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Depuis au moins un an, les libéraux ont promis une stratégie pour l'Afrique qui définirait les relations du Canada avec des dizaines de pays et permettrait de s'engager avec un nouveau bloc commercial intercontinental.
Le gouvernement Trudeau présentera un cadre plutôt qu'une stratégie sur les relations du Canada avec l'Afrique, affirmant que cela reflète mieux l'intention initiale de la politique – ce qui amène les critiques de certains qui jugent que libéraux ne prennent pas la région au sérieux.
Depuis au moins un an, les libéraux ont promis une stratégie pour l'Afrique qui définirait les relations du Canada avec des dizaines de pays et permettrait de s'engager avec un nouveau bloc commercial intercontinental.
Rob Oliphant, le secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, a déclaré lors d'entretiens l'été et l'automne derniers qu'il travaillait sur une «stratégie pour l'Afrique émergente» et «un document de stratégie pour notre engagement diplomatique».
Pourtant, dans une entrevue avec La Presse Canadienne plus tôt ce mois-ci, la ministre Joly a précisé que le plan n'était pas une stratégie à part entière.
Elle affirmé qu'il fallait plutôt parler d'un cadre.
L'objectif, dit-elle, est de répondre à l'appel de plusieurs pays d'Afrique qui souhaitent avoir un meilleur accès au Canada.
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En entrevue, M. Oliphant a dit que Mme Joly lui avait demandé dans une lettre de mandat quelque temps après l'automne 202 «de développer une stratégie pour l'Afrique, et en particulier pour notre politique étrangère en ce qui concerne l'Afrique».
L'idée était d'évaluer la présence diplomatique du Canada à travers le continent, à quels groupes il devrait participer et quels objectifs il devrait présenter aux dirigeants africains. Cela comblerait une lacune, puisque les politiques commerciales et d'aide du Canada étaient plus claires que ses objectifs en matière de politique étrangère.
«Pour moi, cela a été le domaine le plus faible de notre engagement en Afrique», a indiqué M. Oliphant.
En novembre dernier, les libéraux ont publié leur stratégie indo-pacifique, un plan quinquennal de 2,3 milliards $ qui touche des agences allant du Service canadien du renseignement de sécurité à Pêches et Océans Canada.
«À ce moment-là, j'ai suggéré de renommer cela un cadre plutôt qu'une stratégie», a expliqué Rob Oliphant, à propos de son travail sur la politique africaine.
Il a dit qu'il travaillait sur un cadre «qui favorise l'investissement en garantissant que nous réduisons les risques», par exemple, en soutenant des projets d'aide qui rendent les pays plus stables.
M. Oliphant s'attend à présenter la politique au cabinet cet automne et dit qu'elle sera rendue publique cette année civile.
Il a ajouté qu'il se concentrait à s'assurer que les gouvernements africains soient engagés, au lieu de rester accroché à la terminologie – bien que d'autres disent que la formulation fait une réelle différence.
Lori Turnbull, directrice de l'École d'administration publique de l'Université Dalhousie, souligne qu'une stratégie indique une feuille de route avec des résultats réfléchis. Mais un cadre est moins structuré par définition.
«La spécificité est la partie importante. Une stratégie est: "C'est ce que nous faisons. C'est ce que nous allons faire pour atteindre nos objectifs"», a-t-elle indiqué.
Mais un cadre «est plus une sorte de vue d'ensemble, et un ensemble global de paramètres», a-t-elle précisé.
Mme Turnbull croit que les commentaires de la ministre Joly pourraient donner aux fonctionnaires l'impression que l'Afrique se classe moins bien que d'autres régions qui attirent davantage l'attention des électeurs.
«Cela indiquerait qu'elle essaie de faire une distinction entre les deux – et il y a une distinction, a-t-elle soutenu. Il pourrait y avoir une sorte de message envoyé au ministère, subtilement.»
Le changement de terminologie a été remarqué par les sénateurs du comité des affaires étrangères, qui ont averti la ministre du Commerce Mary Ng en décembre dernier que le Canada semblait prendre du retard sur les États-Unis et d'autres pairs dans l'établissement de liens commerciaux plus étroits avec l'Afrique.
La sénatrice Amina Gerba a déclaré en entrevue que ce changement augure mal pour que le Canada profite d'un nouveau bloc commercial qui s'étend sur la majeure partie du continent.
La Zone de libre-échange continentale africaine est un projet en cours visant à éliminer la plupart des tarifs et à harmoniser certaines réglementations dans environ 45 pays.
Le terme stratégie est plus «complet» et plus «engageant» pour le Canada, a-t-elle indiqué, tandis qu'un cadre a ses «limites».
La sénatrice québécoise a dit que le gouvernement ne lui avait pas précisé pourquoi ce changement a été demandé.