Début du contenu principal.
Le gouvernement fédéral ne veille pas à ce que les producteurs agricoles protègent correctement les travailleurs étrangers contre la COVID-19, selon la vérificatrice générale du Canada, y compris dans certains cas où il existe des preuves de violations en matière de santé et de sécurité.
Ce constat fait suite à de nombreuses éclosions parmi les travailleurs étrangers temporaires sur des fermes, aux conditions exiguës, depuis le début de la pandémie.
L’Alliance des travailleurs migrants pour le changement affirme avoir confirmé la mort de six travailleurs étrangers due à la COVID-19 depuis le début de la pandémie, bien que l’organisme affirme que le nombre réel de décès est probablement beaucoup plus élevé.
Le gouvernement libéral a promis de nouvelles exigences pour les producteurs agricoles ainsi que des dizaines de millions de dollars en nouveaux fonds l’année dernière pour protéger contre la COVID-19 les quelque 50 000 personnes qui viennent au Canada chaque année en tant que travailleurs agricoles saisonniers.
Ces nouvelles exigences comprenaient des logements appropriés pour la mise en quarantaine des travailleurs étrangers pendant 14 jours après leur arrivée au Canada, ainsi que ceux dont le test de dépistage de la COVID-19 est positif, et des mesures pour gérer les éclosions.
Pourtant, alors que les inspecteurs d’Emploi et Développement social Canada considéraient que pratiquement toutes les fermes étaient conformes à ces réglementations, Mme Hogan soutient que la grande majorité de ces notes de passage ont été données sans les inspections appropriées.
« Nous avons notamment constaté que le ministère avait déterminé que la plupart des employeurs se conformaient aux exigences relatives à la COVID-19 [...], et ce, même s’il avait recueilli peu ou pas d’éléments pour le démontrer », écrit la vérificatrice générale dans son rapport.
« À notre avis, les inspections n’ont pas été réalisées avec toute la diligence voulue et l’empressement qu’exigeaient la situation pandémique et les propres politiques du ministère », ajoute-t-elle.
Le rapport soutient que les inspecteurs avaient des preuves suggérant que les employeurs violaient les exigences, mais « rien ne montrait que le ministère avait alors procédé à un examen plus approfondi ou effectué un suivi auprès de l’employeur. Pourtant, le ministère avait quand même conclu que les employeurs se conformaient aux exigences », est-il indiqué.
Les responsables ont également été lents ou n’ont pas inspecté correctement les installations où se produisaient des éclosions, a constaté la vérificatrice générale.
Le rapport de la vérificatrice générale indique qu’un certain nombre de problèmes sont à blâmer, notamment la charge de travail excessive des inspecteurs, dont plusieurs sont relativement nouveaux dans leurs fonctions, et une absence de sentiment d’urgence au sein du ministère.
Il note également que toutes les inspections ont été menées virtuellement depuis mars 2020. Ces inspections virtuelles se sont largement appuyées sur les employeurs, qui ont transmis des photos et des vidéos de leurs installations, ainsi que des entretiens avec des travailleurs.
Alors que l’audit était censé couvrir les neuf premiers mois de la pandémie, le rapport indique que les problèmes étaient si troublants que le bureau de la vérificatrice générale a décidé de continuer à travailler sur la question jusqu’en 2021.
Pourtant, malgré les assurances des hauts fonctionnaires d’Emploi et Développement social quant à leur engagement à combler cette lacune, la vérificatrice générale a constaté que les problèmes se sont en fait aggravés.
« Nous avons constaté que la qualité des inspections de quarantaines du ministère s’était dégradée au printemps et à l’été 2021 et qu’il y avait des problèmes dans environ 88 % des inspections examinées », mentionne le rapport.
Le ministère a également été critiqué pour son incapacité à établir une norme minimale que les employeurs doivent respecter en matière de logement des travailleurs étrangers, même s’il avait promis de le faire pour la première fois en 2018, deux ans avant la pandémie.
Au nombre des préoccupations prépandémiques figuraient le surpeuplement et les logements de mauvaise qualité, des problèmes qui avaient été soulevés par les travailleurs, les groupes de défense et même des gouvernements étrangers.