Il fut un temps où Marc-André Fleury tenait pour acquis un jour comme vendredi. Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Kris Letang aussi.
L'époque où les quatre joueurs les plus étroitement associés à la série d'excellence des Penguins de Pittsburgh de 2008 à 2017 – une époque où ils ont remporté la coupe Stanley à quatre reprises – passaient une heure à s'affronter pendant le camp d'entraînement, se rassemblant ensuite pour une photo pour quiconque en voulait une.
Mais cette fois, Fleury et ses vieux amis ne tenaient rien pour acquis.
Comme l'a souligné le deuxième gardien le plus victorieux de l'histoire de la LNH, cette fois est la dernière.
Portant un masque spécialement conçu pour l'occasion, avec divers moments marquants de ses 21 ans de carrière, et le maillot no 29, qui pourrait bientôt se retrouver accroché au plafond du PPG Paints Arena, Fleury a tenu à savourer chaque instant de son dernier entraînement professionnel.
Samedi, il fera une brève apparition lors du match préparatoire des Penguins contre les Blue Jackets de Columbus.
Patinant sur la glace devant des centaines de partisans scandant son nom et brandissant des pancartes comme «Nous sommes venus du Canada pour te voir rentrer à la maison», Fleury a fait ce qu'il faisait presque tous les jours depuis plus de deux décennies dans la LNH : il en a profité.
Il était là, agitant théâtralement ses jambières jaunes emblématiques pour tenter d'arrêter une déviation de Crosby. Il était là, riant après avoir volé Letang d'un arrêt avec la mitaine. Il était là, faisant hocher la tête à Malkin après avoir repoussé la vedette russe.
«C'est peut-être ce que j'aime le plus (au hockey), simplement être sur la glace et tenter de bloquer de nombreux tirs, voir les gars et avoir du plaisir», a déclaré Fleury, assis dans son coin familier du vestiaire du club. Oui, c'est vraiment amusant pour moi.»
Le joueur de 40 ans a officiellement pris sa retraite de la LNH avec le Wild du Minnesota au printemps, mais a signé un contrat d'essai professionnel avec les Penguins plus tôt ce mois-ci après avoir été approché par le directeur général Kyle Dubas.
Si Fleury a plaisanté en disant qu'il aurait aimé avoir plus d'endurance, pendant environ 90 minutes, on a pu observer des éclairs de cette forme – et de ce style – qui ont permis aux Penguins de passer de la pire équipe de la ligue à son arrivée comme premier choix au repêchage de 2003 à la double championne de la coupe Stanley lors de son départ.
«C'est juste son enthousiasme, a dit Crosby. Je trouve que l'énergie qu'il apporte est vraiment unique.»
La formation s'est appuyée sur cette énergie, particulièrement au début des 13 ans de Fleury. Les victoires étaient difficiles à obtenir à ses débuts, alors que les Penguins posaient les fondations d'une future dynastie.
Pourtant, les défaites et la pression n'ont jamais semblé atteindre Fleury. Il a simplement continué d'avancer. Six ans après son arrivée, «Flower» a stoppé le défenseur des Red Wings de Detroit Nicklas Lidstrom dans les dernières secondes du septième match de la finale de la Coupe Stanley pour mener les siens à la conquête du trophée, en 2009.
Cet arrêt – un acte de désespoir athlétiquement peu orthodoxe qui résumait parfaitement son talent – a scellé la place de Fleury dans l'histoire des Penguins. Et s'il a ensuite connu beaucoup de succès ailleurs, notamment en menant les Golden Knights de Vegas, une équipe d'expansion, jusqu'en finale de la Coupe Stanley en 2018 et en remportant le trophée Vézina en 2021, Pittsburgh n'a jamais été très loin de son esprit. Ni de son cœur.
Chaque retour dans la ville où il a grandi était un peu étrange. Non seulement pour Fleury, mais aussi pour une foule ravie de le voir, tout en espérant sa défaite.
Ces sentiments contradictoires se sont dissipés et son retour inattendu (quoique bref) représente un moment de retour à la normale, non seulement pour Fleury, mais aussi pour les Penguins.
Bien que Crosby demeure une force à 38 ans, les Penguins ne sont plus une puissance. Dubas supervise un mouvement jeunesse qui comprend de jeunes gardiens comme Sergei Murashov, qui n'était même pas né lorsque Fleury a fait ses débuts dans la LNH.
Fleury a passé une partie de l'entraînement agenouillé aux côtés du Russe de 21 ans, l'écoutant et lui prodiguant quelques conseils.
Interrogé sur ce que pourrait être ce conseil, l'un des farceurs notoires de la ligue s'est contenté de rire.
«Je lui ai dit : "Tu ferais mieux de faire de ton mieux, je viens prendre ta place"», a dit Fleury.
Sauf que ce n'est pas le cas. Bien qu'il pense que sa femme Véronique est «déjà fatiguée de lui», Fleury n'a pas hésité à abandonner le sport qu'il pratiquait avec tant de passion et de talent depuis si longtemps.
«J'ai découvert que je ne pouvais rien faire d'autre. Rien d'autre ne comblera ce vide, a admis Fleury. Mais en même temps, je suis plus vieux, plus lent, plus blessé, un peu plus courbaturé, et moins souple, moins rapide.
«Ouais, je pense qu'il est temps.»
