Médecins sans frontières (MSF) a suspendu lundi ses opérations dans le camp de Zamzam, au Soudan, en proie à la famine, en raison d'une escalade des attaques et des combats dans les environs.
L'organisation internationale d'aide médicale a indiqué que les combats entre l'armée soudanaise et ses rivaux paramilitaires, les Forces de soutien rapide, se sont intensifiés dans le camp du Darfour du Nord.
L'escalade du conflit a rendu «impossible» pour l'organisation de fournir une aide humanitaire vitale à des milliers de personnes déplacées, a-t-elle déclaré dans un communiqué, ajoutant qu'elle avait suspendu toutes ses activités à Zamzam, y compris dans son hôpital de campagne.
«Arrêter notre projet au milieu d'une catastrophe qui s'aggrave à Zamzam est une décision déchirante», a déclaré Yahya Kalilah, chef de mission de l'organisation au Soudan.
Selon M. Kalilah, la proximité des violences, les grandes difficultés à envoyer des fournitures, l’impossibilité d’envoyer du personnel expérimenté et l’incertitude concernant les itinéraires de sortie du camp ont laissé «peu de choix» à MSF.
Le Soudan a plongé dans une guerre civile en avril 2023, lorsque des combats ont éclaté entre l’armée et les Forces de soutien rapide. Le conflit a tué plus de 24 000 personnes, forcé plus de 14 millions de personnes à quitter leur foyer et créé la famine dans diverses régions du pays.
Les combats à Zamzam se sont intensifiés les 11 et 12 février, selon MSF. L’hôpital de campagne a reçu 130 patients blessés, la plupart souffrant de blessures par balle et par éclats d’obus.
L’établissement de MSF de Zamzam ne peut pas fournir de chirurgie traumatologique aux personnes dans un état critique, car il a été créé à l’origine pour répondre à l’importante crise de malnutrition qui se déroule dans le camp.
Onze patients sont morts à l’hôpital, dont cinq enfants, parce que le personnel n’a pas pu les soigner correctement ou les orienter vers l’hôpital de la capitale régionale El Fasher, a expliqué M. Kalilah. L’accès à l’eau et à la nourriture dans la région a été encore plus compromis en raison des combats, selon MSF. Le marché central a été pillé et incendié.
Le camp de Zamzam accueille environ 500 000 personnes et a vu des familles déplacées récemment arrivées des régions d’Abou Zerega et Shagra, qui ont raconté aux équipes de MSF des abus dans les villages et sur les routes de la localité d’El Fasher, notamment des meurtres, des violences sexuelles, des pillages et des passages à tabac.
«En janvier et décembre, deux de nos ambulances transportant des patients du camp à El Fasher ont été la cible de tirs, a mentionné M. Kalilah. Aujourd’hui, c’est encore plus dangereux et, par conséquent, de nombreuses personnes, y compris des patients nécessitant une chirurgie traumatologique ou une césarienne d’urgence, sont coincées à Zamzam.»
