La Federal Trade Commission (FTC), qui assure le contrôle des pratiques anticoncurrentielles aux États-Unis, a poursuivi PepsiCo vendredi, l'accusant d'avoir pratiqué une discrimination illégale des prix en accordant des avantages tarifaires déloyaux à un grand détaillant au détriment d'autres vendeurs et consommateurs.
Le client bénéficiaire n'a pas été nommé dans une déclaration de la FTC concernant le procès, mais une source familière de l'affaire, qui a demandé à ne pas être nommée, car elle n'était pas autorisée à en parler, a indiqué que le détaillant était Walmart.
PepsiCo a déclaré que le procès «est erroné sur les faits et la loi» et qu'elle ne comprend pas la manière dont les entreprises de produits de consommation aident les détaillants à proposer des prix plus bas.
«PepsiCo conteste fermement les allégations de la FTC et la manière partisane avec laquelle le procès a été intenté. Nous présenterons vigoureusement notre cas devant le tribunal», a mentionné la société par communiqué.
La FTC a avancé que les pratiques de PepsiCo comprenaient le versement de paiements promotionnels à Walmart, mais pas aux grandes chaînes d'épicerie ou aux magasins de proximité indépendants. La FTC a souligné que cela permet à Walmart de baisser ses prix, mais oblige les Américains à payer des prix gonflés pour les produits PepsiCo à moins qu'ils n'achètent chez Walmart.
«Lorsque des entreprises comme Pepsi donnent un coup de pouce aux grandes enseignes de distribution, cela fait pencher la balance en défaveur des petites entreprises et, en fin de compte, gonfle les prix pour les consommateurs américains, a expliqué la présidente de la FTC, Lina Khan, dans le communiqué. L’action de la FTC contribuera à garantir que tous les épiciers et autres entreprises, quelle que soit leur taille, puissent obtenir un traitement équitable et rivaliser sur la base de leurs compétences, de leur efficacité et de leur talent.»
Walmart a fait savoir vendredi qu’elle n’avait «rien à ajouter pour le moment». PepsiCo a soutenu que ses pratiques «sont conformes aux normes du secteur».
«Nous ne favorisons pas certains clients en offrant des remises ou un soutien promotionnel à certains clients et pas à d’autres», a déclaré l’entreprise.
La FTC a poursuivi PepsiCo en vertu de la loi Robinson-Patman de 1936, rarement appliquée. La FTC a rappelé que la loi interdit aux entreprises d’utiliser des paiements incitatifs promotionnels pour favoriser les gros clients par rapport aux plus petits.
Il s'agit de la deuxième fois en un peu plus d’un mois que la FTC cite la loi Robinson-Patman dans un procès. En décembre, la commission a poursuivi Southern Glazer's Wine and Spirits, un grand distributeur américain, affirmant qu'il discriminait illégalement les petites entreprises et les entreprises indépendantes en accordant des remises et des rabais aux plus grands magasins.
Dans les derniers jours de l'administration de Joe Biden, la FTC s'est employée à émettre des remboursements aux consommateurs, à prendre des mesures d'application contre les entreprises que l'agence accuse de pratiques trompeuses et à finaliser les règles qu'elle juge nécessaires pour rendre le marché plus équitable.
La «pire affaire»
La FTC a voté à 3 voix contre 2 pour autoriser le personnel à intenter une action en justice pour une injonction permanente contre PepsiCo devant le tribunal du district sud de New York. Le commissaire Andrew Ferguson, qui est le choix du président élu Donald Trump pour remplacer Lina Khan, était l'un des deux votes dissidents.
L'autre commissaire votant contre le procès, Melissa Holyoak, a écrit dans son avis dissident que l'affaire contre PepsiCo était «la pire affaire que j'ai vue depuis que je suis à la commission». Selon elle, la majorité des commissaires ont précipité la fin de l'affaire avant d'avoir suffisamment de preuves pour étayer les allégations.
«Les promotions de Pepsi auprès du détaillant ne sont pas des remises discriminatoires déguisées, mais plutôt des concessions de prix ordinaires», a écrit Mme Holyoak.
PepsiCo, basée à Purchase, New York, est l'une des plus grandes entreprises alimentaires au monde. Elle fabrique Pepsi, Mountain Dew et Gatorade ainsi que des collations, comme les croustilles de pommes de terre Lay's, Doritos et Fritos. Elle fabrique également des flocons d'avoine Quaker, des céréales pour le petit-déjeuner et des barres granola.
Les prix de PepsiCo font l'objet d'un examen minutieux depuis la pandémie. En 2022, par exemple, la société a reconnu avoir réduit la taille de ses bouteilles de Gatorade de 32 onces à 28 onces, mais elle n'a pas répondu lorsqu'on lui a demandé pourquoi elle facturait plus cher les bouteilles de 28 onces.
En octobre, la sénatrice démocrate Elizabeth Warren du Massachusetts et la représentante américaine Madeleine Dean de Pennsylvanie ont envoyé des lettres à PepsiCo, Coca-Cola et General Mills les accusant de pratiquer des prix abusifs en réduisant la taille des emballages.
PepsiCo a déclaré que ses augmentations de prix étaient nécessaires en raison de la hausse du coût des ingrédients, de l'expédition, de l'emballage et de la main-d'œuvre. Au cours de l'été, l'entreprise a toutefois affirmé que les consommateurs réduisaient leurs achats de collations et de boissons ou se tournaient vers des marques de magasins moins chères.
L'entreprise a réagi en essayant de rendre Lay's plus abordable grâce à un mélange de promotions sur les produits, plus de croustilles par sac et des formats économiques. Des promotions similaires étaient prévues pour Doritos et Tostitos, a ajouté l'entreprise.
