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Avec un permis d’alcool qui sera opéré en continu pendant 24 heures consécutives les 21 et 22 mai prochains, certains pourraient croire le projet pilote NON STOP 24/24 sujet à des risques de débordement.
MTL 24/24, qui organise l’événement au cours duquel auront lieu de très nombreux DJ sets, n’a toutefois rien laissé à la légère pour assurer la sécurité des participants et la quiétude des voisins de la Société des arts technologiques (SAT), qui accueillera la fête.
Si NON STOP 24/24 s’inspire d’autres événements du genre se déroulant en Europe, les mesures sécuritaires qui y seront déployées vont bien au-delà de celles instaurées dans ces soirées, affirme le directeur général de MTL 24/24, Mathieu Grondin.
Des mesures de réduction des risques et de mitigation du bruit ont par exemple été mises en place. Les voisins de la SAT ont aussi été rencontrés et des acousticiens ont été envoyés sur place afin de s’assurer que les basses fréquences ne nuisent pas à la quiétude de ceux-ci.
«On a aussi une troupe d’intervention artistique qui s’appelle les Pierrots de la Nuit qui intervient dans l’espace public pour calmer les gens qui sont un peu excités et qui parlent fort, ajoute M. Grondin. À l’intérieur de la SAT, on a des alcootests gratuits et une équipe d’intervenants sociaux s’il y a des gens qui ne se sentent pas bien.»
Deux premiers répondants seront aussi dans la salle et le nombre d’agents de sécurité a été renforcé, tandis que la capacité de la salle a été revue à la baisse pour l’événement, passant de 1900 à 1200 personnes. Le système d’«angelots» sera également instauré. Cette mesure vise à s’attaquer et prévenir les violences à caractère sexuel dans les bars et les événements festifs et à venir en aide aux personnes en difficulté.
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Un service de raccompagnement sera aussi mis en place pour les participants et un service d’analyse des substances sera également disponible à l’extérieur de la SAT.
De son côté, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a confirmé être au fait de la tenue de NON STOP 24/24. Il n’a toutefois pas voulu détailler son approche quant à celui-ci.
«Pour des raisons de sécurité, nous ne dévoilons jamais les stratégies d’intervention que nous utilisons ni le nombre de policiers que nous déployons lors d’un événement, ni à l’avance ni au terme de celui-ci, a indiqué la chargée de communication du SPVM Caroline Labelle. Nous adaptons nos opérations en fonction de l’évolution d’une situation et du comportement des gens.»
Si les mesures énumérées par M. Grondin semblent être à même de contenir de potentiels débordements, elles ne sont pas gratuites. Le directeur général de MTL 24/24 convient que le financement public venant avec le statut de projet de pilote de l’événement permet leur mise en place.
Voyez l'intervention de Mathieu Grondin au bulletin Noovo Le Fil 17 du 20 avril dernier animé par Noémi Mercier :
«Dans le cadre d’un événement privé avec un promoteur privé, si on imposait l’ensemble de ces mesures, j’ai des doutes sur la rentabilité de tout ça, avoue-t-il. Si un jour on veut rendre ces mesures permanentes, il faudrait penser à une manière de financer tout ça avec de l’argent public, parce que ça pourrait mettre un frein à ces mesures, notamment pour des plus petits événements.»
La Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec précise qu’il appartient à la Ville de Montréal de décider de modifier les heures d’exploitation des permis d’alcool des établissements.
Il ne s’agira pas du premier événement avec un permis d’alcool en continu à se dérouler à Montréal. La relationniste de la Ville Camille Bégin indique qu’en 2019, dans le cadre de la Nuit blanche, 12 établissements de la SDC Quartier latin avaient obtenu une autorisation de prolonger les heures d'exploitation de leur permis d'alcool jusqu'à 6h. En 2020, l’expérience avait été reconduite et élargie à quelques établissements du Village.
«Lors de ces deux expériences antérieures, l'arrondissement de Ville-Marie n'a noté ni plaintes ni débordements, précise Mme Bégin. Ces deux expériences ayant été tentées dans le cadre d'un événement à grand déploiement, l'achalandage a également été au rendez-vous.»
De nombreux DJ défileront au cours de tout NON STOP 24/24. Parmi ceux-ci, on peut compter les artistes ukrainiens JM Dasha et Passionfruit, qui viennent respectivement de Mariupol et de Kyiv. Un relationniste de l’événement explique que les deux villes, avant le début de la guerre, comptaient sur une vie nocturne d’envergure. Il était important pour les organisateurs de les inviter afin de montrer leur soutien.
Les deux DJ ont d’ailleurs pris la parole dans le cadre du Sommet de la nuit 2022 de Montréal, qui se déroulait les 19 et 20 mai.
Plusieurs données seront étudiées à la suite de l’événement, tandis qu’un sondage sera envoyé aux participants après sa tenue. «On va étudier à quelle heure, à quelle heure ils sont partis, comment ils sont arrivés, en taxi, à pied, en transports en commun, comment ils ont dépensé, etc.», énumère M. Grondin.
«L’objectif du projet pilote, c’est de faire une recherche. Nous allons publier un rapport le mois prochain», conclut-il.
Si NON STOP 24/24 se déroule sans anicroches, Mathieu Grondin aimerait répéter l’expérience au cours de l’été 2023. La date butoir pour adopter une politique de la vie nocturne montréalaise aura d’ailleurs lieu à ce moment, précise-t-il.