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«Pourri l'arbitre!»
«Voyons, t'es ben aveugle!»
«Tu nous en dois une!»
Voilà quelques pointes lancées à l'endroit des arbitres par certains parents aux comportements répréhensibles lors des matchs sportifs de leurs jeunes.
Au cours des derniers jours, le directeur technique de Baseball Québec, Sylvain Saindon, en a eu assez.
Il a choisi de publier une lettre ouverte destinée aux parents dont l'agressivité surpasse l'entendement. Même s'ils ne représentent pas nécessairement la majorité, le directeur technique, qui cumule plus de 35 ans d'expérience dans son domaine, cherche à changer les paradigmes actuels.
«J'ai eu la réflexion d'écrire cette lettre principalement durant les Jeux du Québec qui avaient lieu à Laval en juillet. Ensuite, ma pensée s'est développée lors des autres tournois provinciaux. Je ne comprenais pas comment les parents pouvaient autant se déresponsabiliser comme cela», explique-t-il.
Selon des chiffres recueillis par la fédération sportive, le nombre d'arbitres a diminué considérablement depuis la saison 2019. Au début de cette saison, quelque 2250 étaient présents partout en province. Ils étaient à peine 1 250 en 2022. C'est une diminution de quelque 37,5%.
Selon M. Saindon, plusieurs personnes font le choix de quitter leur travail d'officiel, en raison des conditions difficiles entourant le poste.
«Ce sont des jeunes de 14, 15 ans qui en sont à leur première expérience de travail. Ils veulent bien faire, mais ils savent qu'ils auraient de meilleurs conditions ailleurs. Il faut que la rétention des officiels soit meilleure dans tous les sports, et ça inclut le financement », plaide-t-il.
Or, le nombre d'adeptes du baseball a grandement bondi dans les dernières années, pandémie incluse. Comme le démontre le tableau ici-bas, ils sont plus de 35 000 en 2022, ce qui en fait une augmentation nette pour le sport. Comment sera-t-il possible de jouer le même nombre de rencontres si les arbitres sont insuffisants?
«Il va falloir que dans leur cheminement, les jeunes athlètes apprennent à devenir des arbitres ou à rendre des décisions par eux-mêmes. Il va falloir trouver un mécanisme pour y parvenir, car qui va vouloir aller sur une surface de jeu pour arbitrer?» se questionne Sylvain Saindon.
Le constat est tout aussi frappant au sein d'Hockey Québec.
Joint par Noovo Info, le directeur de la régie et des officiels, Dave Leclerc, est d'avis qu'une meilleure sensibilisation doit être effectuée.
Il partage l'avis du directeur technique de Baseball Québec, comme quoi il ne faut pas empêcher les parents d'assister aux rencontres, principalement pour des enjeux de sécurité, mais aussi pour les parents qui appuient les jeunes.
«Les parents aident beaucoup les jeunes, avec les patins, par exemple. Plusieurs sont présents dans les estrades pour encourager. Je crois cependant qu'il faut mieux sensibiliser ceux qui ont des comportements répréhensibles. Ils doivent réaliser que l'erreur est humaine. Si un joueur peut faire une erreur, l'arbitre aussi», précise-t-il.
Du côté d'Hockey Québec, l'objectif annuel en ce qui concerne le nombre d'arbitres se chiffre à 4 500. L'an dernier, M. Leclerc soutient que près de 3 700 arbitres ont répondu à l'appel. Dans les circonstances pandémiques, il soutient que ce nombre a été suffisant.
Avec le retour à la normale, le directeur est optimiste que le nombre d'officiels sera obtenu cette année.
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Avant les vacances estivales, plusieurs fédérations sportives ont participé à une rencontre préparatoire de type table ronde pour trouver des solutions afin d'améliorer l'écosystème sportif québécois.
En pleine campagne électorale, La Presse rapporte que La Coalition pour l'avenir du sport au Québec (CASQ) réclame 500 M$ par année pour permettre la bonification des services régies par les fédérations sportives.
De leur côté, messieurs Saindon et Leclerc demandent l'appui de la majorité silencieuse pour contrôler ce qui se passe dans les gradins sportifs, et ce, tous sports confondus.
«Votre silence ou votre regard détourné donne malheureusement le feu vert à ceux qui n’ont pas compris ce texte», conclut Sylvain Saindon dans sa lettre ouverte.