L'Iran a riposté aux frappes israéliennes vendredi soir en lançant des missiles balistiques sur Israël, où des explosions ont éclaté dans le ciel de Jérusalem et de Tel-Aviv, secouant les bâtiments en contrebas.
«Nous ne les laisserons pas échapper sains et saufs à ce grand crime qu'ils ont commis», a soutenu le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, dans un message enregistré dans lequel il a juré vengeance.
Lors d'une deuxième série d'attaques, des sirènes et des explosions, probablement celles d'intercepteurs israéliens, ont retenti tôt samedi au-dessus de Jérusalem. L'armée israélienne a exhorté les civils, déjà secoués par la précédente vague de missiles, à se mettre à l'abri.
Quelques heures plus tard, un missile iranien s'est abattu près d'habitations dans la ville de Rishon Lezion, dans le centre d'Israël, blessant 13 personnes, selon le service paramédical israélien Magen David Adom.
Le média iranien Nour News, étroitement lié aux Gardiens de la révolution, a annoncé tôt samedi le lancement d'une vague de missiles. Des journalistes d'Associated Press à Tel-Aviv ont pu voir au moins deux missiles iraniens toucher le sol, mais aucune victime n'a été signalée dans l'immédiat.
Pendant ce temps, le bruit des explosions et des tirs des systèmes de défense aérienne iraniens sur des cibles a résonné dans le centre de Téhéran peu après minuit samedi.
Lors de sa première riposte, l'Iran a tiré plus de 100 drones sur Israël.
L'armée israélienne a déclaré avoir mobilisé des réservistes et commencé à déployer des troupes dans tout le pays, se préparant à de nouvelles représailles de la part de l'Iran ou de groupes alliés iraniens.
Les systèmes de défense aérienne terrestre américains déployés dans la région contribuaient à abattre des missiles iraniens, a mentionné un responsable américain s'exprimant sous couvert d'anonymat pour discuter de ces mesures.
Israël a lancé en matinée des attaques contre le cœur du dispositif nucléaire et militaire iranien, déployant des avions de combat et des drones précédemment introduits clandestinement dans le pays pour attaquer des installations clés et tuer des généraux et des scientifiques de haut rang.
L'ambassadeur d'Iran à l'Organisation des Nations unies (ONU) a indiqué que 78 personnes avaient été tuées et plus de 320 blessées lors des attaques israéliennes.
Les frappes aériennes et les opérations de renseignement israéliennes, ainsi que les représailles de l'Iran, ont suscité des inquiétudes quant à une guerre ouverte entre les deux pays et ont précipité la région, déjà à fleur de peau, dans un chaos encore plus grand.
La conjonction d'événements déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, et la réélection du président américain Donald Trump, ont toutefois créé les conditions qui ont finalement permis à Israël de mettre ses menaces à exécution. Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a fait savoir que les États-Unis avaient été informés à l'avance de l'attaque.
L'Iran a été blâmé jeudi par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour non-respect de ses obligations visant à l'empêcher de développer l'arme nucléaire.
Une réunion d'urgence
Les pays de la région ont condamné l'attaque israélienne, tandis que les dirigeants du monde entier ont appelé à une désescalade immédiate des deux côtés.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a convoqué une réunion d'urgence vendredi après-midi à la demande de l'Iran. Dans une lettre adressée au Conseil, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi, a qualifié le meurtre de ses responsables et scientifiques de «terrorisme d'État» et a affirmé le droit de son pays à la légitime défense.
Selon l'armée israélienne, environ 200 avions ont participé à l'attaque initiale contre une centaine de cibles. Deux responsables de la sécurité ont témoigné que les services secrets israéliens (Mossad) avaient réussi à positionner à l'avance des drones explosifs à l'intérieur de l'Iran, puis à les activer pour viser des lanceurs de missiles dans une base près de Téhéran.
L'attaque israélienne a touché plusieurs sites, dont la principale installation d'enrichissement nucléaire iranienne à Natanz, où de la fumée noire s'élevait dans les airs.
L'attaque semble également avoir touché une deuxième installation d'enrichissement nucléaire, plus petite, à Fordo, à environ 100 kilomètres au sud-est de Téhéran, selon un média iranien proche du gouvernement qui a signalé des explosions à proximité.
Israël a également déclaré avoir frappé une installation de recherche nucléaire à Ispahan et avoir détruit des dizaines d'installations radar et de lanceurs de missiles sol-air dans l'ouest de l'Iran. L'Iran a confirmé la frappe à Ispahan.
Parmi les victimes figuraient trois des principaux dirigeants militaires iraniens: le général Mohammed Bagheri, qui supervisait l'ensemble des forces armées; le commandant en chef, Hossein Salami, qui dirigeait le corps des Gardiens de la révolution islamique; et le général Amir Ali Hajizadeh, chef du programme de missiles balistiques des Gardiens.
Des mois de préparation
Benjamin Nétanyahou a expliqué que l'attaque était en préparation depuis des mois. Dans une déclaration vidéo envoyée aux journalistes vendredi, il a précisé avoir ordonné la préparation de l'attaque en novembre dernier, peu après l'assassinat de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah au Liban, l'un des plus puissants alliés de l'Iran. Le premier ministre israélien a mentionné que l'attaque était prévue pour avril, mais qu'elle avait été reportée.
Donald Trump a exhorté vendredi l'Iran à conclure un accord avec les États-Unis sur son programme nucléaire, avertissant sur sa plateforme Truth Social que les attaques israéliennes «ne feront qu'empirer».
«L'Iran doit conclure un accord, avant qu'il ne reste plus rien, et sauver ce qu'on appelait autrefois l'Empire iranien», a-t-il écrit.
Les dirigeants israéliens ont présenté cette attaque comme nécessaire pour écarter une menace imminente de construction de bombes nucléaires par l'Iran, même si l'on ne sait pas encore dans quelle mesure ce pays est proche de cet objectif. L'Iran maintient que son programme nucléaire est uniquement destiné à des fins civiles.
