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«Les régions sont en train de se mobiliser» contre le fédéral dans le dossier du caribou, a indiqué le ministre.
Avec son arrogance et son mépris, le gouvernement fédéral se met à dos les régions et fait reculer la protection du caribou, selon le ministre de l’Environnement du Québec, Benoît Charette, qui a plaidé sa cause à Ottawa mardi.
Non seulement l’approche d’Ottawa dans le dossier du caribou «ne fait aucun sens» et menace l’économie «d’une trentaine de villages», mais elle «fait également reculer la cause du caribou», a indiqué le ministre Charette lors d’un point de presse sur la colline du Parlement à Ottawa.
«Les régions sont en train de se mobiliser» contre le fédéral dans le dossier du caribou, a indiqué le ministre.
«On va devoir ramer dans la gravelle» pour «réparer les dégâts», car les «gens sont très en colère», a-t-il indiqué en faisant notamment référence au village de Sacré-Cœur, sur la Côte-Nord, où est située la coopérative forestière Boisaco.
Le décret du fédéral ne va pas s’attaquer à «des méchantes multinationales», mais plutôt à «des citoyens qui se sont regroupés pour mettre de l'avant» une coopérative «qui donne des résultats absolument formidables», a fait valoir le ministre Charette.
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Le décret du gouvernement fédéral visant à obliger Québec à protéger certaines hardes de caribous ferait perdre «1400 emplois» et «une trentaine de villages seraient menacés au niveau de leur existence», a ajouté le ministre.
Il y a quelques mois, Ottawa a amorcé les démarches pour imposer un décret à Québec afin de forcer la province à protéger trois populations de caribous, soit celles de Val-d'Or, Charlevoix et Pipmuacan.
La possibilité forestière diminuerait de 1,4 million de mètres cubes de bois par année dans les trois zones où serait imposé le décret d’urgence pour protéger le caribou, selon le forestier en chef du Québec.
À l’échelle provinciale, le décret provoquerait une baisse de 4,1 % de la possibilité forestière.
Mais cette baisse affecterait particulièrement le village de Sacré-Cœur, car l'approvisionnement en bois de la coopérative Boisaco serait amputé de 60 %.
Dans plusieurs régions du Québec, l’industrie forestière est responsable du déclin du caribou, car elle le prive de son habitat et de sa nourriture. Également, les chemins forestiers favorisent le déplacement des prédateurs naturels du caribou.
En débutant son point de presse, le ministre de l’Environnement du Québec a confié que son passage dans la capitale fédérale servait notamment à trouver des appuis.
«J’ai eu l'occasion de rencontrer des collègues de l'opposition et du Bloc québécois et du Parti conservateur et je dois rencontrer un député du NPD un peu plus tard, en après-midi. J'aurais bien aimé rencontrer des élus libéraux. Malheureusement, ils ne semblent pas disponibles aujourd'hui», a expliqué Benoit Charette.
Il a également laissé savoir qu’il trouvait que le Bloc québécois faisait preuve de timidité dans le dossier.
«Je souhaiterais que le Bloc québécois, de façon très assumée, demande le retrait de cette menace de décrets» et ait «une voix beaucoup plus forte dans ce dossier».
Le chef bloquiste n'a pas mis de temps à lui répondre.
«Il y a une tendance récente à me dire ce que je devrais faire ou ne pas faire, mais avec très peu de succès», a indiqué Yves-François lors d'une mêlée de presse.
Il a invité la province à « négocier avec les autochtones, avec les travailleurs, avec les biologistes, avec les forestières, avec les élus régionaux pour arriver à une entente qui permettra la préservation des emplois bien sûr et la préservation du caribou forestier».
Le ministre Charrette a confié qu'il est très complexe de protéger le caribou ainsi que de protéger les emplois dans la foresterie.
«En environnement, il n'y a rien de simple. Tous les dossiers peuvent être complexes», mais «parmi tous les dossiers, le plus complexe, encore plus que la gestion des émissions de gaz à effet de serre et autres, c'est sans doute celui du caribou», a-t-il dit.
Si ce dossier est si compliqué, c'est en raison de l'ampleur de l'habitat du caribou, «des dizaines de milliers de km carrés», dans «des régions qui ont des réalités différentes», a expliqué le ministre pour qui «on ne peut aborder ces réalités à travers une seule façon unique de penser».
Benoit Charette a également confié qu'il «aurait bien aimé» mettre en place une stratégie nationale pour protéger l'espèce.
«J'ai essayé, on a regardé la possibilité d'arriver avec une stratégie nationale qui s'appliquerait mur à mur, mais les impacts sont trop différenciés d'une région à l'autre.»
La sortie du ministre Charette mardi se voulait également une réponse à celle de son homologue fédéral il y a quelques semaines.
Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, avait alors invité Québec à revenir à la table pour trouver une entente sur le caribou, avant Noël.
Il avait laissé entendre que la province pourrait profiter de centaines de millions de dollars de financement pour la protection de la biodiversité.
Le ministre Charette a réitéré que certains montants d’argent évoqués par le ministre fédéral concernent d’autres dossiers et ne devraient pas faire partie de la discussion sur la protection du caribou.
«C'est un leurre, ni plus ni moins, parce que l'on vient confondre des dossiers extrêmement différents qui ne sont pas abordés de la même façon d'une province à l'autre», a fait valoir le ministre québécois.