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L'Opération Nez rouge a raccompagné presque 27 000 fêtards pendant la fin d'année 2024

Ce n'est pas un record.

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(Facebook | Opération Nez Rouge)

Avec la fin du temps des fêtes, l'Opération Nez rouge a également pris fin, après que plus de 23 800 bénévoles ont ramené près de 27 000 fêtards d'une côte à l'autre du Canada. L'organisme à but non lucratif (OBNL) a dévoilé le bilan de la 41e édition de l'opération vendredi.

Du 29 novembre au 31 décembre 2024, ce sont au total 23 827 bénévoles partout au pays qui ont effectué 26 935 raccompagnements dans 77 municipalités canadiennes.

Au Québec plus précisément, ils étaient 19 495 bons Samaritains à ramener à bon port 20 950 demandeurs.

L'an passé, l'opération avait totalisé plus de 30 000 raccompagnements au Canada et plus de 22 600 rien que dans la Belle Province.

Malgré un volume en baisse, l'organisme souligne une hausse du nombre moyen de raccompagnements par soirée. Il en a été de même pour la mobilisation des bénévoles.

Prévenir plus que conduire

En entrevue avec La Presse Canadienne, Marilyn Vigneault, la directrice générale d'Opération Nez rouge, nuance ces chiffres. Chaque édition est différente, rappelle-t-elle, et chaque édition est soumise aux aléas du calendrier et de la météo. 

Pour le premier, l'opération commençant toujours le dernier vendredi de novembre, la durée fluctue. En 2023, l'ouverture de la saison des raccompagnements s'était faite le 24 novembre, ce qui donnait cinq jours de plus qu'en 2024. Le calendrier, de l'avent ou pas, ne trompe pas.

Quant à la météo, l'alerte de verglas qui a été lancée par Environnement et Changement climatique Canada entre Noël et le Nouvel An a forcé la fermeture de certaines centrales de bénévoles. «La sécurité de nos clients et des bénévoles reste notre priorité, expose Mme Vigneault. Donc, quand les conditions routières ne sont malheureusement pas favorables, parfois, ça amène certaines centrales à fermer. (...) Et si la météo n'est pas si pire, il n'en demeure pas moins que ça peut entraîner moins de déplacements chez les gens, qui vont peut-être plus rester à la maison.»

Elle note aussi que les comportements ont quelque peu changé depuis la pandémie. Avant que le Québec ne connaisse les joies modérées d'un Noël confiné, Nez rouge avait enregistré jusqu'à 50 000 transports en une édition (celle de 2019).

Toujours est-il qu'Opération Nez rouge estime que le bilan de l'édition 2024, loin d'être négatif, montre plutôt «l’importance de l’Opération Nez rouge dans la prévention de la conduite avec les facultés affaiblies ainsi que le mouvement de solidarité collective entourant cette initiative».

Marilyn Vigneault insiste sur le fait que l'objectif de l'OBNL est avant tout la prévention et la sensibilisation. «Ce qu'on veut, ultimement, c'est que les gens adoptent un comportement responsable, prévoient leurs déplacements», explique-t-elle. 

Elle estime que les efforts fournis portent leurs fruits. Pour preuve, la directrice cite les moyennes par soirée et leur progression qui, selon elle, démontrent que les gens souhaitent une amélioration des bilans routiers.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la plupart des clients contactent l'organisme depuis un restaurant ou un bar. La directrice mentionne que les raccompagnements effectués par Nez rouge concernent bien souvent une soirée un peu trop alcoolisée au goût d'un éthylotest, même si les bénévoles sont là pour raccompagner quiconque ne se sent pas capable de reprendre le volant. Que ce soit à cause de l'alcool, de la drogue ou simplement de la fatigue.

La Sûreté du Québec insiste sur le danger que représente l'alcool ou la drogue quand on prend le volant. Elle rappelle que, rien qu'entre le 15 décembre 2023 et le 3 janvier 2024, la province a comptabilisé sept collisions mortelles sur les routes, qui ont fait autant de morts. Les chiffres correspondant à la période des fêtes de 2024 ne sont pas encore disponibles.

Selon Statistique Canada, le nombre d'incidents de conduite avec capacités affaiblies par l’alcool est en baisse quasi constante depuis 2009. Peut-être une autre raison - la meilleure, à n'en pas douter - qui expliquerait le bilan en baisse de l'Opération Nez rouge depuis l'an dernier. Les incidents liés à la consommation de drogues, eux, sont en revanche à la hausse, bien que toujours moins nombreux que ceux liés à l'alcool.

À VOIR | Une nuit avec l'Opération Nez rouge

Des bénévoles de tous horizons

S'ils sont réunis par un sentiment du devoir accompli, les bénévoles sont très différents les uns des autres, pointe l'organisme. À peu près aussi jeunes que plus vieux, hommes ou femmes, seuls ou en famille, le portrait varie énormément. «On a même beaucoup de collègues», ajoute Marilyn Vigneault. «Ça devient une activité de 'team building', que d'être bénévole pour Nez rouge.»

C'est d'ailleurs par ses collègues que Benoît Breton a commencé à faire du bénévolat pour l'Opération Nez rouge, il y a 30 ans de ça. Pas pour faire du «team building», mais simplement entraîné par des copains de travail. À l'époque, il a participé trois ans de suite, «pour rendre service à la communauté, bien sûr», mais aussi par goût du travail avec «l'humain».

Ensuite, l'employé est devenu entrepreneur et n'a plus eu le temps de consacrer des soirées de fin d'année à l'organisme. Il a dû mettre son engagement sur pause jusqu'à sa retraite, il y a deux ans et demi. Ainsi, 2024 marque sa deuxième participation de suite depuis qu'il a renfilé le chandail rouge des bénévoles, que M. Breton a retrouvés avec plaisir.

«Tous les gens qui vont là, ce sont des gens qui ont le goût pour être bénévole, qui ont le goût de rendre service à la communauté. Et puis c'est dans le cadre festif, les gens sont de bonne humeur, on est contagieux dans le plaisir.»
Benoît Breton, bénévole de Nez rouge

L'un des aspects les plus savoureux qu'il apprécie est l'échange d'anecdotes entre bénévoles et entre les bénévoles et les clients. Car ces derniers peuvent aussi se confier et les bénévoles se font alors, le temps d'un trajet, psychologue.

Marilyn Vigneault précise qu'elle-même a été bénévole durant plusieurs années et apprécie toujours autant l'ambiance. «Les gens sont là pour mettre l'épaule à la roue, pour faire partie d'un mouvement de société. Parce que, oui, Nez rouge, après 41 ans, ça fait partie des traditions», soutient-elle.

Cependant, l'expérience atypique de Benoît Breton lui permet de prendre du recul entre ses deux expériences de bénévole. Aujourd'hui, il voit une vraie différence par rapport à il y a 30 ans. Non pas au niveau de l'ambiance, mais de l'état d'esprit des clients.

«Ce n'est plus comme avant, analyse-t-il. Il y a 30 ans, on avait reconduit beaucoup de gens saouls ou très avancés au niveau de la boisson. Maintenant, les gens sont beaucoup plus sensibilisés à l'alcool. Ils sont limites et ne savent pas trop s'ils sont légal ou non, donc ils ne prennent pas de chance. Ce sont des gens qui sont très lucides.»

Mobilisation en augmentation au Nouveau-Brunswick

Mme Vigneault relève que, contrairement à la province et au pays, le Nouveau-Brunswick affiche un bilan en hausse pour l'édition 2024, qui avait lieu dans trois régions, à savoir celles d'Edmunston, de Chaleurs et de la péninsule acadienne.

Le nombre de transports a augmenté de 4% d'une année à l'autre, passant de 1127 à 1175. Quant aux bénévoles, leur mobilisation a été encore plus forte, leur contingent étant passé de 1047 à 1122, ce qui correspond à 7% de plus.

Le Nouveau-Brunswick est la seule province des Maritimes, pour l'instant, à participer à l'Opération Nez rouge.

Caroline Chatelard

Caroline Chatelard

Journaliste