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La décision de l'élue est «finale et sans appel».
C’est les larmes aux yeux que la députée libérale de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, a annoncé qu’elle quittait la vie politique à la fin de son mandat, affirmant qu’elle n’arrivait plus à concilier son travail d’élue et son rôle de mère.
«J'aurais aimé être capable de tout conjuguer, mais je n'y arrive pas», a-t-elle affirmé lors d’un point de presse très émotif à l’Assemblée nationale mardi.
Dans un message publié sur le réseau social X, Mme Rizqy a assuré qu'elle terminera son mandat actuel en donnant son 100 %, mais a reconnu que partir de Montréal pour aller siéger à Québec, laissant ses enfants «sans parents» pendant la semaine lors de la session parlementaire, est devenu un «sacrifice trop grand».
La députée de Saint-Laurent est mariée avec le député libéral de Jacques-Cartier, Gregory Kelley. Durant son point de presse, Marwah Rizqy a indiqué que son mari lui avait offert de démissionner pour s’occuper de sa famille, mais qu’elle a refusé. «Cette décision, je l'ai prise en mon âme et conscience, au fond de mes tripes», a-t-elle dit.
«Je veux vivre pleinement mon rôle de mère. Je veux pouvoir être dans la même ville que mes jeunes enfants et pouvoir les border le soir venu», a-t-elle indiqué, précisant que sa décision est «finale et sans appel».
Mme Rizqy était elle-même pressentie pour se lancer dans la course à la direction du Parti libéral, mais elle avait fait une croix sur cette possibilité pour des raisons familiales similaires. «Si je n'avais pas eu d'enfants, ma réponse aurait été très différente pour la chefferie», a-t-elle assuré.
Marwah Rizqy a été élue à l'Assemblée nationale en 2018 et a décroché un second mandat en 2022.
Avant de se lancer en politique, elle était professeure de fiscalité à l’Université de Sherbrooke. Elle souhaite revenir à l’enseignement après avoir terminé son mandat.
Le ministre de la Justice et leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, s’est dit «attristé» du départ de la députée et soutient qu’il faut faire des réformes pour faciliter la conciliation travail-famille. Il suggère notamment le vote à distance.
«Pour certains motifs, notamment le congé de maternité, pour la proche aidance d'une personne qui est en fin de vie, pour des réalités familiales, ça pourrait être un élément où on pourrait se moderniser, avoir des votes électroniques à distance?»
Actuellement, il est possible pour les parlementaires de prendre un congé parental, mais il n’est toutefois pas balisé.
«L'ensemble des gens qui ont des enfants au Québec ont le droit à une année. Je pense que si on veut attirer des gens en politique québécoise, il faut que ce soit au moins l’équivalent», a ajouté Simon Jolin-Barrette.
Ému, le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, n'a pas tari d'éloges envers sa collègue. «C’est une députée authentique, dévouée et passionnée. (...) Ça aura été, à terme, un privilège pour moi de travailler avec Marwah», a-t-il affirmé.
«C'est une parlementaire unique: unique dans son style, dans sa substance, dans sa connaissance des dossiers, dans sa recherche profonde de chaque enjeu dont elle débat», a dit le député libéral André Fortin.
«La politique est exigeante dans toutes les sphères de nos vies. Il faut parfois prendre des décisions déchirantes. J’en profite pour la remercier pour son engagement envers le Québec. Je lui souhaite beaucoup de bonheur en famille», a écrit le premier ministre François Legault sur X.
«Quand tu fais le choix d'une carrière et que tu fais le choix d'avoir une famille en même temps, c'est très très très difficile», a affirmé la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.
«J'ai toujours eu beaucoup de respect et beaucoup d'estime pour Marwah et son travail. (...) Conjuguer famille et engagement politique n'est pas de tout repos, surtout lorsqu'on le fait avec autant de sincérité et d’intensité que Marwah Rizqy», a écrit le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, sur X.
«Tous les partis politiques auraient aimé avoir une femme du calibre de Marwah Rizqy dans son équipe et on ne fait pas exception», a dit le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.
Il croit d’ailleurs que le départ de Mme Rizqy prouve la nécessité d'envisager un congé parental pour les élus de l'Assemblée nationale.
Lisez le message de la députée
1er octobre 2018. C’était hier. C’était aussi il y a une éternité. La jeune élue que j’étais est devenue une jeune maman. J’ai vécu chaque mandat comme si c’était le seul.
Cela explique peut-être aussi mon côté irrévérencieux. En lisant l’article de Marco Fortier, j’ai souri. Depuis déjà un certain temps, je dois vous avouer que je pense à la suite des choses pour ma famille et moi. Et après mûre réflexion, j’ai pris ma décision. Cet actuel mandat sera mon dernier. Évidemment, je donnerai mon 100%, et ce, au meilleur de mes capacités.
Pourquoi maintenant?
Parce qu’iI n’y a jamais de bon moment pour tirer sa révérence. En annonçant aujourd’hui, mon parti et le prochain chef auront le temps de trouver un candidat dédié totalement aux gens de Saint-Laurent. Personnellement, vous le savez, avoir le privilège de tomber enceinte et de donner la vie n’a pas été facile pour Greg et moi. Ce fut un réel parcours du combattant. Aujourd’hui, chaque lundi, quand je prends le train en direction de Québec, mon cœur se sert. Je veux vivre pleinement mon rôle de mère. Je veux pouvoir être dans la même ville que mes jeunes enfants et pouvoir les border le soir venu. Car, il faut se le rappeler: puisque mon mari est également élu, nous devons laisser nos enfants sans parents toutes les journées de semaine où nous devons être à Québec. C’est pour moi rendu un sacrifice trop grand.
Greg m’a offert de quitter pour que je puisse continuer à siéger. J’ai refusé. En 2026, Gabriel aura déjà quatre ans et fera son entrée à l’école primaire l’année suivante. Abraham le rejoindra, un an plus tard. Ils grandissent déjà si vite…Je ne peux plus envisager être une mère à temps partiel qui dort trois ou quatre nuits par semaine loin d’eux. Je veux être pleinement présente pour eux. C’est ma décision. Elle est finale et sans appel.
*** Un immense sentiment de gratitude m’habite depuis le soir de mes élections pour ce qui a été une grande aventure collective, intellectuelle et civique. Tout n’a pas été rose, mais on apprend beaucoup de ses erreurs.
Merci du fond du cœur à ceux qui ont nourri mes réflexions. Vos encouragements et votre confiance ont été un précieux cadeau. Merci d’avoir cru en moi, parfois contre toute évidence. Vous vous reconnaîtrez, j’en suis certaine. Je vous le dis simplement: je vous aime. Et à nouveau merci! Je ne peux m’empêcher de livrer ce message aux jeunes femmes: il est possible de tout avoir et je considère avoir tout eu! Oui, oui! Je me suis permise de rêver et surtout, d’y croire. Fille d’immigrants marocains, issue d’un milieu plus que non-privilégié, ma seule présence au parlement est en soi une victoire.
Si vous aviez vu ma mère lors de mon assermentation en 2018! Incapable de parler, les larmes aux yeux, elle m’a soufflé à l’oreille : « C’est vraiment moi qui t’ai mise au monde? Une femme sans instruction?!» Et moi de lui répondre : « Je suis tellement fière de toi maman. Tu m’as appris beaucoup, tu m’as tout donné. Et l’école de la vie est la première vraie école. » C’est ce que le Québec a de plus beau: cette capacité de générer des « possibles », même lorsque la mise de départ semble être une mauvaise main. Je ferai mes vrais au revoir le jour venu à Saint-Laurent, en bonne et due forme. D’ici là, je continue mon travail avec la même rigueur et la même vivacité que vous me connaissez.
1er octobre 2018. C’était hier. C’était aussi il y a une éternité.
— Marwah Rizqy (@marwahrizqy) October 1, 2024
La jeune élue que j’étais est devenue une jeune maman. J’ai vécu chaque mandat comme si c’était le seul. Cela explique peut-être aussi mon côté irrévérencieux.
En lisant l’article de Marco Fortier, j’ai souri.…