Début du contenu principal.
«C’est sûr, à mon avis, qu’un campement n’est pas permanent», dit Me Julius Grey, avocat de la défense.
Des avocats de l'Université McGill se sont présentés devant les tribunaux pour demander une injonction visant à forcer le démantèlement du campement propalestinien installé sur le campus depuis la fin avril.
Dans une demande judiciaire d'injonction datée de vendredi dernier, l'Université McGill affirme que le campement présente un «risque pour la sécurité, la sûreté et la santé». Elle fait valoir qu'il a provoqué une escalade des tensions sur le campus.
La demande cite des «échanges verbaux féroces» entre manifestants et contre-manifestants au début du mois, des barils de possibles «déchets humains» sur le site, d'éventuelles violations du code de prévention des incendies et le potentiel du camp d'agir comme «aimant» pour de nouveaux affrontements avec les contre-manifestants.
Voyez le reportage de Lili Mercure sur ce sujet dans la vidéo.
De leur côté, les manifestants exigent que l'université retire ses investissements des entreprises qu'ils considèrent comme complices de ce qu'elle décrit comme l'occupation de la Palestine par Israël. Ils demandent aussi que McGill coupe ses liens avec les institutions israéliennes.
Me Julius Grey, assigné à la défense des manifestants propalestiniens, croit que la demande d'injonction rate le débat principal. «Ce qui est important pour nous, c’est de démontrer qu’il n’y a pas de solitude, pas d’opinion palestinienne ou juive qui se heurtent», a déclaré l'avocat qui est membre d'un groupe nommé Palestiniens et Juifs unis en mêlée de presse au palais de justice de Montréal.
Quant à la question de savoir si les manifestants ont le droit de protester ou non sur le terrain privé de l'Université McGill, Me Grey affirme qu'il y a «un débat à faire» quant vient le temps d'identifier un site «semi-privé» comme celui de l'institution anglophone d'enseignement supérieur.
William Sloan, membre de Palestiniens et Juifs unis, a participé aux manifestations. Présent au palais de justice lundi, il a témoigné d'une ambiance calme dans le campement et dit que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n'a pas trouvé de raison d'intervenir, ce qui est le cas depuis le début de la manifestations.
Les manifestants ont clôturé une zone contenant des dizaines de tentes dans le terrain inférieur de McGill le 27 avril, à la suite d'une vague de manifestations similaires sur les campus aux États-Unis.
M. Sloan, qui s'identifie comme un Juif et soutient avoir souvent pris la rue pour dénoncer la situation à Gaza, et ce, depuis des années, a relaté qu'il y a eu un souper cérémonial de la Pâque juive à l'intérieur du campement dans les débuts. «Ce n’est pas quelque chose que des antisémites seraient intéressés [à faire]», a-t-il souri en mêlée de presse.
La direction de l'université demande à un juge d'ordonner aux manifestants de cesser de camper ou d'occuper son terrain. Elle souhaite aussi que la police de Montréal soit autorisée à l'aider à démanteler le campement au besoin.
Les premières heures de l'audience ont été largement consacrées à des questions de procédure, notamment à déterminer qui sera autorisé à représenter les accusés, qui figuraient dans le dossier judiciaire de McGill sous les noms de «John Doe et Jane Doe».
Le juge Marc St-Pierre de la Cour supérieure devrait entendre les arguments sur le fond de la demande lundi après-midi.
Scott Weinstein, du groupe «Voix juives indépendantes Canada», a déclaré lundi aux journalistes présents au palais de justice de Montréal que des médecins et des infirmières ont visité le camp et rejettent l'affirmation de l'université selon laquelle il n'est pas sûr.
M. Weinstein soutient que l'université est hypocrite en utilisant les problèmes d'assainissement comme raison pour expulser les manifestants, car il affirme que McGill a refusé d'autoriser l'installation de toilettes portables dans le campement.
Le recteur de McGill, Deep Saini, a publié vendredi une déclaration assurant que la direction s'engage à discuter de bonne foi des préoccupations des manifestants, même si une ordonnance était accordée.
Deux étudiants de McGill avaient demandé une injonction pour forcer les manifestants à s'éloigner d'au moins 100 mètres des bâtiments de l'université, mais leur demande a été rejetée le 1er mai.
Le 30 avril, McGill a demandé «l'aide de la police» pour démanteler le campement, mais ne l'a pas encore reçue. Selon le dossier déposé au tribunal, la police de Montréal a déclaré à McGill plus tôt ce mois-ci que ses «critères d'intervention policière n'étaient pas remplis» et a suggéré à l'université d'essayer de résoudre le problème par le dialogue.
En plus de doubler les effectifs de sécurité sur son campus, McGill a indiqué qu'elle devra probablement dépenser plus de 700 000 $ pour louer un autre lieu pour tenir les cérémonies de remise des diplômes, qui se déroulent habituellement sur le terrain partiellement occupé par les manifestants.
Par ailleurs, un nouveau campement propalestinien a été érigé dimanche, cette fois à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
Les demandes des participants sont similaires à celles des manifestants qui se sont rassemblés sur d'autres campus, mais ils veulent en plus montrer leur soutien aux militants qui participent au campement sur le terrain de l'Université McGill dans la foulée de la demande d'injonction.
Avec la collaboration de Lili Mercure pour Noovo Info.