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L'annonce survient au moment où des ministres fédéraux sont à Washington pour rencontrer «des intervenants clés de la sphère politique et de l’industrie».
Le candidat à la chefferie du Parti libéral du Canada Mark Carney promet d'atteindre la cible de 2 % du PIB pour les dépenses militaires en vertu de l'OTAN d'ici 2030, soit deux ans avant la date butoir que s'est fixée le gouvernement du premier ministre sortant, Justin Trudeau.
M. Carney, ex-gouverneur de banques centrales, a fait l'annonce mercredi de cet engagement en matière de défense dans le cadre d'un point de presse à Windsor, en Ontario.
«Avec mon leadership, le gouvernement atteindra 2% de dépenses de défense d'ici la fin de la décennie et fera sa part au sein de l'OTAN», a-t-il déclaré en français, dans une allocution, avant de commencer à répondre à des questions de journalistes.
«Nous pouvons et nous devons changer quelle part de votre argent durement gagné vous gardez.»
M. Carney a, durant sa conférence de presse, employé à plusieurs reprises l'expression «maîtres chez nous» popularisée par l'ancien premier ministre du Québec Jean Lesage. L'aspirant chef s'engageait alors, à nouveau, à se concentrer sur la croissance économique s'il devient premier ministre du Canada.
Dans son discours, il a signalé qu'il comptait présenter, au cours des prochaines semaines, son approche de planification budgétaire fédérale. Il a promis, du même souffle, qu'une «réduction des impôts pour la classe moyenne» s'y trouverait.
Celle qui est vue comme la principale rivale de M. Carney dans la course à la succession de M. Trudeau, Chrystia Freeland, a publié mercredi une déclaration concernant dix engagements qu'elle décrit comme «des mesures audacieuses pour rendre l'économie canadienne plus forte et plus résiliente».
L'ex-ministre des Finances propose notamment d'«accélérer au moins dix grands projets d’intérêt national à chaque année, dont trois reliés aux minéraux critiques». Pour s'y prendre, la députée et ancienne vice-première ministre compte réduire le nombre d'initiatives qui doivent passer, pour aller de l'avant, par une évaluation fédérale, en plus d'éliminer des «formalités administratives». Cela n'aurait pas d'impact, à son avis, sur les mesures canadiennes visant à protéger l'environnement.
Mme Freeland n'a pas encore affiché ses couleurs en matière de défense, mais la porte-parole de sa campagne, Katherine Cuplinskas, a indiqué que son équipe en aura plus à dire sur ce sujet très bientôt.
L'annonce en matière de défense de M. Carney survient au moment où des ministres fédéraux qui se rangent derrière sa candidature sont à Washington pour parler de défense au nom du gouvernement canadien actuel.
La délégation menée par le ministre de la Défense, Bill Blair, et celui de l'Innovation, François-Philippe Champagne, vise à rencontrer «des intervenants clés de la sphère politique et de l’industrie» américaine afin de parler, entre autres, de renforcement du partenariat militaire du Canada avec les États-Unis.
MM. Blair et Champagne doivent notamment rencontrer des sénateurs américains, de même que des représentants de quatre entreprises, dont le géant de l'aéronautique Boeing et la société spécialisée en technologies de défense Raytheon.
Le président des États-Unis, Donald Trump, a récemment exprimé clairement sa frustration quant aux investissements, selon lui insuffisants, de plusieurs pays membres de l'OTAN, comme le Canada.
Le locataire de la Maison-Blanche, qui menace d'imposer des tarifs de 25% sur les importations canadiennes à compter de mars, s’est souvent montré irrité par la cible manquée de 2% du PIB pour les dépenses militaires. Il a ajouté, le mois dernier, que ce 2% devrait passer à 5%.
Depuis Montréal, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a réitéré mardi, comme le fait M. Blair depuis novembre, que le Canada, qui a promis d'atteindre le fameux 2% d'ici 2032, s'affaire à accélérer le pas.
«Je pense qu’il va falloir dépenser plus en défense et beaucoup plus vite. Donc, ça, on le sait et ce n’est pas juste parce que Donald Trump en parle», a dit Mme Joly au cours d'une discussion devant public organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Cette dernière appuie aussi M. Carney dans la course à la direction du Parti libéral du Canada (PLC).
Le mois dernier, M. Blair, lorsqu'il a été questionné, en mêlée de presse, à savoir si le Canada pouvait atteindre la cible de 2 % d'ici deux ans, a répondu que c'était «absolument réalisable». Il ne s'est néanmoins pas formellement engagé à ce que cela se produise d'ici 2027.
MM. Blair et Champagne ont prévu pour vendredi une conférence de presse téléphonique avec les journalistes de la colline parlementaire.
M. Carney, de son côté, a soutenu mercredi qu'il fixait sa propre échéance à 2030 parce que la question ne se résume pas à respecter une date butoir.
«Il faut dépenser l'argent d'une manière intelligente et surtout, selon moi, c'est également nécessaire de dépenser la plupart (de l'augmentation en dépenses) ici au Canada, pas aux États-Unis», a-t-il dit en réponse à la question d'une journaliste.
Quant à savoir où il comptait réduire les dépenses de l'État ailleurs s'il devient premier ministre, M. Carney est resté vague, bien qu'il ait assuré qu'il n'avait aucune intention de mettre la hache dans des programmes tels que celui visant à accroître l'accès aux soins dentaires.
«Mon gouvernement se va concentrer sur les politiques qui sont des catalyseurs pour l'investissement», a-t-il dit.
Le PLC doit choisir son prochain chef le 9 mars, au terme d'une course à la chefferie éclair.
Avec des informations de Kyle Duggan