Onze chefs autochtones de tout le pays ont été nommés mercredi dans le nouveau Conseil consultatif autochtone du gouvernement fédéral, chargé de conseiller le nouveau Bureau des grands projets (BGP), qui vise à accélérer la mise en œuvre de grands projets d'infrastructure.
Le gouvernement fédéral affirme que le Conseil travaillera avec les peuples autochtones afin d'intégrer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans les décisions gouvernementales relatives aux grands projets d’intérêt national.
Sa création était une promesse faite aux peuples autochtones lors de l'adoption du projet de loi sur les grands projets, qui a suscité un tollé dans de nombreuses communautés autochtones, craignant qu'il n'affecte leurs droits et n'autorise des projets sans consultation équitable.
La loi a été adoptée, avec l'appui des conservateurs, moins d'un mois après son dépôt. Elle permet au Cabinet d'accorder rapidement des approbations fédérales pour les grands projets industriels jugés d'intérêt national, notamment en contournant les lois existantes.
Trevor Mercredi, grand chef des Premières Nations du Traité numéro 8 de l'Alberta, fait partie des 11 membres du Conseil consultatif et compte parmi les dirigeants qui ont exprimé leurs inquiétudes au sujet du projet de loi. Lors d'une réunion en juillet entre les chefs des Premières Nations et le gouvernement fédéral, M. Mercredi a affirmé que Mark Carney avait un «énorme travail à accomplir» pour regagner leur confiance.
«Nous sommes venus ici pour faire valoir nos droits. Nous ne sommes pas venus ici pour poser des questions. Nous ne sommes pas venus ici pour tendre la main. Nous sommes simplement venus ici pour faire valoir nos droits et nous assurer que chacun comprenne ce qui l'attend s'il vient chercher nos ressources», avait-il dit à l'époque.
Le chef de la Première Nation Dakota de Whitecap, Darcy Bear, qui a été nommé membre de l'Ordre du Canada l'année dernière pour son travail sur le développement économique des Premières Nations, fait également partie du conseil.
Crystal Smith, ancienne cheffe de la Nation Haisla et membre du conseil d'administration de l'Alliance GNL des Premières Nations, a également été nommée au conseil.
Dans un article récent, Mme Smith a expliqué que les difficultés rencontrées par le Canada pour réaliser de grands projets au cours de la dernière décennie étaient en grande partie dues au manque de collaboration avec les communautés autochtones pour comprendre leurs intérêts.
Sept membres du conseil sont issus des Premières Nations, deux sont inuits et deux autres sont métis.
Dans un communiqué annonçant la création du conseil, le premier ministre Mark Carney a expliqué que les partenariats avec les peuples et les nations autochtones sont essentiels à la réalisation de son programme de grands projets, et que les perspectives offertes par le conseil contribueront à assurer la prospérité des communautés autochtones.
Ottawa précise que les membres du conseil ont été choisis en fonction de leur expertise et de leurs connaissances des grands projets, des droits des Autochtones et de l'espace réglementaire.
Le conseil se réunira au moins quatre fois par an en personne et des réunions virtuelles auront lieu «au besoin».
La cheffe régionale du Yukon de l'Assemblée des Premières Nations, Kluane Adamek, a également été nommée au conseil, où elle est responsable des changements climatiques et de l'environnement.
JP Gladu, ancien président-directeur général du Conseil canadien pour les entreprises autochtones, a également obtenu un siège, tout comme Lorne Pelletier, conseiller économique principal de la Fédération des Métis du Manitoba.
Dawn Farrell, l'ancienne dirigeante de Trans Mountain qui a été nommée PDG du bureau le mois dernier, a indiqué dans un communiqué que «leur expertise et leurs conseils seront essentiels pour garantir que les projets d'intérêt national soient construits rapidement, correctement et de manière à créer de réelles opportunités et de la prospérité pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis.»
Un groupe autochtone non représenté au conseil s’est exprimé mercredi soir, affirmant que son exclusion compromet la réconciliation et affaiblit les projets d’édification de la nation que le gouvernement cherche à faire progresser.
«En tant que gouvernement de la Nation métisse de l’Alberta, représentant la plus grande population autochtone du Canada, le gouvernement métis d’Otipemisiwak doit siéger au conseil consultatif autochtone afin de refléter le rôle vital et historique que nos citoyens ont joué et continuent de jouer dans l’édification du Canada», a expliqué Andrea Sandmaier, présidente du gouvernement métis d’Otipemisiwak, qui représente les Métis en Alberta.
«Nous avons soutenu de bonne foi le programme économique du Canada, notamment par notre participation au Sommet des Métis sur les grands projets et aux discussions sur la Loi visant à bâtir le Canada. Il est maintenant essentiel que cet engagement se traduise par une participation significative des Métis de l'Alberta aux décisions qui touchent directement nos citoyens», a-t-elle ajouté.
