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Une étude menée en Ontario de 2015 à 2021 évoque des risques d’accouchement prématuré, de bébé à faible poids à la naissance et d’effets négatifs sur le cerveau en développement du bébé.
Une augmentation des visites aux urgences et des hospitalisations liées à la consommation de cannabis par les femmes enceintes soulèvent des inquiétudes sur la santé du bébé à naître.
Une étude menée en Ontario de 2015 à 2021 évoque des risques d’accouchement prématuré, de bébé à faible poids à la naissance et d’effets négatifs sur le cerveau en développement du bébé.
L’étude a été basée sur les données de 980 398 grossesses en Ontario parmi 691 242 personnes. Parmi celles-ci, 540 se sont rendues aux urgences ou ont été hospitalisées pour consommation de cannabis.
Le taux de visites aux urgences et à l'hôpital liées à la consommation de cannabis pendant la grossesse est passé à 20 pour 100 000 grossesses, comparativement à 11 pour 100 000 avant la légalisation du cannabis au Canada, en octobre 2018.
Le Dr Daniel Myran, médecin de famille et spécialiste en toxicomanie, croit que même si l'augmentation absolue des visites aux urgences et des hospitalisations a été faible, beaucoup plus de personnes pourraient consommer du cannabis pendant la grossesse et ne pas se retrouver à l'hôpital. «Si tel est le cas, je pense que cela a des implications importantes pour la santé des enfants qui naîtront de ces grossesses», selon le Dr Myran, chercheur à l'Institut de recherche Bruyère et à l'Hôpital d'Ottawa.
L'étude, qui impliquait également Unity Health Toronto, a été publiée mardi dans le Journal de l'Association médicale canadienne (AMC).
Jordana Zabitsky, une femme de Montréal, a expliqué que lorsqu'elle attendait son deuxième enfant, elle savait exactement comment apaiser les nausées matinales: elle fumait plus de cannabis que lors de sa première grossesse.
Mme Zabitsky a commencé à en prendre pour contrer la dépression, l'anxiété et un syndrome de stress post-traumatique (SSPT) environ deux ans avant la naissance de son fils en 2016, lorsqu'elle a abandonné les médicaments sur ordonnance en raison de leurs effets secondaires.
Au cours de sa première grossesse, elle a limité sa consommation de cannabis parce qu'elle craignait que cela n'affecte son bébé. "Je prenais environ quatre bouffées d'un joint une ou deux fois par semaine", a-t-elle précisé.
Son fils pesait sept livres et six onces lorsqu'il est né à terme, alors, elle a décidé de consommer régulièrement du cannabis au cours de sa deuxième grossesse. «Je l'ai utilisé au besoin. Je n'ai pas suivi la quantité que j'utilisais. Je l'utilisais car ça m'empêchait de vomir le matin et ça m'a donné de l'appétit.»
Sa fille est née en 2017 et pesait six livres et 13 onces et son obstétricien était au courant de sa consommation de cannabis.
Au cours des deux grossesses, elle a déclaré que le cannabis avait également aidé à soulager les douleurs pelviennes qui l'empêchaient de marcher. «Ce n'est pas comme si nous étions assis à nous dire: "Oh, fumons un joint pour nous défoncer". Tu veux vraiment aller mieux, tu ne veux plus te sentir déprimée.»
La Dre Darine El-Chaar, spécialiste en médecine fœto-maternelle à l'Hôpital d'Ottawa et co-auteure d'une autre étude, a déclaré que certains de ses patients croient que la légalisation du cannabis récréatif signifie qu'il n'est pas si risqué pendant la grossesse, mais ce n'est pas le cas.
Plusieurs études ont montré que la consommation de cannabis pendant la grossesse est associée à un risque accru d'accouchement précoce, de faible poids à la naissance, ainsi qu'à l'autisme et au trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH). L’étude de la Dre El-Chaar a estimé que le faible poids à la naissance des bébés nés à terme était inférieur à 5,5 livres.
Les femmes enceintes, en particulier celles qui ont des antécédents de consommation de substances, de problèmes de santé mentale et de nausées matinales graves, bénéficieraient d'un dépistage régulier par un obstétricien sans stigmatisation, a-t-elle ajouté. «Nous montrons que les patientes qui se sont présentées avec des soins aigus pour le cannabis avaient un taux plus élevé de (nausées matinales). Mais nous ne savons pas avec certitude si c'est lié à la grossesse ou à la consommation de cannabis.»
Elle a déclaré que les médicaments d'ordonnance courants pour les nausées matinales ont été bien étudiés au fil du temps et que toute personne souffrant de nausées ou d'autres symptômes pendant la grossesse devrait consulter un fournisseur de soins de santé avant d'envisager le cannabis.
«J'entends tout le temps des patientes qui disent "je l'ai fait avec mon autre grossesse", "c'est une substance naturelle". Et je dis souvent que ce ne sont pas toutes les grossesses où (les bébés) sont exposés à l'alcool, à la cigarette ou au cannabis qui auront des résultats négatifs. Mais la proportion de résultats négatifs est plus élevée par rapport à la non-utilisation.»
Les données n'ont pas montré d'augmentation des visites en soins aigus pour l'utilisation d'autres substances, y compris l'alcool et les opioïdes, a noté la Dre El-Chaar.
La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada affirme qu'il existe des preuves solides que la consommation de cannabis pendant la grossesse présente un risque de préjudice à vie pour le fœtus en développement lié à la fonction de mémoire, au comportement hyperactif, à l'anxiété et à la dépression.