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Ma première fois depuis le début de la pandémie s’est déroulée à New York en septembre.
Mon partenaire avait acheté des billets pour un show de rap à l’occasion de ses 30 ans. « On va à Webster Hall, à côté d’Union Square », m’avait-il dit. Il faisait beau, il faisait chaud. Il y avait aussi ce semblant de retour à la normale, agréable malgré les avertissements placardés un peu partout dans la ville. On en a profité pour rester une semaine dans la ville et prendre des vacances.
Mais ça m’a frappé au moment de rentrer dans Webster Hall après que les bouncers aient regardé mon passeport vaccinal et ma pièce d’identité tout en s’exclamant « Why do they write so small on Canadian IDs?? »
Je ne voyais aucun masque. Rien, pas un seul en vue. Je cherchais désespérément une personne qui en portait un, autre que moi et mon partenaire.
La foule était compacte, les gens se parlaient à deux pouces du visage. Mon anxiété a pris le dessus sur mon excitation. Moi, la journaliste culturelle, je me heurtais à l’envie de vouloir déguerpir en courant et aller dehors où je me sentais déjà plus en sécurité.
Je n’avais qu’une seule pensée en tête : et si j’attrapais la COVID dans un show Conway The Machine à New York ?
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Quand les petites salles de spectacles ne pouvaient toujours pas ouvrir leurs portes après tous ces mois de fermeture, je me suis fâchée. Quand les clubs et bars ne pouvaient toujours pas laisser les clients danser, je me suis fâchée. Et finalement, quand tout a rouvert et qu’on a pu retourner à pleine capacité, j’ai célébré.
Pourtant, je n’ai toujours pas mis les pieds dans un bar pour danser. Je ne suis pas encore allé dans un club ou à une soirée thématique (Dieu seul sait combien j’ai envie d’aller danser au PDB/Le Ritz).
Alors qu’avant, j’étais la personne qui dansait avec tout le monde, aujourd’hui je me retrouve à vouloir éviter les foules. J’ai une peur bleue des foules, surtout celles que l’on retrouve dans les lieux intérieurs, même si je sais que tout le monde est doublement vacciné.
Mon cerveau est décidé à craindre les événements, même si les statistiques prouvent que les autres milieux et les activités ne sont pas la principale source d’éclosion ce foutu virus. J’ai plus de chance d’attraper la COVID au travail.
La semaine passée, je suis allée au MTelus pour un show sans distanciation sociale. Ça faisait plusieurs mois que j’attendais la venue de Thundercat, génie musical, véritable musicien jazz de grand talent.
Bien que j’étais moins stressée qu’à New York, je regardais la foule sans arrêt ; il y avait là une masse de gens, l’un par-dessus l’autre, certains portant leur masque de travers ou l’ayant complètement abandonné.
Je n’ai pas pu rester jusqu’à la fin.
Le stress de la situation m’a envahi. Je suis finalement partie, consternée par mon expérience, mais aussi par ma réaction.
J’admire ceux qui ne s’inquiètent pas. J’admire ceux qui sont capables d’apprécier le moment, de partager un joint avec leurs amis dans une foule compacte. Leur capacité à se laisser aller me rend presque hopeful d’un jour arriver à ce mindset.
Je rêve de retourner à l’état dans lequel j’étais en février 2020 au Igloofest ; je dansais, je riais et surtout, rien ne me dérangeait.
Mais je ne peux pas mentir : il y a toujours un petit feeling d’inquiétude en moi. Toujours un pincement au cœur à l’approche d’un show. Est-ce que j’y vais ou je reste dans mon appart ?
Je connais déjà ma réponse pour le prochain show auquel je voudrais me rendre. Je vais y aller soit, mais je souhaiterais plutôt bénéficier de la prestation du balcon, loin de la foule. Tout y semble plus calme… ou est-ce peut-être un faux sentiment de sécurité ?
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Lors de mon passage à New York, j’ai finalement trouvé dix personnes qui portaient un masque. L’une d’elles s’est roulé un joint, l’a humecté, a pris une puff et l’a passé à quelqu’un d’autre avant de remettre son masque. Ironique non ?