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La ministre du Commerce international, Mary Ng, devrait diriger une mission commerciale en Inde cet automne.
La ministre du Commerce international, Mary Ng, devrait diriger une mission commerciale en Inde cet automne et affirme qu'il «ne faudra pas des années» avant que le Canada signe une première forme d'accord commercial avec ce pays, plus de 10 ans après le début des négociations.
C’est ce qu’elle a mentionné au terme de la visite du ministre indien du Commerce, Piyush Goyal, qui était de passage à Ottawa cette semaine.
«La présence de l'Inde ici témoigne de notre solide relation commerciale bilatérale et de notre engagement à poursuivre en ce sens», a souligné Mme Ng.
Depuis mars 2022, le Canada et l’Inde négocient afin de conclure un accord commercial des premiers progrès. Ce type d’entente est limité à certaines industries, plutôt qu’à l'ensemble de l'économie.
Dès 2010, les deux pays ont entamé des négociations pour conclure un accord global, mais les discussions ont pris fin en 2017. C’est donc cinq ans plus tard que les deux pays ont repris la conversation pour un accord commercial des premiers progrès.
Dans une déclaration commune, Mme Ng et M. Goyal ont indiqué qu'ils souhaitaient «renforcer la coopération» entre leurs deux pays dans des «secteurs clés d'intérêt mutuel» comme les minéraux essentiels, les technologies propres, les énergies renouvelables et l'intelligence artificielle.
On ne sait pas lesquels de ces domaines feraient partie d'un accord intérimaire et lesquels seraient suspendus le temps de discussions ultérieures sur un accord plus large. La ministre Ng ne craint toutefois pas que le Canada se retrouve coincé dans la phase intérimaire.
«Nous sommes en train de bâtir une relation durable, et c’est une partie intégrante de la stratégie indo-pacifique du Canada», a-t-elle rappelé.
Lorsque des journalistes lui ont demandé si la signature de l'accord provisoire prendrait des mois ou des années, Mme Ng a répondu que «cela ne prendrait pas des années».
Elle a noté que depuis le début officiel des négociations, il y a eu sept séries de pourparlers. Selon elle, il n’a pas lieu de fixer une date butoir.
«Si nous continuons à ce rythme et que nous réalisons les progrès continus que nous souhaitons tous les deux, alors je pense que nous y arriverons», a-t-elle dit.
Certains groupes ont exhorté le Canada à faire pression pour qu'un accord soit signé dès cette année.
Or, l’ancien envoyé du Canada en Inde Nadir Patel a souligné que fixer une date butoir pourrait faire en sorte que les deux parties auront de la difficulté à se convaincre qu’un accord juste et équitable aura été conclu.
«Imposer des délais dans des négociations comme celles-ci n'est pas le moyen le plus efficace de parvenir à une entente. Dans le cas qui nous occupe, la volonté des deux parties d’obtenir un accord gagnant-gagnant est beaucoup plus importante», a expliqué M. Patel.
«Je dirais que je suis prudemment optimiste qu'un accord puisse être conclu dans un délai relativement court, mais ce n'est en aucun cas un fait accompli.»
Par ailleurs, M. Patel a soulevé que M. Goyal est un ministre important du gouvernement du premier ministre indien Narendra Modi. Il a aussi fait valoir que la visite du ministre en sol canadien pourrait aider à remettre les négociations sur les rails après la pandémie de COVID-19 et les élections, qui ont forcé la mise sur pause des pourparlers.
«Il y a clairement une priorité accordée au resserrement des relations commerciales, économiques et, par extension, bilatérales. Je pense que cela augure bien pour le Canada et l'Inde», a mentionné M. Patel, qui est aujourd’hui conseiller stratégique principal chez Norton Rose Fulbright Canada.
La ministre Ng doit se rendre en Inde en août pour une réunion commerciale du G20, tandis que le premier ministre Justin Trudeau devrait se rendre à New Delhi le mois prochain pour le sommet des dirigeants du G20.
En octobre, Mme Ng a annoncé son intention de diriger une «mission commerciale d’Équipe Canada» en Inde, ce qui signifie généralement une visite de chefs d'entreprise et de représentants provinciaux.
Alors que des fuites dans les médias ont suggéré que les négociations pour un accord commercial provisoire ont achoppé sur plusieurs fronts l'automne dernier, le ministre Goyal a rectifié le tir et a assuré que les équipes avaient fait des «progrès significatifs» ces derniers mois.
«La conclusion rapide de l'accord enverra un signal fort au reste du monde sur le renforcement des relations entre nos deux pays», a-t-il déclaré en mêlée de presse.
Aucun des deux ministres n'a précisé quels points font toujours l’objet de discussions. L'Inde a généralement protégé des industries entières de la concurrence étrangère, tandis que des modifications de la réglementation sur les importations agricoles ont refroidi les agriculteurs canadiens.
La déclaration commune de cette semaine notait également que New Delhi souhaite que les meilleures universités canadiennes établissent des campus en Inde.
Pendant ce temps, à la Chambre des communes, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a demandé au gouvernement libéral d’exprimer davantage ses préoccupations concernant le traitement des minorités par l'Inde.
L’organisme Human Rights Watch a appelé le gouvernement du premier ministre Modi à cesser sa «grave régression des droits de la personne et des protections constitutionnelles», ce qui a poussé le NPD à réclamer un boycottage de certains événements du G20.
La ministre Ng a indiqué que les Canadiens s'efforcent de discuter de leurs valeurs «vraiment importantes» avec leurs homologues, tout en élargissant les liens commerciaux.
«Je pense qu’il est possible de défendre les droits de la personne tout en maintenant une relation commerciale avec un pays démocratique», a-t-elle soutenu.