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Le premier ministre Justin Trudeau insiste, en ouvrant le débat en Chambre sur sa proclamation de la Loi sur les mesures d’urgence, sur son impatience de voir la fin de la mobilisation contre les mesures sanitaires qui perdure depuis environ 3 semaines.
Le Bloc québécois et le Parti conservateur ont braqué les projecteurs sur le Nouveau Parti démocratique, jeudi aux Communes, au milieu d’échanges musclés entourant la ratification, souhaitée par le gouvernement Trudeau, de sa proclamation de la Loi sur les mesures d’urgence.
Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, qui a clairement signalé qu’il s’oppose au recours à cette loi dans les paramètres énoncés par le fédéral, a indiqué qu’il rencontrera le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, plus tard en après-midi, pour «discuter».
«Peut-être, peut-être y a-t-il moyen d’une compréhension mutuelle», a-t-il dit durant son discours de réplique, au cours du débat qui s’est amorcé jeudi matin sur la ratification voulue par les libéraux.
En mêlée de presse un peu plus tard, M. Singh a affirmé qu’il abordera cette conversation «avec ouverture».
«Je ne sais pas exactement c’est quoi le but de cette rencontre ou c’est quoi exactement que M. Blanchet veut réaliser», a-t-il toutefois ajouté.
Une porte-parole du Bloc québécois a pourtant indiqué à La Presse canadienne que l’objectif est «de discuter de divers éléments de réflexion quant à l’appui (des néo-démocrates) à cette loi de derniers recours».
Le chef du NPD a affirmé, en début de semaine, que son caucus était prêt à voter en faveur de la motion de ratification. Mercredi, il a toutefois commencé à nuancer sa position et exprimer des réserves.
Il a partagé des inquiétudes que les dispositions de la Loi sur les mesures d’urgence soient utilisées à l’encontre de personnes prenant part à des « manifestations légales ». Il a aussi appelé le premier ministre Justin Trudeau à garantir que la loi ne serait pas appliquée où il n’y a pas de blocage illégal, mentionnant qu’aucune occupation ne s’est déclarée au Québec.
«Si toute la crise (en vient à être) réglée, on est prêts à enlever l’appui, mais (selon) ce qu’on a vu, il me semble que ça va prendre plus de temps pour vraiment régler la crise», a répondu M. Singh jeudi à un journaliste qui lui demandait comment voterait le NPD advenant que la mise aux voix se fasse lundi.
«Mais on est toujours ouverts. On va être vigilants. On va toujours avoir un ?il sur les décisions du gouvernement et sur ce qui se passe dans le pays», a-t-il poursuivi.
Il a mentionné que ses troupes étaient prêtes à «retirer» leur appui «si les mesures ne sont pas nécessaires ou si le gouvernement abuse des pouvoirs».
La rencontre entre MM. Blanchet et Singh est prévue après la période des questions, a indiqué une porte-parole du Bloc québécois.
Les conservateurs ont aussi saisi l’occasion, durant leurs interventions en Chambre, jeudi, pour inviter les élus du NPD à y penser à deux fois avant de fournir leur appui aux libéraux.
La cheffe intérimaire Candice Bergen les a prévenus que «l’histoire ne sera pas tendre» à leur égard s’ils ne changent pas de cap.
Elle a rappelé que la Loi sur les mesures de guerre, prédécesseure de la Loi sur les mesures d’urgence, n’a été invoquée que lors de la Première Guerre mondiale, de la Seconde Guerre mondiale et de la Crise d’octobre.
«Ils devraient garder cela à l’esprit», a-t-elle lâché.
Selon elle, durant les trois dernières semaines, M. Trudeau n’a pris «aucune mesure significative» pour réduire les tensions à Ottawa ou utiliser «quelque outil que ce soit qu’il avait à sa disposition».
«Il a plutôt sauté directement aux mesures les plus extrêmes», a-t-elle lancé. Et il l’a fait «sans une seule rencontre avec les camionneurs, sans avoir discuté d’une seule de leurs préoccupations, sans s’être excusé pour ses insultes et écouter ce que les gens ont à dire, sans utiliser aucun autre outil à sa disposition».
Le premier ministre Trudeau s’est défendu en insistant sur sa volonté de donner tous les outils nécessaires aux corps de police locaux afin d’en finir avec les barrages illégaux.
Il a souligné, une fois de plus, que les dispositions invoquées par décret établissent clairement que les policiers ne peuvent pas utiliser les pouvoirs extraordinaires qui leur sont conférés sous n’importe quel prétexte.
«Le but de toutes ces mesures, incluant (celles qui sont) financières, est de gérer seulement la menace actuelle et avoir la situation pleinement sous contrôle», a déclaré M. Trudeau d'emblée au cours de son allocution qui a ouvert le bal à la joute oratoire.
« Pour le bien de l’économie, des familles et des travailleurs, il est plus que temps que ces activités illégales et dangereuses prennent fin, y compris ici à Ottawa », a-t-il ajouté.
Le gouvernement Trudeau a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence, lundi, pour la première fois de l’histoire du Canada. Les dispositions de la législation sont déjà entrées en vigueur et elles sont devenues effectives dès leur proclamation par décret du premier ministre.
Tous les députés seront toutefois appelés à voter sur une motion qui a été déposée mercredi soir aux Communes, mais qui est débattue depuis jeudi avant-midi.
Le Sénat sera aussi appelé à se prononcer sur une motion à être déposée sur le même sujet, mais cette autre chambre du Parlement ne siège pas avant vendredi.
Si la motion sur les mesures d’urgence est défaite dans l’une ou l’autre des deux chambres, l’application de la Loi sur les mesures d’urgence sera révoquée.
-Avec des informations de Michel Saba