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Les cas de disparitions sont nombreux au Québec; les familles vivent dans l'attente, la peur et l'incertitude.
Les cas de disparitions sont nombreux au Québec et plusieurs d’entre eux laissent présager le pire, ce qui pèse lourd sur les familles de ces personnes disparues.
La page des personnes disparues du Service de police de Montréal (SPVM) comptait, en date du 29 août 2024, plus de 150 noms de femmes et d'hommes de différents âges. Celle du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) en comptait pour sa part une vingtaine. La page Web de la Sûreté du Québec dédiée aux personnes disparues comptait quant à elle une centaine de noms.
La SQ précise que cette section contient «des communiqués de presse pour des disparitions où la Sûreté demande l’aide de la population», ce qui nous laisse croire que les dossiers de disparitions sont encore plus nombreux.
C’est le cas si on se réfère aux dossiers de disparitions qui sont dans la mire de l’organisme Meurtres et disparitions irrésolus du Québec (MDIQ).
Son président fondateur, Stéphane Luce, a confié à Noovo Info que la base de données de MDIQ contenait actuellement 520 noms de personnes portées disparues, soit 158 femmes et 362 hommes.
Les familles de ces personnes disparues vivent un calvaire depuis le jour 1 de la disparition de leur proche. «L’attente au niveau de la disparition en elle-même on peut la qualifier d’interminable, les familles vivent souvent avec divers scénarios en tête», explique Stéphane Luce.
Si certaines personnes retrouvent leur proche plus ou moins rapidement, d’autres familles attendent des années et l’angoisse peut grimper d’un cran lorsque la police annonce la découverte d’un corps ou d’ossements.
Dans ces cas-là, les corps policiers sont souvent submergés d’appel provenant des familles qui souhaitent savoir rapidement s’il s’agit de leur proche disparu.
«Vous pouvez sans doute vous imaginer que l’espoir des familles touchées par la disparition est encore plus ébranlé. […] Les familles sont sur le qui-vive, elles sont en attente de réponses», affirme M. Luce.
Et le lieu de la découverture du corps ou des ossements ne calme pas nécessairement le stress chez les familles de personnes disparues.
«Même si le corps ou les ossements sont retrouvés, par exemple, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, ça ne veut pas dire que ce n’est pas quelqu’un de Joliette ou de Montréal», explique-t-il.
Stéphane Luce souligne que la majorité des familles de disparues souhaitent une finalité à leur attente.
«Quand on retrouve un corps ou des ossements, on est capable au moins de se faire une petite idée de ce qui s’est produit que ce soit un meurtre, un suicide ou un accident, etc. Ça donne des réponses et la plupart de ces familles sont dans l’attente d’une finalité pour pouvoir finalement passer à autre chose parce que c’est impossible de le faire tant qu’on ne sait pas ce qu’il s’est produit», estime M. Luce.
Après la découverte d’un corps ou d’ossements, s’enclenche une enquête de la police et nécessite l’intervention de plusieurs experts et spécialistes comme les coroners, les pathologistes, les dentistes médico-légaux, les anthropologues judiciaires, les spécialistes de balistique, etc.
Pour les familles – et même pour le grand public –, ce processus qui mène à l’identification officielle du corps ou des ossements et qui déterminera les causes et circonstances de la mort – dans la mesure du possible – semble très long et ajoute au stress de l’attente.
«Un test d’ADN normal, qui n’est pas pressant, ça prend environ un an et demi à deux ans avant d’avoir des résultats», explique Stéphane Luce.
M. Luce estime que les dossiers concernant des enfants seront traités en priorité et que le délai de réponse sera beaucoup plus court, «soit une semaine ou deux».
Pour les adultes, les spécialistes, souvent débordés, doivent établir un ordre de priorité.
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Le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale de Montréal (LSJML), sous la responsabilité du ministère de la Sécurité publique, traite de nombreux dossiers criminels chaque année au Québec.
«Sur une scène de crime, des substances biologiques contenant l’ADN, tel que le sang, le sperme, les cheveux et les poils, peuvent être laissées par un suspect. Des spécialistes en biologie judiciaire analysent ces substances afin d’obtenir le profil génétique des individus potentiellement impliqués», explique-t-on sur le site Web du gouvernement du Québec dédié au LSJML.
«Les profils génétiques obtenus de scènes de crime sont ensuite déposés dans la Banque nationale de données génétiques (BNDG) aux fins de comparaison. La BNDG contient plus d’un demi-million d’empreintes génétiques qui permettent l’identification de près de 1 500 individus chaque année au Québec», ajoute-t-on.
Il existe au Québec plusieurs organismes et services pouvant soutenir les familles et les proches de personnes disparues.
L’Association des familles de personnes assassinées ou disparues (AFPAD) a notamment pour mission de briser l'isolement vécu par les familles des victimes.
L'organisme offre divers services, dont des séances de psychothérapie, des ateliers sur le deuil traumatique, l'organisation de commémorations et des conseils juridiques.
L'AFPAD offre aussi des guides d'accompagnement comme Quand la fratrie vit un drame, Guide de retour à l'emploi, Guide de retour à l'école ou Revenir à la maison après un drame.