Début du contenu principal.
Déjà, l’ombre de 2025 plane sur les organismes qui mènent ces projets à bout de bras. Qui pourra obtenir des fonds et comment seront-ils distribués? Tour d’horizon.
La Ville de Sherbrooke a épuisé son budget 2024 en matière de logements sociaux et communautaires et a annoncé qu’elle ne pourra plus soutenir de nouveaux projets d’ici à la fin de l’année. Déjà, l’ombre de 2025 plane sur les organismes qui mènent ces projets à bout de bras. Qui pourra obtenir des fonds et comment seront-ils distribués? Tour d’horizon.
À Sherbrooke, la Coopérative d’habitation des Cantons-de-l’Est travaille sur un projet majeur qui prendra place sur le site de l’ancien restaurant la Toque Rouge, sur Belvédère Sud. À lui seul, ce projet, si l’on se fie à des documents présentés par la Ville il y a quelques semaines, demanderait une contribution municipale de 8,9M$. Rappelons que le budget de la Ville en logements sociaux et communautaires, pour l’ensemble de 2024, se chiffrait à 8M$ seulement.
«Oui, on a espoir [d’obtenir ces sommes en 2025]», a lancé pourtant Philippe Grenier, directeur général de la coopérative. «On sait que c’est un projet qui est quand même de grande envergure et qui va demander une contribution municipale importante. Il ne faut pas oublier que c’est pour créer 122 logements supplémentaires. C’est quand même un des très gros projets à Sherbrooke dans les dernières années.»
Lors de la séance du comité plénier du 13 février, une liste des projets à prévoir a été présentée. Si les six projets devaient tous se réaliser en 2025, la contribution demandée à la Ville pourrait atteindre près de 19M$. Parmi eux, quatre projets sont menés par les Habitations L’Équerre.
«Juste à l’Équerre, il y aurait de quoi manger toutes les sommes de l’argent de la Ville», a mentionné le responsable au développement, Richard Tanguay.
À VOIR AUSSI | Manif à Sherbrooke pour réclamer un meilleur accès aux logements sociaux
La directrice générale, Denise Godbout, ajoute que les besoins sont criants. «Notre liste d’attente est rendue à 200 demandes», a-t-elle fait valoir.
Selon Mme Godbout, ces 4 projets ont tous le potentiel de se réaliser en 2025.
Pour la conseillère indépendante du district du Pin-Solitaire, Hélène Dauphinais, la Ville n’aura pas les moyens de financer l’ensemble des projets qui figurent déjà dans les projets à prévoir.
«On a rencontré le mur. On est rentré dedans. Ce n’est pas une certitude qu’ils vont obtenir les fonds de la Ville. Je ne vois pas comment on va y arriver.»
Pour la conseillère municipale du district d’Ascot et présidente de la Commission de l’aménagement du territoire, Geneviève La Roche, il est toutefois beaucoup trop tôt pour lancer la serviette sur certains projets. Elle propose entre autres d’offrir des crédits de taxes aux organismes pour certains projets, plutôt que de donner des contributions monétaires directes.
«C’est quelque chose qui est possible et qui a été simplifié par les plus récentes décisions du gouvernement provincial. […] Pour moi, on n’est vraiment pas rendu au stade de dire qu’on va prioriser [certains projets] et en laisser de côté», a dit Mme La Roche.
Denise Godbout et Philippe Grenier s’entendent pour dire que la Ville et ses partenaires doivent s’assoir rapidement pour discuter des mécanismes de répartition des sommes disponibles.
«C’est prioritaire», a lâché Mme Godbout des Habitations L’Équerre.
«Les besoins sont ça, les ressources sont ça. Comment on se répartit la tarte? Le but étant de faire ça en concertation et non de se cannibaliser», a ajouté M. Grenier.
Un consensus semble se dégager à Sherbrooke et pas seulement au conseil municipal. Le Programme d’habitation abordable du Québec (PHAQ) qui a remplacé Accès Logis pour la construction de logements doit être revu par le gouvernement de François Legault.
«Il n’est pas adapté, je pense, à la capacité de payer des villes», a analysé Hélène Dauphinais. «Peut-être que c’est nous, en se donnant un objectif de création de 200 logements par année, qu’on est trop ambitieux?»
«Tout le monde s’entend pour dire que ce n’est pas soutenable ce qu’on demande comme proportion d’investissements aux municipalités si on veut vraiment mettre le nombre de portes qu’on devrait mettre en logement social dans les prochaines années», a ajouté Geneviève La Roche.
Un avis partagé par Richard Tanguay.
«Moi, je trouve que ça ne tient pas la route. Toute cette belle enveloppe-là qui se promène, fédéral, provincial, pour faire du logement, c’est fantastique, mais à nulle part on a pensé verser une aide aux villes», a poursuivui celui qui a plusieurs années derrière la cravate en matière de développement de logements sociaux.
La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a décliné notre demande d’entrevue. Par courriel, son équipe défend toutefois le nouveau programme et indique que des discussions se sont tenues avec des représentants de la Ville de Sherbrooke.
«La contribution municipale demandée dans le PHAQ est similaire à celle d’Accès Logis. Comme les coûts de réalisation ont grandement augmenté dans les dernières années, la contribution monétaire par unité a par le fait même augmenté ce qui met une pression sur chacun des bailleurs de fonds pour réaliser les unités», peut-on lire.
«Rappelons également qu’il y a actuellement plusieurs projets PHAQ qui sont en chantier et qui seront en opération dans les prochains mois et ce, partout au Québec.»
«Je pense qu’ils n'en sont pas si conscients en ce moment, mais on travaille pour faire réaliser [à Québec] que pour nous, les enjeux sont énormes. On n’est pas la seule municipalité au Québec à porter ça», a conclu Geneviève La Roche.
Pour les plus récentes nouvelles touchant l'Estrie, consultez le Noovo.Info.