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Mort en direct d’un streamer en France : l’autopsie exclut «l’intervention d’un tiers»

« Les causes probables du décès apparaissent donc d’origine médicale et/ou toxicologique. »

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(Photo : IG | Jean Pormanove)

La mort en direct du streamer français Raphaël Graven, alias Jean Pormanove, « n’a pas une origine traumatique et n’est pas en lien avec l’intervention d’un tiers », a annoncé jeudi le procureur de la République de Nice, dans le sud-est du pays.

« Les causes probables du décès apparaissent donc d’origine médicale et/ou toxicologique », a précisé Damien Martinelli dans un communiqué rendant compte des résultats de l’autopsie.

« Des analyses complémentaires, toxicologiques et anatomopathologiques, ont été ordonnées pour préciser ces causes », a ajouté le magistrat qui a ouvert une enquête en recherches des causes de la mort après le décès le 18 août de Jean Pormanove, après plus de 12 jours de diffusion vidéo en direct sur la plateforme australienne de diffusion Kick.

Cet ancien militaire de 46 ans y apparaissait au côté d’un autre homme surnommé Coudoux, violenté et humilié par deux partenaires connus sous les pseudos de NarutoVie et Safine.

Lors de l’autopsie, les deux médecins légistes n’ont relevé ni « lésions traumatiques tant au niveau interne qu’externe », ni « brûlures » mais uniquement la « présence de quelques ecchymoses et lésions cicatrisées plus particulièrement sur les membres inférieurs ».

Ils ont conclu « que le décès de M. Graven n’a pas une origine traumatique et n’est pas en lien avec l’intervention d’un tiers », a expliqué le procureur.

Ces analyses seront mises en relation avec certains témoignages faisant état de « difficultés cardiaques » mises en évidence lors d’une anesthésie en Turquie en 2024, et d’un « traitement médical pour la glande thyroïde », a-t-il ajouté.

L’enquête, ouverte pour « recherche des causes de la mort », s’inscrit « en parallèle » de celle ouverte le 16 décembre 2024 après un article du média en ligne Mediapart sur de précédentes vidéos dans lesquelles « des personnes susceptibles d’être vulnérables faisaient l’objet de violences et d’humiliations parfois encouragées par des versements d’argent des spectateurs », avait indiqué mercredi M. Martinelli.

Dans le cadre de cette enquête, NarutoVie et Safine avaient été placés en garde à vue le 8 janvier 2025, et « les personnes apparaissant comme victimes des violences et humiliations entendues », poursuit-il.

Jean Pormanove et Coudoux avaient contesté « fermement être victimes de violences », évoquant « des mises en scène visant à "faire le buzz" pour gagner de l’argent », assurant « n’avoir jamais été blessés » et"être totalement libres de leurs mouvements et de leurs décisions », selon le procureur.

Jeudi, Kick s’est par ailleurs engagée à revoir l’ensemble des règles de modération et de supervision de ses contenus, a annoncé le gendarme français du numérique.

France: « JP », streamer à succès vivant sa « meilleure vie » ou gars « trop gentil manipulé » ?

Pour certains proches, le streamer français Jean Pormanove, décédé lundi en live sur internet, vivait « sa meilleure vie » depuis qu’il avait rencontré, il y a cinq ans, ses partenaires de streaming.

Pour certains proches, le streamer français Jean Pormanove, décédé lundi en live sur internet, vivait « sa meilleure vie » depuis qu’il avait rencontré, il y a cinq ans, ses partenaires de streaming. Pour ses amis d’avant en revanche, Raphaël Graven de son vrai nom était un gars « trop gentil » qui a pu se laisser « manipuler ».

Ancien militaire de carrière, Nicolas Frérot a côtoyé « Raph » durant plusieurs années sur la base aérienne 128 de Metz-Frescaty (nord-est), où le futur « JP » était affecté à l’entretien.

Né en 1979 dans un milieu modeste, celui-ci « est rentré un petit peu par hasard à l’armée », raconte M. Frérot.

« Il était appelé quand le service militaire a été supprimé, et quand l’armée lui a proposé de rester, il a sauté sur l’opportunité. Sauf qu’au bout de quelques années, il a été obligé de passer des tests. Mais il n’avait pas le niveau, et il a dû partir », dit-il au téléphone à l’AFP.

Nicolas Frérot se souvient de « quelqu’un de très gentil », « un bon gars », « le coeur sur la main » mais « pas très intelligent ».

« C’était quelqu’un de crédule, vous auriez pu lui faire croire qu’un arbre était bleu. Il était très influençable ». Déjà, il était « un peu harcelé ». « Très maigre » et « fragile physiquement », certains l’appelaient « le cadavre ».

Après l’armée, Raphaël Graven se fait embaucher « dans un abattoir à Metz, mais il s’est fait virer pour des questions d’hygiène ».

« Pars de là »

Sur le groupe Facebook de la base aérienne 128 (fermée en 2012), où la mère de Jean Pormanove, Joëlle Graven Feknous, a annoncé son décès lundi, d’anciens compagnons d’armes se souviennent d’« un gentil gars ». « Le coeur sur la main et toujours volontaire », dit l’un. « Une personne très agréable et simple », écrit un autre.

Raphaël Graven acquiert finalement la notoriété, d’abord dans le gaming, où ses accès de colère sur des jeux vidéo comme « Fortnite » ou « FIFA » lui valent ses premiers fans.

Sa vie bascule quand il rejoint deux influenceurs du sud de la France, NarutoVie et Sofiane Hamadi alias Safine, dont le collectif « Le Lokal » commence à diffuser, d’abord sur Youtube, puis Tiktok et enfin Kick, des vidéos de plus en plus dégradantes.

Quand Nicolas Frérot les découvre, il commence par laisser des commentaires. « Je lui disais: +mais putain, Graven, pars de là, reste pas avec tes connards, quoi+ ».

« Ils ont clairement profité de lui parce que c’était quelqu’un de crédule. C’était facile de le manipuler », accuse Nicolas Frérot. « La dernière fois que j’ai échangé avec lui c’était en janvier. Il m’avait dit +t’inquiète, tout va bien dans ma vie+ ».

Raphaël Graven est mort lundi lors d’un live sur la plateforme Kick. Les résultats de l’autopsie, rendus publics jeudi par le procureur de Nice (sud-est), Damien Martinelli, ont exclu « l’intervention d’un tiers », « les causes probables du décès » apparaissant être « d’origine médicale et/ou toxicologique ».

À la plage

À Drap (sud-est), où NarutoVie, de son vrai nom Owen Cenazandotti, l’avait convaincu de venir habiter, il vivait « sa meilleure vie », a assuré à l’AFP sous couvert de l’anonymat un proche de ce dernier.

« On allait manger avec lui, on faisait du bateau, on allait à la plage », ajoute-t-il.

Les violences et les humiliations ? « C’était comme du théâtre, juste pour buzzer. Jamais personne ne lui aurait fait de mal », selon un autre jeune du quartier.

Argument avancé par Raphaël Graven lui-même en janvier, lorsqu’il avait été entendu par la police niçoise dans une enquête ouverte notamment pour « violences volontaires sur personnes vulnérables », après un article du média en ligne français Mediapart sur ces vidéos, suivies par des milliers de personnes.

Dans le cadre de cette enquête, NarutoVie et Safine avaient été placés en garde à vue le 8 janvier 2025.

Mercredi, le parquet a indiqué que « plusieurs auditions de personnes présentes au moment du décès ont été faites sans qu’à ce stade elles permettent de donner une orientation quant aux causes de celui-ci ».