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Il s’agit de l’une des conclusions de la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, qui a analysé les mesures de contrôle aux frontières du Canada pour la période allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021.
Même si l’Agence de la santé publique du Canada a amélioré ses façons de faire à la frontière depuis le début de la pandémie, elle était encore incapable de confirmer si plus du tiers des voyageurs respectaient leur quarantaine de retour au pays en juin dernier.
Dans son audit précédent, en mars dernier, Mme Hogan avait révélé que l’Agence ne savait pas si 66 % des voyageurs entrés au Canada avaient suivi les ordonnances de quarantaine dans les premiers mois de la pandémie. Dans sa nouvelle analyse, elle indique que la proportion a baissé à 58 % entre juillet et décembre 2020, et finalement à 37 % de janvier à juin 2021.
« Ça ne veut pas dire que les individus ne se sont pas confinés comme il le faut, mais que l’Agence n’est pas en mesure de nous démontrer, à moi et à vous, que les mesures de contrôle ont été efficaces pour réduire la propagation (du virus) », a soutenu la vérificatrice générale, lors d’une conférence de presse virtuelle.
C’est l’application ArriveCAN, devenue obligatoire à compter de février 2021 pour tous les voyageurs arrivant par voie aérienne ou terrestre, qui a permis d’avoir un meilleur suivi sur les allées et venues des voyageurs. Mais les lacunes ont aussi été constatées avec les nouvelles mesures frontalières.
Mme Hogan note dans son rapport que « l’Agence n’a pas immédiatement appliqué les leçons tirées de la collecte électronique des renseignements liés aux voyageuses et voyageurs à sa façon de mettre en oeuvre les mesures supplémentaires de contrôle aux frontières ». C’est le cas pour les tests de dépistage obligatoires et des séjours obligatoires à l’hôtel.
La vérificatrice générale a constaté que, de février à juin 2021, 30 % des résultats des tests de dépistage, soit près de 137 700 résultats, n’ont pu être associés à des personnes entrées au Canada.
L’Agence n’a pas non plus mis en place de système automatisé pour les voyageurs aériens qui devaient s’isoler dans un hôtel autorisé par le gouvernement pour quelques jours, le temps d’obtenir un résultat négatif au test de dépistage effectué à leur arrivée au pays. Résultat : elle a vérifié l’ordonnance de quarantaine à l’hôtel de seulement 25 % des voyageurs aériens de février à juin 2021.
Mme Hogan soutient que ces bas taux de surveillance inquiètent alors que les voyages se font plus nombreux et que de nouveaux variants, comme Omicron, font leur apparition. « C’est pourquoi l’Agence doit améliorer sa façon de gérer et de faire respecter les nouveaux contrôles frontaliers qui visent à limiter l’introduction au Canada du virus de la COVID-19 et de ses variants », a-t-elle dit.
Qui plus est, Mme Hogan a constaté « un manque d’uniformité » d’une province à l’autre à l’égard des contraventions pour non-respect des règles.
La plupart des contraventions, soit 6391 entre décembre 2020 et juin 2021, ont été données à des personnes arrivant aux aéroports de Toronto et de Vancouver qui ont refusé de réserver leur séjour dans un hôtel de quarantaine. En comparaison, aucune contravention n’a été déclarée à l’Agence aux deux autres aéroports internationaux touchés par cette mesure, soit à Montréal et à Calgary.
L’Alberta n’a pas adopté le régime de contraventions en vertu de la loi fédérale, alors que les procureurs au Québec ne sont pas tenus de divulguer ces informations à l’Agence.
Comme c’est habituellement le cas, l’Agence a accepté toutes les recommandations de la vérificatrice générale. Elle a indiqué procéder à une évaluation de ses systèmes informatiques et de ses exigences en matière de données. Elle a également fait valoir que des mécanismes seront évalués dès l’an prochain afin d’appliquer la Loi sur la mise en quarantaine de façon plus cohérente au pays.
La vérificatrice générale s’est dite préoccupée par le manque de surveillance et de contrôle de l’Agence lors de l’implantation de nouvelles mesures, et a déploré que les autorités de santé publique n’aient pas tiré davantage de leçons de ses premiers rapports sur la gestion de la pandémie.
« À ce point-ci, après presque deux ans dans une pandémie, on devrait moins être en mode réactif et plus en mode proactif », a-t-elle résumé.
Les travailleurs du Bureau du vérificateur général du Canada, actuellement en grève, ont tenu une manifestation bruyante à Ottawa devant le lieu où Mme Hogan devait tenir sa conférence de presse pour discuter de ses nouveaux rapports. La conférence de presse a finalement eu lieu de manière virtuelle.