Ozempic, le médicament amaigrissant très populaire qui a fait les gros titres à Hollywood, pourrait devenir beaucoup moins cher et plus largement distribué au Canada, après l'expiration du brevet canadien de son fabricant en janvier 2026. Cependant, cela suscite également des inquiétudes quant à une possible augmentation de l'abus de ce médicament.
«Je pense que ma véritable inquiétude est qu'on en arrive à une situation où les cliniques en ligne distribuent ces ordonnances à tout vent, à quiconque paie les 50$ de frais de traitement», a expliqué le Dr Christopher Labos, cardiologue et épidémiologiste basé à Montréal, à CTV News dimanche. «C’est là qu’on risque de commencer à voir beaucoup plus d’effets néfastes liés à ces médicaments.»
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
L'Ozempic, qui était principalement utilisé pour traiter le diabète, est également devenu un médicament amaigrissant très populaire. Son unique fabricant, le géant pharmaceutique mondial Novo Nordisk, a également créé le Wegovy, qui est prescrit spécifiquement pour la perte de poids.
Ozempic et Wegovy contiennent tous deux l’ingrédient actif sémaglutide. Comme le brevet canadien arrive à échéance le 4 janvier, le Canada pourrait devenir le premier pays au monde à autoriser la vente de versions génériques beaucoup moins coûteuses, ce qui les rendrait plus accessibles au grand public.
«Si une entreprise fabrique une version générique, qui est essentiellement une copie, la plupart des gens supposeront que les effets de ce médicament seront les mêmes que ceux de l'original», a avancé le Dr Hertzel Gerstein, chercheur de premier plan dans le domaine du diabète à l'Université McMaster.
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«Il est très probable qu'ils le commercialisent à un prix inférieur à celui des médicaments de marque, et si son prix est inférieur, cela signifie que les tiers payeurs, tels que les compagnies d'assurance ou le gouvernement, lorsqu'ils le prennent en charge, pourraient payer une version moins chère de ce qui sera considéré comme le même médicament», a-t-il ajouté.
Le Dr Alan Grill, chef du service de médecine familiale à l'hôpital Markham Stouffville d'Oak Valley Health, a souligné l'obstacle financier que représente actuellement le coût pour de nombreux patients.
«À l'heure actuelle, je pense qu'il faut compter environ 400$ par mois pour utiliser le Wegovy ou le semaglutide dans le cadre d'un traitement chronique contre l'obésité», a-t-il dit. «Tout le monde ne peut pas se le permettre, à moins d'avoir une assurance privée qui le couvre.»
«C'est assez cher, donc quand il sera générique, il sera évidemment plus accessible, car son coût baissera et il y en aura davantage à la disposition des patients.»
Autorisations demandées par des entreprises
Hims & Hers Health, une entreprise américaine de télésanté, a annoncé son intention de commercialiser un générique du semaglutide au Canada. Elle fait ainsi partie des nombreuses entreprises qui cherchent à tirer profit de ce médicament amaigrissant à succès, dont le chiffre d'affaires s'élève à plusieurs milliards de dollars.
Dans un communiqué de presse, Hims & Hers a affirmé qu'elle «prévoit d'offrir un accès à des options de traitement moins coûteuses via sa plateforme numérique, associée à un accès 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à des prestataires agréés et à des plans de soins personnalisés et cliniquement éprouvés».
«Le prix du semaglutide générique devrait être nettement inférieur à celui des versions de marque, et les prix devraient baisser avec le temps», ajoute-t-on par communiqué.
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Plusieurs autres entreprises ont demandé à Santé Canada l'autorisation de fabriquer et de vendre le semaglutide, mais aucune n'a encore reçu d'autorisation complète.
«À l'heure actuelle, il n'existe aucune version générique du semaglutide approuvée par Santé Canada, et nous ne pouvons pas commenter les projets d'autres fabricants», a-t-on indiqué.
Novo Nordisk est la seule entreprise au Canada à disposer de produits approuvés par Santé Canada contenant du semaglutide, commercialisés sous les noms Ozempic®, Rybelsus® et Wegovy® », a déclaré Novo Nordisk Canada dans un communiqué à CTV News. «Toutes les décisions relatives à la propriété intellectuelle sont mûrement réfléchies au niveau mondial. Les périodes d'exclusivité des produits pharmaceutiques prennent fin dans le cadre de leur cycle de vie normal, et des traitements génériques peuvent devenir disponibles au fil du temps.»
Novo Nordisk veut continuer de soutenir les personnes atteintes de diabète ou d'obésité et à les aider à gérer leur santé.
«Ça me rend malade»
Plusieurs anciens utilisateurs canadiens d'Ozempic se sont joints à un recours collectif déposé en octobre 2023 devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique, alléguant qu'ils n'avaient pas été correctement informés des effets secondaires indésirables du médicament.
«Nous avons reçu des milliers de messages de différents utilisateurs d'Ozempic qui ont subi ce type d'effets indésirables lors de la prise du médicament», a affimé Me Jill McCartney, associée du cabinet d'avocats Siskinds, basé à London, en Ontario.
«Dans la plainte, nous avons énuméré une série d'effets indésirables dont nous accusons le fabricant de ne pas avoir averti ou de ne pas avoir suffisamment averti, notamment des problèmes gastro-intestinaux», a-t-elle poursuivi.
Patricia Miller, une ancienne patiente sous Ozempic, affirme qu'elle souffre toujours des effets secondaires après avoir pris le médicament pendant six mois en 2022 et dit qu'elle vit un « enfer ».
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«Je ne peux pas manger, je ne peux consommer que des aliments liquides depuis que j'ai pris ce médicament, et la moitié du temps, je les vomis», a-t-elle dit à CTV News depuis Surrey, en Colombie-Britannique, dimanche. «J'ai tellement mal au ventre tout le temps que je porte maintenant un patch de fentanyl.»
«Ça me rend malade», a lâché Mme Miller lorsqu'on lui a demandé ce qu'elle pensait du fait que le semaglutide allait devenir moins cher et plus accessible au public canadien. «Davantage de personnes vont vivre ce que je vis, et je ne veux pas que quiconque vive ce que je vis.»
En réponse au recours collectif, Novo Nordisk a déclaré à CTV News que son équipe «surveille en permanence le profil de sécurité de nos produits et collabore étroitement avec les autorités sanitaires afin de garantir que les informations relatives à la sécurité des patients, y compris des informations adéquates sur les effets secondaires, figurent sur l'étiquetage des produits».
«Novo Nordisk garantit la sécurité et l'efficacité de tous ses médicaments GLP-1 lorsqu'ils sont utilisés par des patients appropriés, conformément à l'étiquetage du produit et aux indications approuvées», dit-on.
