Alors qu'il avait précédemment vanté son engagement à faire du Canada une «superpuissance énergétique», le premier ministre Mark Carney est allé plus loin mardi en déclarant explicitement qu'il soutenait la construction d'un pipeline si un consensus existait.
«Tout d'abord, je l'ai dit à plusieurs reprises: oui. C'est le premier point», a-t-il dit mardi lors d'une entrevue exclusive avec Vassy Kapelos, correspondante politique en chef de CTV News, sa première depuis son accession au poste de premier ministre.
«Deuxièmement, parce que je comprends la nécessité de ce consensus. Je suis un premier ministre qui peut aider à créer ce consensus.»
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Dans un contexte marqué par les menaces tarifaires du président américain Donald Trump, le soutien de l'opinion publique et des responsables politiques à la construction de nouveaux pipelines de pétrole et de gaz s'est accru dans tout le pays, afin de réduire la dépendance du Canada à l'égard des États-Unis.
Si M. Carney s'est engagé dans le programme libéral à faire du Canada «une superpuissance énergétique qui combine nos ressources énergétiques conventionnelles avec notre potentiel illimité en matière d'énergie propre et abordable», ses messages ont été mitigés pendant la campagne électorale fédérale quant à son soutien aux pipelines.
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Interrogé sur les projets énergétiques et les pipelines lors d'une entrevue l'émission Tout le monde en parle de Radio-Canada en avril dernier, M. Carney a soutenu en français : «Nous devons choisir quelques projets, quelques grands projets, pas nécessairement des pipelines, mais peut-être des pipelines. Nous verrons.»
Interrogé par la journalisteur son changement de position concernant certaines initiatives environnementales, telles que la taxe carbone sur la consommation, qu'il a supprimée en tant que premier ministre alors qu'il l'avait précédemment approuvée, M. Carney a réitéré son soutien à un pipeline.
«Si vous voulez une réponse simple à la question "Vais-je soutenir la construction d'un pipeline?", la réponse est oui. C'est aussi simple que cela. Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises», a-t-il répondu, tout en précisant qu'un pipeline seul «ne suffit pas pour faire du Canada une superpuissance énergétique».
«Construire un seul pipeline, c'est bien. Ne vous méprenez pas, c'est une bonne chose. C'est positif et cela nécessite une collaboration pour aboutir. Mais ce n'est pas suffisant.»
Lorsqu'on lui a demandé si sa volonté de faire du Canada une superpuissance énergétique impliquait d'exporter davantage de pétrole et de gaz, M. Carney a répondu que c'était «un élément, mais pas le seul».
«Nous devons mener plusieurs actions de front afin de construire cette base qui nous permettra de créer de la richesse et de la compétitivité, et d'offrir une vie meilleure aux Canadiens pour les générations à venir», a-t-il dit.
«Nous allons nous fixer des objectifs très ambitieux dans de nombreux domaines. C'est pourquoi nous ne demandons pas un seul projet de construction nationale. Nous demandons plusieurs projets de construction nationale, et nous allons avancer aussi rapidement que possible sur le plus grand nombre d'entre eux.»
Modification du projet de loi C-69 et du plafond d'émissions
Dans le passé, la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, et le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, ont exprimé leurs préoccupations au sujet de certaines politiques environnementales du Parti libéral, qu'ils qualifient de diviseuses et qui, selon eux, entravent la réussite économique de leurs provinces.
Ces politiques comprennent le plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier et le projet de loi C-69, la loi de 2019 qui modifie le processus d'examen environnemental des projets énergétiques désignés afin de prendre en compte les questions environnementales et sociales lors de l'approbation ou du rejet d'un projet.
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Pendant la campagne électorale, M. Carney avait déclaré qu'il comptait maintenir ces deux mesures controversées de l'ère Trudeau. Mais mardi, lors de son entretien avec M. Kapelos, M. Carney a qualifié de « constructives » les récentes conversations qu'il a eues avec les premiers ministres Moe et Smith.
«Nous changerons au niveau fédéral ce qui doit l'être pour que les projets puissent avancer», a-t-il précisé.
Lorsque la journaliste Vassy Kapelos lui a demandé si ces changements pourraient inclure le projet de loi C-69 et le plafond d'émissions, M. Carney a répondu sans détour : «Absolument, cela pourrait inclure les deux.»
«Je ne vais pas m'en tenir à des concepts. Je vais agir de manière concrète. Agir pour aller de l'avant.»
Après la victoire électorale fédérale de Carney, Danielle Smith a lancé un appel public en faveur d'une «remise à zéro» des relations entre l'Alberta et Ottawa, tout en qualifiant sa première conversation avec Carney en tant que premier ministre de «premier pas positif».
M. Carney doit rencontrer les premiers ministres provinciaux lors d'une réunion à Saskatchewan le 2 juin.
Avec des informations de Spencer Van Dyk, de CTV News
