeurs ne sont pas ses employés, mais des travailleurs incorporés. Il ne prélève donc pas les différentes cotisations sur la masse salariale, comme le Régime des rentes, la CNESST et autres prélèvements, comme ceux des assurances collectives, du régime de retraite, propres à plusieurs employeurs. Pour l'employeur ontarien, il en résulte une économie de 20 % à 30 %.
Mais pour Marc Cadieux, président de l'Association du camionnage, il s'agit là d'une concurrence déloyale, d'une «véritable fraude». Ces chauffeurs, dit-il, sont en vérité des employés, puisqu'ils conduisent le camion qui appartient à leur employeur, qui leur dit où se rendre et à quel moment.
Certains de ces chauffeurs n'ont pas la formation requise pour conduire un camion, voire n'ont pas de permis de conduire, pas d'assurances, rapporte M. Cadieux.
Réjean Breton, de l'Association des professionnels du dépannage, a évoqué des cas où, lorsqu'un remorqueur est venu récupérer un camion enlisé ou accidenté, le chauffeur avait disparu. Parfois aussi, le camion est mal en point.
Les trois organisations demandent au gouvernement Legault d'intervenir, idéalement de concert avec l'Ontario, pour régler le problème, qui dure depuis des années et qui coûte des emplois et des revenus, tant aux entreprises de camionnage qu'aux gouvernements.
«La question, elle est simple: il faut que les gouvernements des deux provinces, l'Ontario puis le Québec, se mettent ensemble pour corriger cette situation qui ne tient pas debout. Là, un moment donné... on ne pourra pas regarder passer la parade et regarder nos travailleurs perdre leurs emplois sans réagir», a tonné Jean Chartrand, conseiller spécial du syndicat des Teamsters en matière de camionnage.
M. Cadieux, de l'Association du camionnage, estime qu'il y aurait de 8000 à 10 000 de ces travailleurs au Québec et «une centaine de milles» au Canada. Il évalue non pas à des millions, mais à des milliards de dollars, les sommes perdues par les différentes cotisations qui ne sont pas payées, sans compter les revenus qui échappent aux entreprises de camionnage d'ici.
Dans certains cas, explique-t-il, l'expéditeur n'est même pas au courant qu'il fait affaire avec ce type d'entreprise, parce qu'il a plutôt fait affaire avec une entreprise en logistique de transport qui, elle, sous-traite la livraison à faire.
M. Cadieux réitère que seuls les gouvernements peuvent intervenir. «Allez chercher vos dus» et, pour ce faire, munissez-vous des outils qu'il faut pour agir, a-t-il plaidé.