En proie à des fuites dans les médias durant son court mandat, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a imposé une série de restrictions à la presse vendredi soir, interdisant notamment aux journalistes d'accéder à de larges pans du Pentagone sans escorte gouvernementale — des zones auxquelles la presse avait accès sous les administrations précédentes pour couvrir les activités de l'armée la plus puissante du monde.
Les nouvelles zones interdites comprennent son bureau et ceux de ses principaux collaborateurs, ainsi que tous les différents locaux de l'imposant bâtiment où l'armée de terre, l'armée de l'air, la marine, le corps des Marines et la force spatiale disposent de bureaux de presse.
L'accès aux bureaux des hauts responsables militaires du Pentagone, y compris le général Dan Caine, président du Comité d'état-major interarmées, sera également interdit aux médias sans l'approbation de M. Hegseth et une escorte de ses collaborateurs. L'état-major interarmées entretient traditionnellement de bonnes relations avec la presse.
Pete Hegseth, ancien présentateur de Fox News, a publié son ordre sur X en fin d'après-midi, vendredi, avant une fin de semaine fériée. Il a affirmé que c'était nécessaire pour la sécurité nationale.
«Si le ministère reste attaché à la transparence, il est tout aussi tenu de protéger les informations classifiées du renseignement et les informations sensibles, dont la divulgation non autorisée pourrait mettre en danger la vie des militaires américains», a écrit M. Hegseth.
La Pentagon Press Association a exprimé son scepticisme quant aux préoccupations opérationnelles en jeu, et a lié cette décision à des actions antérieures du bureau de Pete Hegseth, qui entravent les journalistes et leur couverture médiatique.
«Il est impossible de dissimuler la situation. La note publiée aujourd'hui par le secrétaire Hegseth apparaît comme une attaque directe contre la liberté de la presse et le droit des États-Unis à savoir ce que font leurs forces armées, a-t-elle déclaré dans un communiqué vendredi soir. La Pentagon Press Association est extrêmement préoccupée par la décision de restreindre la circulation des journalistes accrédités au sein du Pentagone à des couloirs non sécurisés et non classifiés.»
Pete Hegseth a également indiqué que les journalistes devront signer un formulaire de protection des informations sensibles et se verront remettre un nouveau badge les identifiant plus clairement comme journalistes. Il n'était pas clair si la signature du formulaire serait une condition pour continuer à accéder au bâtiment.
Il y a deux mois, le ministère a été embarrassé par une fuite au New York Times selon laquelle le milliardaire Elon Musk devait être informé des plans de l'armée américaine en cas de guerre avec la Chine. Cette réunion n'a jamais eu lieu, sur ordre du président Donald Trump, et M. Hegseth a suspendu deux responsables du Pentagone dans le cadre d'une enquête sur la diffusion de cette information.
Le Pentagone a également été embarrassé lorsque le rédacteur en chef de The Atlantic, Jeffrey Goldberg, a été inclus par inadvertance dans une discussion de groupe sur l'application de messagerie Signal, où Pete Hegseth a discuté des plans de frappes militaires à venir au Yémen. L'ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Mike Waltz, a revendiqué la responsabilité de l'inclusion de Jeffrey Goldberg et a été muté à un autre poste.
L'administration républicaine a pris plusieurs mesures agressives à l'encontre de la presse depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, notamment des enquêtes de la Federal Communication Commission sur ABC, CBS et NBC News. Les restrictions imposées à l'accès de l'Associated Press à certains événements de la Maison-Blanche plus tôt cette année ont donné lieu à une bataille judiciaire toujours en cours.
La Maison-Blanche a également facilité l'accès des médias conservateurs proches du président. Néanmoins, une étude publiée plus tôt ce mois-ci a révélé que Donald Trump avait eu des échanges plus fréquents avec les journalistes au cours de ses 100 premiers jours de mandat que n'importe lequel de ses six prédécesseurs.
Pete Hegseth, en revanche, a été beaucoup moins disponible. Il n'a pas encore parlé à la presse dans la salle de presse du Pentagone. Le porte-parole du Pentagone, Sean Parnell, n'a tenu qu'un seul point de presse au Pentagone depuis le 20 janvier. Le Pentagone a pris d'autres mesures pour compliquer la tâche des journalistes, notamment en privant huit médias de bureaux, dont le New York Times, le Washington Post, CNN et NBC.
