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Les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale ont finalement décidé de désinviter l'ethnonationaliste Alexandre Cormier-Denis de la consultation sur l'immigration qui se déroule présentement.
Le bureau du leader du gouvernement Simon Jolin-Barrette a confirmé l’information à La Presse canadienne.
Mercredi matin – avant que cette décision soit prise – la présence de M. Cormier-Denis sur la liste des personnes invitées pour la consultation sur l’immigration avait soulevé des malaises au sein des différentes formations politiques.
Questionné à savoir si cet homme avait sa place en consultation, le premier ministre François Legault a répondu: «Je pense que non».
Voyez le compte-rendu de Simon Bourassa dans la vidéo liée à l'article.
M. Cormier-Denis est notamment un apôtre de la théorie complotiste du grand remplacement, qui affirme que les élites politiques cherchent à remplacer les populations blanches par des vagues importantes d’immigration.
Dans ses vidéos diffusées notamment sur X (anciennement Twitter), il s’en prend régulièrement et avec véhémence aux nouveaux arrivants.
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«On fait venir au Québec des immigrés du tiers monde qui fuient des pays économiquement à la ramasse, genre la Thaïlande ou Haïti (...) qui viennent ici nous dire qu’on est trop blanc. C’est justement pour cela que vous venez ici. Parce qu’on est des sociétés à haut quotient intellectuel qui viennent de la plus grande civilisation qui n’a jamais existé, c’est-à-dire l’Occident blanc et chrétien», vocifère-t-il dans une de ses vidéos.
Il s’en est aussi pris directement à la députée solidaire Ruba Ghazal. «Ruba Ghazal ne défend pas les intérêts du Québec, mais ceux de son véritable peuple : les Palestiniens. Que ces immigrants dont la loyauté première va à leurs contrées d'origine aient au moins la décence d'arrêter de se faire passer pour des ‘‘patriotes’’», a-t-il écrit sur Twitter.
M. Cormier Denis s’attaque aussi aux autochtones ou encore aux membres de la communauté LGBTQ+.
M. Jolin-Barrette a qualifié les propos d’Alexandre Cormier-Denis de «glissants», mais n’a pas voulu dire s’ils étaient haineux.
C’est le média de gauche «Pivot» qui a souligné que l'homme aux positions de droite bien tranchées apparaît sur la liste des personnes qui prendront la parole dans le cadre de cette consultation sur la planification de l’immigration, jeudi en fin de journée.
«Je ne cautionne absolument pas les propos de M. Cormier-Denis. On ne tient pas, comme formation politique, à l'entendre jeudi», a affirmé pour sa part la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette.
En 2016, alors qu’il était membre du Parti québécois, M. Cormier-Denis avait organisé une rencontre avec Marine Le Pen, à l'époque présidente du Front national, un parti d'extrême droite français.
Mercredi matin en point de presse, le Parti québécois (PQ) a soutenu qu’il avait indiqué au gouvernement qu’il ne voulait pas que M. Cormier-Denis soit invité à l’Assemblée nationale.
«Le gouvernement nous a sollicités pour réduire le nombre d'intervenants entendus. Nous avons renvoyé une liste réduite dans laquelle n'apparaissaient pas Alexandre Cormier-Denis et d'autres. Pour une raison qui nous échappe, lui et d'autres groupes apparaissent toujours dans la liste des personnes qui seront entendues. C'est au gouvernement de s'expliquer», a soutenu le péquiste Pascal Bérubé.
Or, en mêlée de presse quelques instants plus tard, le leader du gouvernement avait une autre version. «Au moment où on a fait les convocations, mon bureau a fait les vérifications avec tous les groupes parlementaires pour savoir s'ils voulaient l'entendre (Alexandre Cormier-Denis). Et d'ailleurs le PQ a donné son accord pour l'entendre. Nous, on avait émis des réserves», a soutenu M. Jolin-Barrette.
«Pascal Bérubé ne raconte pas toute la vérité, comme ça arrive dans certaines situations», a-t-il ajouté.
Québec solidaire souhaitait également qu’Alexandre Cormier-Denis soit désinvité. Questionné à savoir ce qu’il reprochait à cet homme, le leader solidaire Alexandre Leduc a répondu: «d’être un suprémaciste blanc».
Le Parti libéral du Québec était resté plus nuancé en point de presse avant l'annulation de l'invitation de M. Cormier-Denis. «Qui suis-je pour museler un groupe? Je ne partage en aucun cas, ni de près ni de loin, les propos de cet individu, mais on s’est donné des procédures. Ce sont des consultations générales sur l’immigration, tout le monde peut envoyer un mémoire», a expliqué le leader libéral, Monsef Derraji.
Pour sa part, le chef conservateur, Éric Duhaime, affirme que le gouvernement Legault «continue de restreindre la liberté d’expression au Québec, sans aucune balise claire et démocratique».
«Monsieur Cormier-Denis et moi sommes des adversaires idéologiques. Cela étant dit, la façon dont il vient de se faire expulser de la commission parlementaire est pour le moins cavalière. Sur quelle base on accepte ou rejette le témoignage d’un citoyen ou d’un groupe? (...) Est-ce encore du cas pas cas, décidé de manière discrétionnaire par la CAQ et ses alliés libéraux, solidaires et péquistes?», a-t-il indiqué dans une déclaration écrite.
Sur X, le principal intéressé a dénoncé ce qu'il considère comme de la censure. «Le Québec doit avoir une discussion sérieuse sur les seuils d’immigration et ce n’est pas en censurant la voix des critiques de la politique actuelle que notre société pourra apaiser les craintes légitimes des Québécois face aux enjeux migratoires et démographiques», a écrit Alexandre Cormier-Denis sur le réseau social.
Il accuse les médias de s'être «emparés de cette histoire pour faire pression sur les partis politiques afin de retirer ma convocation».
M. Cormier-Denis indique qu'il diffusera en ligne l'allocution qu'il devait faire à l'Assemblée nationale.
«Le système médiatique ne parviendra pas à censurer notre parole», a-t-il ajouté.