La conjointe de Normand Meunier, qui a demandé l’aide médicale à mourir après avoir développé des plaies de lit à la suite d’un séjour à l’hôpital de Saint-Jérôme en 2024, déposera une mise en demeure individuelle contre l’hôpital de Saint-Jérôme. Son avocat et elle évaluent également la possibilité d’intenter un recours collectif contre Santé Québec.
Sylvie Brosseau, qui était proche aidante de son conjoint tétraplégique, montre du doigt le Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides (CISSSL), là où M. Meunier a passé quatre jours sur une civière à l’urgence. On ne connaît pas encore le montant qui sera réclamé.
Cette décision survient à la suite d’une enquête publique du Bureau du coroner. Dans le rapport de Me Dave Kimpton, on rapporte des «éléments troublants» concernant la prise en charge hospitalière et a fait parvenir des recommandations à Santé Québec.
Durant les audiences publiques, Mme Brosseau a assuré avoir demandé à maintes reprises au personnel un matelas adapté à sa condition, ce qu’elle n’a pas eu avant que la condition de M. Meunier se dégrade au point où il a dû être transféré aux soins intensifs.
«Ils ne m’écoutaient pas. Mes demandes passaient dans le beurre», s’est souvenue Mme Brosseau mercredi en point de presse à Montréal. «Chaque étage, rien n’était coordonné. Personne n’écoutait, chacun avait sa façon de faire. Tout le système était inadéquat pour prendre soin des patients.»

La conjointe de Normand Meunier dit poursuivre le combat dans l’objectif qu’une telle histoire ne se reproduise.
«Je continue le combat de Normand, je représente Normand. C’est très pénible, mais je vais faire entendre ma voix tant que je vais être capable», a-t-elle déclaré.
«C’est impensable dans un hôpital de la région que des soins soient donnés aux patients. Ce n’est pas que Normand, il y a des problèmes partout au Québec.»
De douloureux souvenirs
Rappelons les événements qui se sont déroulés en janvier 2024. Normand Meunier se rend à l’hôpital de Saint-Jérôme pour des problèmes respiratoires. Il passe quatre jours à l’urgence, sans un matelas adapté à sa condition, malgré les demandes répétées de sa conjointe au personnel de l’hôpital.
Sans évaluation ni de mobilité adéquate du patient, M. Meunier a développé deux graves plaies de lit sur le fessier qui n’ont été découvertes qu’à son retour à la maison. Elles étaient devenues nécrosées et M. Meunier a dû subir d’autres interventions médicales importantes pour tenter de les guérir. Le rapport du coroner conclut que les plaies de lit sont apparues ou se sont aggravées en milieu hospitalier.
Ne voulant plus vivre dans ces conditions, Normand Meunier a formulé une demande d’aide médicale à mourir qui a été acceptée, et il est décédé le 29 mars 2024.
Moelle épinière et motricité Québec (Mémo-Québec) évalue de son côté la possibilité de déposer une action collective contre Santé Québec et le ministère de la Santé pour toutes les personnes, qu’elles soient blessées médullaires ou non, ayant vécu une trajectoire de soins défaillante ayant mené à des plaies de lit.
Selon l’avocat de Mme Brosseau, Me Patrick Martin-Ménard, cela pourrait toucher des milliers de personnes au Québec. Mémo-Quebec a déjà un registre d’une centaine de personnes ayant vécu une situation qui s’apparente à celle de M. Meunier.
«Ce n’est que la pointe de l’iceberg», a affirmé Me Martin-Ménard, ce qui justifie selon lui l’évaluation d’une action collective de portée systémique.
- Avec de l’information de Marika Simard et de La Presse canadienne
Note de la rédaction: une version précédente du texte mentionnait que Mme Brosseau allait intenter un recours collectif contre Santé Québec. Or, le tout n’est pas encore confirmé. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.

