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La décision de l'Université de Sherbrooke d'offrir des cours en présence dès lundi ne fait pas l'unanimité chez ses étudiants. En effet, la plupart d'entre eux n'ont pas accès à leurs cours en virtuel s'ils doivent s'isoler en raison de la COVID-19.
Cette problématique ne date pas d'hier: l'an dernier, la même chose s'est produite lorsque les cours ont été à nouveau offerts en présence. « On est tout le temps au point mort. Encore aujourd'hui, ils considèrent ça comme une grippe normale. Les absences en raison de la COVID sont encore considérées au même titre qu'une absence normale, donc comme non justifiées », rapporte Yaomie Dupuis, vice-présidente à la condition étudiante de la Fédération étudiante de l'Université de Sherbrooke (FEUS).
Lundi, les représentants des étudiants ont eu une rencontre à cet effet avec la direction de l'institution, mais rien n'a avancé dans ce dossier. « On a été vraiment chanceux, on a eu un gros trente minutes, mentionne-t-elle, d'un ton sarcastique. C'est un peu ironique puisque c'était probablement une rencontre qu'ils ne voulaient pas beaucoup. Dans ce temps-là, ils ne nous mettent pas beaucoup de temps. »
Auparavant, des professeurs ont évoqué que le contenu qu'ils présentaient en virtuel s'était retrouvé sur le Web, et c'est ce qui pourrait expliquer la réticence de certains à vouloir offrir les cours en mode hybride.
L'Université ne peut pas annoncer des consignes et les exiger à l'ensemble des facultés : elle peut seulement faire des recommandations. « C'est vraiment au choix du professeur et du département de choisir les modalités pour ce qui va être d'accommoder les étudiants qui doivent s'isoler. » Heureusement, Yaomie Dupuis assure que la majorité de ceux-ci sont accommodants avec leurs étudiants. Leurs collègues de classe peuvent se connecter par visioconférence pendant le cours et le partager avec celui ou celle qui doit être en isolement.
Ce n'est pas le cas de cette étudiante en Enseignement du français au secondaire, qui préfère garder l'anonymat par peur de représailles, se trouvant présentement en isolement en raison de la COVID-19. « Plus souvent qu'autrement, mes chargés de cours m'ont refusé l'accommodement, ce qui m'a grandement surprise », admet-elle.
Cette dernière qualifie cette situation comme étant « déplorable ».
« On nous dit que les modalités d'enseignement sont retournées à la normale, mais les étudiants malades devront emprunter des notes de cours de leurs collègues, comme si c'était notre choix de rester à la maison ou pas. Je suis en isolement forcé et non volontaire. »
Yaomie Dupuis est du même avis. « Face au gouvernement en ce moment qui est déjà dans l'eau chaude, je trouve que c'est réducteur de la situation. C'est de dédramatiser, voire ridiculiser la situation, ce n'est pas une simple grippe. »
Pour l'avoir témoigné, la FEUS indique que certains étudiants vont jusqu'à se questionner à savoir s'ils se présentent ou non à leurs cours alors qu'ils sont positifs, mais n'ont pas de symptômes. En effet, certains cours étant très exigeants et les étudiants ne peuvent se permettre de s'y absenter. « Ça, c'est une inquiétude qu'on a souvent rappelée à l'Université, mais c'est comme si ça n'avait pas été pensé encore que les étudiants allaient devoir faire le choix entre aller à leur cours pour avoir la matière au complet ou rester à la maison pour s'isoler. »
Sur la question des examens, l’Université assure que tous les étudiants pourront les reprendre lorsqu’ils sortiront de leur quarantaine. Toutefois, ceux-ci peuvent coûter une cinquantaine de dollars dans certaines facultés. Dans un courriel envoyé à la communauté étudiante, l’institution mentionne que les frais ne seront pas applicables dans le cas d’un isolement en raison de la COVID-19.
La FEUS appréhende par ailleurs le retour des étudiants après leur mi-session. « On sait qu'ils retournent à la maison et reviennent ensuite à Sherbrooke. On a hâte de voir si les professeurs vont être prêts à accommoder les étudiants. On y va au jour le jour, on essaie de prendre le plus de nouvelles de nos associations », soutient Mme Dupuis.
La Fédération étudiante de l'Université de Sherbrooke invite tous les étudiants à s'informer auprès de leurs professeurs afin de connaître les modalités en cas d'un résultat positif à la COVID-19 ou d'un contact direct avec une personne infectée. « Plus on met de pression, plus on va réussir à se faire entendre », conclut Yaomie Dupuis, vice-présidente à la condition étudiante de la FEUS