Un sénateur américain appelle le premier ministre Mark Carney à agir rapidement pour abroger la taxe sur les services numériques.
Un sénateur américain appelle le premier ministre Mark Carney à agir rapidement pour abroger la taxe sur les services numériques.
«Vous avez tous, et c'est tout à votre honneur, déclaré que vous ne la percevriez pas. J'ai demandé au Canada d'agir au plus vite pour faire adopter une loi au Parlement garantissant sa suppression définitive», a affirmé lundi Ron Wyden, sénateur démocrate de l'Oregon, aux médias après une rencontre entre M. Carney et une délégation bipartite de quatre sénateurs américains à Ottawa.
«Le premier ministre s'est montré réceptif à cette idée, a ajouté M. Wyden. Il a dit qu'il s'en occuperait à l'automne.»
M. Carney a annoncé à la fin du mois de juin qu'il supprimerait la taxe, juste avant l'échéance d'un important paiement rétroactif qui aurait coûté environ 2 milliards $ US aux grandes entreprises technologiques américaines.
Cette décision est survenue après que le président américain Donald Trump a annoncé la suspension des négociations commerciales bilatérales avec le Canada à cause de cette taxe, qui aurait imposé un prélèvement de 3 % aux géants de la technologie qui génèrent des revenus grâce aux utilisateurs canadiens, comme Google, Amazon et Uber.
Bien que l'Agence du revenu du Canada ne demande pas de paiements au titre de la taxe, elle a indiqué qu'elle n'effectuerait aucun remboursement aux personnes ayant déjà payé jusqu'à ce que le Parlement adopte une loi mettant officiellement fin à la taxe. Google a également dit qu'elle attendrait l'adoption de cette loi avant de rembourser les clients ayant payé une surtaxe imposée l'année dernière en réponse à la taxe.
La Chambre des communes est actuellement en vacances d'été et devrait reprendre ses travaux le 15 septembre.
Progrès dans les discussions
Les sénateurs, portant des bracelets d'amitié canado-américains fournis par l'ambassade des États-Unis, étaient à Ottawa pour discuter du conflit commercial actuel entre les deux pays.
M. Wyden a indiqué que les sénateurs étaient là «pour discuter de la manière de bâtir, dans les jours à venir, une économie productive pour le Canada et les États-Unis».
«Et nous sommes des bâtisseurs de ponts, pas des gens qui se battent», a-t-il ajouté.
M. Wyden a souligné que les discussions de lundi avaient progressé.
«J'ai trouvé cela très constructif (…) et nous avons eu des idées concrètes. Les deux parties semblent vouloir trouver des solutions constructives», a-t-il ajouté.
Outre M. Wyden, la délégation comprenait les sénatrices démocrates Maggie Hassan, du New Hampshire, et Catherine Cortez Masto, du Nevada, ainsi que la républicaine Lisa Murkowski, de l'Alaska.
Dans une déclaration commune publiée après les réunions de lundi, Mme Cortez Masto a souligné le «lien spécial» qu'entretiennent les Américains avec le Canada, notamment les plus d'un million de touristes canadiens qui visitent généralement son État chaque année.
Les voyages des Canadiens au sud de la frontière ont fortement diminué depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump plus tôt cette année, qui a commencé à menacer d'imposer des droits de douane au Canada et d'annexer le pays pour en faire le «51e État».
«Malgré le chaos de la présidence Trump, je continuerai à me battre pour garantir un traitement équitable aux travailleurs américains, tout en renforçant nos liens avec le Canada afin de stimuler notre économie touristique et de promouvoir la sécurité nationale américaine. Nous pouvons faire les deux», a déclaré Cortez Masto.
Le sénateur Wyden a également évoqué le bois d'œuvre, un sujet de discorde commerciale de longue date entre le Canada et les États-Unis.
«Je pense que nous avons maintenant une idée claire de la marche à suivre : il s'agit de s'appuyer sur une sorte d'accord de quotas», a-t-il expliqué.
Mme Hassan a mentionné aux journalistes que les sénateurs avaient également discuté avec le premier ministre «des mesures que nous pouvons prendre ensemble pour stopper l'afflux de précurseurs chimiques utilisés pour fabriquer le fentanyl vers nos pays».
M. Carney, qui n'a pas pris la parole devant les journalistes après la réunion, a qualifié la discussion de «très bonne».
Dans un communiqué de presse publié lundi après-midi, le bureau du premier ministre a déclaré que M. Carney et les sénateurs avaient «réaffirmé l'importance des relations commerciales entre le Canada et les États-Unis, notamment l'incidence économique considérable des entreprises canadiennes dans les États respectifs des sénateurs».
Le communiqué précisait qu'ils avaient discuté de l'industrie de l'acier, de la défense et de la sécurité nord-américaine et des «progrès réalisés par le Canada dans la lutte contre le trafic de drogues illicites et la sécurisation de la frontière». Il y est ajouté qu'ils ont «exprimé leur détermination commune» pour lutter contre la crise du fentanyl.
La qualité de l'accord, et non son calendrier
Dans une lettre adressée à M. Carney le 10 juillet, le président américain Donald Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 35 % sur les produits canadiens d'ici le 1er août, fixant ainsi une nouvelle date butoir pour les négociations commerciales qui devaient initialement se conclure ce lundi.
Les sénateurs n'ont pas répondu à la question de savoir si un accord était probable d'ici le 1er août.
La semaine dernière, M. Carney a déclaré aux journalistes qu'un accord commercial avec les États-Unis inclurait probablement des droits de douane et qu'il s'attendait à ce que les discussions avec les États-Unis s'intensifient avant la date limite du 1er août.
Interrogée sur la perspective d'un accord sans droits de douane, la sénatrice Murkowski a déclaré aux journalistes à Ottawa que cette décision était «actuellement laissée à la discrétion de ceux qui négocient».
«Tout ce que nous savons, c'est que ces négociations ont été menées avec une très grande intensité, a-t-elle avancé. Nous voulons tous arriver au 1er août et au-delà avec une détermination qui soit avantageuse pour le Canada et pour les États-Unis.»
Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a affirmé dimanche à la télévision américaine que le Canada paierait des droits de douane s'il n'ouvrait pas son marché aux États-Unis.
Des membres de l'administration Trump ont commencé à signaler qu'il n'y aurait pas d'avalanche d'accords commerciaux avant la date limite d'août fixée par le président dans des lettres adressées aux gouvernements de nombreux pays.
Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a affirmé lundi à la chaîne CNBC que «les négociations avancent, mais l'important est la qualité de l'accord, et non son calendrier».
«Le président Trump a créé un effet de levier maximal — comme lui seul sait le faire — et nous constatons que ces déséquilibres se sont accumulés sur 20, 30, 40 ans, et nous nous soucions davantage de la qualité des accords que de leur conclusion d'ici le 1er août», a-t-il précisé.
Avec des informations de Kelly Geraldine Malone à Washington

