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Nobel de la paix: peu probable que Trump gagne, disent les experts

M. Trump a estimé à plusieurs reprises qu'il «méritait» le prix et prétend avoir «mis fin à sept guerres».

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d4099cd3637ce23b332ce57a672121d8a93cef93f31fcdd4c7ce7a9c144f734b.jpg ARCHIVES - Des militants portent des pancartes lors d'une manifestation contre la prise en charge par le gouvernement fédéral du maintien de l'ordre dans le district de Columbia, samedi 16 août 2025, à Washington. (AP Photo/Alex Brandon, File)

La candidature du président américain Donald Trump au prix Nobel de la paix a attiré l'attention sur le jeu de devinettes annuel concernant l'identité du prochain lauréat.

Les observateurs de longue date du prix Nobel estiment que les chances de M. Trump restent faibles malgré une multitude de nominations très médiatisées et quelques interventions notables en matière de politique étrangère dont il s'est personnellement attribué le mérite.

Selon les experts, le comité Nobel norvégien se concentre généralement sur la durabilité de la paix, la promotion de la fraternité internationale et le travail discret des institutions qui renforcent ces objectifs. Le bilan de M. Trump pourrait même jouer en sa défaveur, ont-ils ajouté, citant son dédain apparent pour les institutions multilatérales et son indifférence à l'égard des préoccupations liées au changement climatique mondial.

Pourtant, le dirigeant américain a cherché à plusieurs reprises à obtenir le prix Nobel depuis son premier mandat, déclarant récemment aux délégués des Nations unies à la fin du mois dernier : «Tout le monde dit que je devrais recevoir le prix Nobel de la paix».

Les vantardises de M. Trump et ses nominations antérieures très médiatisées font de lui le grand favori de la liste des preneurs aux livres. Mais il n'est pas certain que son nom soit évoqué lorsque les cinq membres du comité Nobel, nommés par le parlement norvégien, se réunissent à huis clos.

Depuis 2018, M. Trump a été nommé à plusieurs reprises par des personnes aux États-Unis ainsi que par des hommes politiques à l'étranger. Son nom a également été proposé en décembre par la représentante américaine républicaine Claudia Tenney, a indiqué son bureau dans un communiqué, pour son rôle d'intermédiaire dans les accords d'Abraham, qui ont normalisé les relations entre Israël et plusieurs États arabes en 2020.

Cette année, les nominations du premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou et du gouvernement pakistanais sont intervenues après la date limite du 1er février pour l'attribution du prix 2025.

M. Trump a estimé à plusieurs reprises qu'il «méritait» le prix et prétend avoir «mis fin à sept guerres». Mardi, il a évoqué la possibilité de mettre fin à une huitième guerre si Israël et le Hamas acceptaient son plan de paix visant à mettre un terme à la guerre de Gaza qui dure depuis près de deux ans.

«Personne n'a jamais fait cela, a-t-il déclaré lors d'une réunion de chefs militaires à la base du corps des marines de Quantico, en Virginie. Recevrez-vous le prix Nobel? Absolument pas. Ils le donneront à un type qui n'a rien fait du tout.»

Les observateurs du prix Nobel affirment que le comité donne la priorité aux efforts multilatéraux durables plutôt qu'aux victoires diplomatiques rapides. Theo Zenou, historien et chercheur à la Henry Jackson Society, a déclaré que les efforts de M. Trump ne s'étaient pas encore avérés durables.

«Il y a une énorme différence entre faire cesser les combats à court terme et résoudre les causes profondes du conflit», a souligné M. Zenou.

M. Zenou a également rappelé que la position dédaigneuse de M. Trump sur le changement climatique n'était pas en phase avec ce que plusieurs, y compris le comité Nobel, considèrent comme le plus grand défi de paix à long terme de la planète.

«Je ne pense pas qu'ils attribueraient le prix le plus prestigieux du monde à quelqu'un qui ne croit pas au changement climatique, a déclaré M. Zenou. Les lauréats précédents ont été des bâtisseurs de ponts, ils ont incarné la coopération internationale et la réconciliation : ce ne sont pas des mots que nous associons à Donald Trump.»

Le comité Nobel a essuyé de vives critiques en 2009 pour avoir décerné le prix au président américain de l'époque, Barack Obama, neuf mois à peine après le début de son premier mandat. Nombreux étaient ceux qui estimaient que M. Obama n'était pas en poste depuis assez longtemps pour avoir un impact digne du prix Nobel.

Par ailleurs, le fait que M. Trump ait lui-même parlé ouvertement de la possibilité d'obtenir le prix pourrait jouer en sa défaveur : le comité ne voudra pas être perçu comme cédant à la pression politique, a déclaré Nina Græger, directrice de l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo.

Les chances de M. Trump d'obtenir le prix cette année sont «très minces», a-t-elle ajouté. 

«Sa rhétorique ne va pas dans le sens d'une perspective pacifique», a-t-elle dit.

Les annonces du prix Nobel commencent lundi avec le prix de médecine. Elles se poursuivront mardi avec le prix de physique, mercredi avec le prix de chimie et jeudi avec le prix de littérature. Le prix Nobel de la paix sera annoncé vendredi et le prix Nobel de sciences économiques le 13 octobre.