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La facture réclamée au fédéral s'élève à plus de 300 millions $ et Québec a pour sa part déjà avancé 20 millions $.
Des promoteurs et des élus s'activent depuis quelques jours à Ottawa pour obtenir des investissements publics d'environ 1,5 milliard $, en vue d'exporter des minéraux critiques notamment vers l'Europe, à partir du port de Saguenay.
Le gouvernement Carney semble intéressé, mais le Québec reste prudent, tandis que le Bloc québécois demande au fédéral de bouger plus vite pour soutenir le port.
Il s'agit du projet de Corridor du Nord canadien, un chantier essentiellement en deux volets.
En résumé, les promoteurs demandent de reconstruire un chemin de fer démantelé entre l'Abitibi et le Saguenay, un investissement de plus de 1 milliard $, pour permettre l'acheminement entre autres du minerai, qui pourrait venir d'aussi loin que du nord de l'Ontario.
Ce lien ferroviaire pourrait ainsi «désenclaver» des projets miniers de cuivre, de fer ou de terres rares qui tardent à aboutir en raison justement de problèmes de transport, a souligné mardi le député bloquiste Mario Simard.
Et par ailleurs, pour accueillir ces ressources naturelles, il faut une mise à niveau du port fédéral de Saguenay en vue d'agrandir son quai, mais aussi afin de lui permettre notamment de recevoir des projets industriels à proximité, sur les 1200 hectares dont dispose l'autorité portuaire.
La facture réclamée au fédéral s'élève à plus de 300 millions $ et Québec a pour sa part déjà avancé 20 millions $.
Selon le patron du Port de Saguenay, Carl Laberge, ce corridor nordique a tous les atouts pour faire partie des projets d'infrastructures jugés d'intérêt national que veut prioriser le gouvernement Carney.
«On est prêt, on a besoin de l'aide du fédéral et de la Banque d'infrastructures», a plaidé M. Laberge, dans un entretien avec La Presse Canadienne mardi.
«Il faut qu'il y ait une impulsion», juge-t-il, en suggérant que le Parti libéral (PLC) serait «plutôt favorable» au projet.
Il a confirmé avoir rencontré la veille le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, mais aussi des élus du Bloc québécois et du Parti conservateur, qui sont favorables au projet.
Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Tim Hodgson, a en outre visité le Port de Saguenay le week-end dernier.
M. Laberge a laissé miroiter que ces chantiers pourraient être entrepris sans tarder.
«On peut avoir des résultats rapides pour le port», a ajouté le pdg du port qui voit loin: il envisage même un chantier de construction navale éventuellement.
«Port Saguenay, c'est une bibite fédérale, ça appartient au fédéral, (...) mais le gouvernement fédéral tarde à se commettre», a déploré Mario Simard mardi après-midi, dans un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne.
«Je trouve pas ça normal que dans une infrastructure qui appartient au gouvernement fédéral, c'est Québec qui est plus proactif à investir.»
Le projet d'amélioration du port pourrait commencer dès 2026, tandis que la construction et la réfection du chemin de fer pourraient être réalisées de façon modulable d'ici à deux ou trois ans, jusqu'à 10 ans pour le tronçon manquant entre le Saguenay et l'Abitibi.
Sollicité par La Presse Canadienne, le cabinet de la ministre de l'Économie du Québec, Christine Fréchette, a fourni une réaction plutôt formelle.
Québec veut obtenir plus de précisions sur le projet, sur le montage financier et les partenaires, indique-t-on.
«Ce ne sont pas des demandes envers le fédéral», a-t-on précisé. Il serait «imprudent», selon la porte-parole, de faire pression sur le fédéral «sans savoir à quoi s'attendre».
Mais on ajoute que c'est un projet «extrêmement prometteur».
Il y a une dizaine de jours, le congrès de la Coalition avenir Québec (CAQ) qui se tenait à Gatineau a même adopté une résolution en faveur d'un corridor nordique.
On y rappelle notamment que le Québec doit diversifier ses marchés d'exportation, mais aussi qu'il compte la plus grande réserve de minéraux critiques au Canada, ainsi que 900 000 km carrés de forêts.
Le libellé de la résolution lui-même évoque clairement de créer «un corridor nordique pour développer un accès stratégique aux marchés européens via les ports maritimes (sic), afin de valoriser les minéraux critiques et la filière forestière du Québec».
Actuellement, l'emprise de l'ancienne voie ferrée sert de piste de motoneige.
Outre la reconstruction de ce tronçon, il faudra également mettre à niveau et dévier certaines des sections du rail dans la région du Lac-Saint-Jean.