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Les partis d’opposition ont mitraillé le gouvernement de questions jeudi à la Chambre des communes face à sa gestion de la manifestation, particulièrement bruyante, qui se déroule depuis près d’une semaine dans la capitale fédérale.
Les partis d’opposition ont mitraillé le gouvernement de questions jeudi à la Chambre des communes face à sa gestion de la manifestation, particulièrement bruyante, qui se déroule depuis près d’une semaine dans la capitale fédérale.
« Où est la branche d’olivier? » a demandé à plusieurs reprises la députée conservatrice Candice Bergen qui occupe l’intérim à la chefferie depuis que le parti a montré la porte à son ancien chef, Erin O’Toole, mercredi.
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Selon les conservateurs, le gouvernement devrait « présenter un plan » pour montrer aux manifestants qu’ils sont écoutés et « résoudre l’impasse ».
La vice-première ministre, Chrystia Freeland, a répondu que le gouvernement « condamne clairement la profanation du Monument commémoratif de guerre et le recours à des symboles de haine ».
Le gouvernement Trudeau critique sévèrement les perturbations causées par les manifestants dans la capitale fédérale depuis la fin de semaine et soutient qu’il est temps de redonner leur ville aux habitants d’Ottawa.
Mais il estime aussi que c’est à la police d’Ottawa et à la Gendarmerie royale du Canada de « régler la situation ».
Il est temps que le premier ministre Justin Trudeau prenne « ses responsabilités » et cesse de se comporter « comme un p’tit gars dans une cour d’école », a lancé le leader en Chambre du Bloc québécois, Alain Therrien. Il « jette de l’huile sur le feu » puis va se « cacher derrière la police », a illustré M. Therrien.
Les camions, qui activent leurs klaxons sans arrêt, créant un vacarme au centre-ville, sont « équipés pour rester encore des semaines, même des mois », a renchéri la députée bloquiste Kristina Michaud.
« C’est un siège planifié qui se déroule et le fédéral abandonne Ottawa et ses résidants à leur sort », a-t-elle déploré, exigeant qu’Ottawa crée une cellule de crise avec tous les corps policiers, le gouvernement de l’Ontario et la Ville d’Ottawa.
Selon la députée, un bilan de la situation devrait être présenté chaque jour afin de s’assurer que la population voie qu’il y a « un vrai pilote dans l’avion ».
« Chaque jour, la situation dégénère, a-t-elle affirmé. N’attendons pas qu’il y ait de la violence avant d’intervenir. »
Les décisions des policiers sont indépendantes du politique, a martelé le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino.
« Il faut respecter que le gouvernement, ici, dans cette Chambre, ne fait pas la décision, a-t-il dit. C’est les décisions indépendantes et je sais que mon collègue comprend ça. »
Prenant une approche différente, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a fait remarquer que lorsque les communautés autochtones « défendent leur territoire » ou que les communautés noires et racisées manifestent contre « la brutalité » des policiers, elles sont traitées « différemment » des participants au convoi.
Évoquant à nouveau la présence du drapeau confédéré, Mme Freeland a estimé que « chaque député a la responsabilité de s’élever contre un mouvement qui tolère de tels symboles ».
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré plus tôt jeudi que son gouvernement n’envisageait pas « d’envoyer des forces armées contre des citoyens canadiens » pour déloger les manifestants.
Le chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, avait soutenu mercredi que toutes les options étaient sur la table, y compris l’appel à l’armée, pour mettre fin à la manifestation contre les mesures sanitaires, qualifiée d’« occupation » par certains conseillers municipaux.
Interrogé en conférence de presse jeudi, M. Trudeau a indiqué qu’il fallait être « très, très prudent » quant au déploiement de militaires contre des citoyens canadiens, en précisant par ailleurs qu’aucune demande n’avait été transmise au gouvernement.
« Nous allons être, en tant que gouvernement fédéral, prêts à répondre aux demandes, mais pour l’instant, ce n’est pas quelque chose qu’on est en train de regarder, d’envoyer des forces armées contre des citoyens canadiens », a-t-il dit.
Le premier ministre a ajouté que toutes les demandes officielles d’aide provenant de la Ville d’Ottawa ou du gouvernement de l’Ontario seront prises en considération par le gouvernement fédéral. Mais il a précisé que la priorité fédérale demeure « d’être là pour les citoyens d’Ottawa ».
Le chef de la police d’Ottawa soutenait mercredi que la manifestation pourrait prendre fin par une négociation avec les leaders du convoi de camionneurs ou par une intervention policière pour faire respecter la loi et les règlements municipaux.
Tamara Lich, une organisatrice du convoi, a déclaré lors d’une brève conférence de presse, jeudi à Ottawa, que les manifestants « n’avaient pas l’intention de rester un jour de plus que nécessaire [une fois que] le premier ministre aura fait ce qui est juste: mettre fin à toutes les restrictions à nos libertés ». La conférence de presse s’est terminée abruptement après seulement deux questions des journalistes.
Le maire d’Ottawa, Jim Watson, demande par ailleurs des excuses à des députés conservateurs fédéraux et une sénatrice de la Saskatchewan pour avoir publiquement appuyé les manifestants.
Sur une photo, on a pu voir les députés conservateurs Warren Steinley, Kevin Waugh, Andrew Scheer, Fraser Tolmie et Rosemarie Falk, de même que la sénatrice conservatrice Denise Batters, souriant devant des camions, certains avec le pouce levé.
Sur les réseaux sociaux, Kevin Waugh a écrit que des membres du caucus de la Saskatchewan voulaient montrer leur soutien aux camionneurs patriotes, qui permettent le bon fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement alimentaire depuis deux ans. Il a ajouté qu’il était formidable de voir sur la Colline parlementaire des Canadiens champions de la liberté.
Le maire Watson a répondu, lui aussi sur les réseaux sociaux, que cette initiative des élus et de la sénatrice était une disgrâce absolue, rappelant que les résidants de la ville étaient harcelés par les manifestants et que des commerces ont été contraints de fermer leurs portes.