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L'ambassade d'Ukraine à Ottawa demande au gouvernement Trudeau de fournir des armes, d'imposer de nouvelles sanctions à Moscou et d'élargir la mission canadienne de formation des militaires.
La déclaration, directe, a été transmise à La Presse Canadienne par l'ambassade ukrainienne, vendredi, alors que le premier ministre Justin Trudeau venait d'annoncer qu'Ottawa accordait à l'Ukraine un prêt de 120 millions $ pour l'aider à renforcer son économie, alors que des troupes russes sont massées à ses frontières.
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M. Trudeau a présenté cette contribution financière comme l'une des «principales demandes» des autorités ukrainiennes lors de la visite de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, cette semaine à Kiev.
La déclaration de l'ambassade ukrainienne indique que «la position politique ferme du Canada en faveur de l'Ukraine pourrait être renforcée» par «la prolongation et l'expansion de la mission canadienne de formation militaire», mais aussi par la fourniture d'armes et d'équipement de défense, et par l'imposition de «sanctions sévères» et ciblées dans certains secteurs.
L'ambassade écrit qu'«à la lumière d'une menace sérieuse d'une autre vague d'agression russe, nous avons eu des consultations avec les pays membres de l'OTAN, dont le Canada, sur les moyens de renforcer les capacités de défense de l'Ukraine» et «nous sommes convaincus que les pourparlers en cours avec nos partenaires canadiens donneront bientôt des résultats».
L'ambassade rappelle que 200 hommes et femmes des Forces armées canadiennes ont formé jusqu'ici 32 000 militaires ukrainiens selon les normes de l'OTAN. Cette mission de formation doit se terminer à la fin de mars et bien que M. Trudeau en ait vanté les mérites, il ne l'a pas officiellement prolongée.
«Tout le monde y gagne, car les Canadiens acquièrent des Ukrainiens une expérience de combat véritable, indique l'ambassade. En plus des centres d'entraînement existants, nous aimerions que la mission canadienne soit également présente dans d'autres endroits du centre et du sud de l'Ukraine.»
Imiter Londres et Washington
La Russie a posté environ 100 000 soldats aux frontières de l'Ukraine, ainsi que des chars et d'autres pièces d'artillerie lourde, attisant en Europe les craintes d'une invasion prochaine, ce que dément Moscou.
«Face au risque d'une nouvelle invasion russe, nous devons défendre notre territoire. Le Royaume-Uni et les États-Unis ont déjà envoyé à l'armée de l'équipement et nous souhaiterions que le Canada emboîte le pas», indique le communiqué de l'ambassade.
Les Canadiens d'origine ukrainienne ont exprimé leur déception de constater que la ministre Joly s'est déplacée en Europe sans rien de concret à offrir en matière de sanctions, d'armement ou de prolongation de la mission canadienne de formation militaire.
«Aujourd'hui, Justin Trudeau n'a pas annoncé d'armes défensives létales pour l'Ukraine, de sanctions de type Magnitski, ou d'imagerie satellite RADARSAT', a indiqué vendredi le député conservateur James Bezan, qui est interdit de séjour en Russie. `Nous sommes confrontés à la perspective d'une invasion complète de l'Ukraine par la Russie et Justin Trudeau est assis sur la clôture.»
Le premier ministre a indiqué vendredi que Mme Joly, lors de sa visite en Ukraine plus tôt cette semaine, avait discuté du prêt avec des responsables pour «aider à soutenir la résilience économique» du pays. Il a ajouté qu'Ottawa explorait d'autres options pour fournir un «soutien financier' et `d'autres mesures».
«Les conversations que notre ministre des Affaires étrangères a eues avec des responsables ukrainiens, dont le président, soulignent que nous sommes heureux d'être là pour renforcer la résilience et la force de l'économie ukrainienne face à la déstabilisation russe, y compris la déstabilisation économique», a déclaré M. Trudeau.
Les efforts diplomatiques pour empêcher une invasion russe se sont poursuivis vendredi: le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a rencontré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, à Genève.
À l'issue de la rencontre d'environ une heure et demie, M. Blinken a déclaré aux journalistes qu'il n'y avait pas eu de percée, mais il a estimé que les deux parties avaient une meilleure compréhension de leurs positions respectives.