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Le premier ministre Justin Trudeau a lancé mercredi un vibrant appel au calme alors que l'antisémitisme et l'islamophobie gagnent du terrain au pays.
Le premier ministre Justin Trudeau a lancé mercredi un vibrant appel au calme alors que l'antisémitisme et l'islamophobie gagnent du terrain au pays, un mois après les attaques horribles du Hamas qui ont entraîné une réplique sanglante d'Israël. Au même moment, le Bloc québécois annonçait qu'il réclame désormais un cessez-le-feu.
«Si on n'arrive pas à mieux [...] s'écouter, dans quel pays au monde vont-ils pouvoir se rapprocher, ces communautés qui ont tellement mal, qui ont tellement peur», a déclaré le premier ministre à son arrivée à la réunion du caucus libéral, à Ottawa.
M. Trudeau a qualifié «d'épouvantable» la montée de l'antisémitisme au pays, citant les attaques contre des synagogues, des manifestations contre des entreprises, des centres communautaires et des garderies juives. «C'est inacceptable. Ce n'est pas qui nous sommes», a-t-il résumé.
«En même temps, la montée de l'islamophobie au Canada, les attaques et l'intolérance, une récrimination de quiconque ose montrer un drapeau palestinien, ça non plus, ce n'est pas qui nous sommes en tant que Canadiens», a-t-il ajouté.
M. Trudeau a réitéré que le Canada appelle à une «pause humanitaire» dans la région, précisant cette fois qu'elle doit être «significative» afin de permettre de libérer les otages, évacuer les citoyens étrangers de Gaza et acheminer une quantité «substantielle» d'aide humanitaire.
Cette demande est insuffisante pour plusieurs, y compris des députés libéraux. L'élu de confession juive Anthony Housefather a affirmé que le caucus «représente toute la population du pays». «C'est une grande force dans le Parti libéral que nous représentons tout le monde et il y a des discussions qui sont parfois difficiles», a dit le député montréalais qui s'oppose à un cessez-le-feu.
Sur la colline parlementaire, des manifestants brandissaient le drapeau de la Palestine. Presque en même temps que M. Trudeau faisait sa déclaration devant les journalistes, des militants pour un cessez-le-feu et la fin de toute occupation israélienne tenaient un point de presse.
«Je pense que tout le monde […] qui a un cœur dans ce monde et qui ne veut pas que l'histoire se répète accepterait l'idée très, très minimale d'un cessez-le-feu», a lancé Monia Mazigh, autrice franco-ontarienne d'origine tunisienne.
La femme de confession musulmane a soutenu que M. Trudeau «a beaucoup de travail à faire pour convaincre son ami (Benyamin) Nétanyahou de non seulement accepter même le principe des pauses humanitaires, mais d'exiger un cessez-le-feu», faisant référence au premier ministre israélien.
Monia Mazigh s'est notamment fait connaître pour avoir défendu son mari, Maher Arar, un Canadien qui a été détenu et torturé en Syrie au début des années 2000 dans la foulée des attentats du 11 septembre sans qu'aucune accusation soit déposée contre lui.
M. Trudeau a aussi dit mercredi qu'il souhaite que débute une conversation sur «la solution (à) moyen, long terme» qui permettra d'établir «ces deux États prospères, en sécurité, viables: un État palestinien responsable et qui protège et prend soin des citoyens, (et) un État d'Israël, un État juif, protégé, en sécurité».
Peu de temps après, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a annoncé que sa formation politique, qui se disait jusqu'à présent en faveur d'une «trêve humanitaire», joint sa voix aux appels à un cessez-le-feu.
Pour que ce soit réussi, le Bloc québécois estime qu'il faudra que l'opération soit «assurée par la présence d'une force internationale». M. Blanchet a également dit croire que le cessez-le-feu doit «s'accompagner d'un appel au calme en Cisjordanie».
«J'avais espoir, peut-être naïf, […] qu'Israël allait se saisir de l'occasion, disposer du Hamas [...] pour avancer prudemment, minimiser les pertes de vies civiles», a expliqué M. Blanchet lorsque questionné sur le temps qui s'est écoulé avant sa demande d'un cessez-le-feu.
Il est arrivé à la conclusion qu'«ils n'ont pas "pantoute" fait preuve de de l'ombre du début d'une retenue».
Le chef du Bloc québécois s'est empressé de préciser qu'il «déteste» l'expression «minimiser les pertes de vies civiles» puisqu'elle équivaut à une admission qu'il y en aura. «Ça évidemment, ça ne peut pas être cautionné», a-t-il poursuivi.
Il a insisté pour dire que le positionnement bloquiste n'est pas propalestinien et encore moins pro-Hamas.
À la période des questions, M. Blanchet a invité M. Trudeau à «considérer qu'on est rendus à demander un cessez-le-feu doté de moyens de mise en place efficaces».
Le premier ministre a répondu que le Canada est «en train de travailler avec (ses) partenaires à l'international pour essayer de protéger la vie civile, pour essayer de ramener la sécurité locale pour tous les citoyens et les résidants de la région».
«Nous allons continuer de le faire», a-t-il ajouté, défendant à nouveau l'idée d'une trêve ou pause humanitaire.
Le Nouveau Parti démocratique faisait, à la mi-octobre, bande à part parmi les principaux partis reconnus en Chambre puisqu'il était le seul à demander un cessez-le-feu au Proche-Orient. Depuis, une vingtaine de députés libéraux ont joint leur voix dans une lettre. Les verts réclament la même chose.
Mercredi, une motion a été adoptée par consentement unanime des Communes afin de plaider pour l'acheminement d'aide humanitaire à Gaza ainsi que pour que la Chambre réaffirme son soutien envers une solution à deux États.
Un autre texte a été entériné unanimement pour que les élus condamnent l'attaque «haineuse» et «terroriste» perpétrée par le Hamas le 7 octobre et pour appeler à la libération des otages.
Les chefs des diplomaties des principales démocraties industrielles du Groupe des sept (G7) ont dévoilé mercredi leur position unifiée sur la guerre entre Israël et le Hamas au terme de réunions intensives à Tokyo.
Selon leur communiqué, «toutes les parties doivent permettre un soutien humanitaire sans entrave aux civils, y compris la nourriture, l'eau, les soins médicaux, le carburant et les abris, ainsi que l'accès aux travailleurs humanitaires».
Plus de 10 500 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis l'attaque du Hamas il y a un mois - dont les deux tiers seraient des femmes et des mineurs -, selon le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas.
Et plus de 1400 personnes sont mortes en Israël depuis le début de la guerre, pour la plupart des civils tués par les militants du Hamas lors de leur incursion.
Avec des informations de l'Associated Press