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L'Iran rejette les accusations de l'Australie sur son implication dans des attaques antisémites

Les autorités australiennes ont déclaré «persona non grata» l’ambassadeur iranien Ahmad Sadeghi.

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ee0a284b35c974d5b86a5f99f4c79ce8edbc9ca04ee31e50759fc27801b88ccd.jpg Vue générale de l'ambassade d'Iran à Canberra, en Australie, le vendredi 10 février 2023. (Lukas Coch/AAP Image via AP)

L’Iran a rejeté mardi les accusations de l’Australie l’impliquant dans des incendies criminels antisémites à Sydney et Melbourne, avertissant qu’elle prendrait des mesures de rétorsion à l’expulsion de son ambassadeur à Canberra annoncée lundi.

«L’accusation qui a été portée est catégoriquement rejetée», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, lors d’un point de presse hebdomadaire, ajoutant que «toute mesure inappropriée et injustifiée au niveau diplomatique entraînera une réaction de rétorsion».

Le premier ministre australien, Anthony Albanese, a affirmé lundi que l’Iran était à l’origine de l’incendie d’un café casher près de Sydney, en octobre 2024, et de la synagogue Adass Israel de Melbourne en décembre 2024, deux attaques qui n’ont pas fait de victimes.

Les autorités australiennes ont déclaré persona non grata l’ambassadeur iranien Ahmad Sadeghi, et lui ont donné, ainsi qu’à trois autres diplomates iraniens, sept jours pour quitter le pays. Canberra a également suspendu les activités de son ambassade à Téhéran et rappelé son propre ambassadeur.

«Il semble que cette mesure ait été prise afin de compenser les critiques limitées que la partie australienne a adressées au régime sioniste» (Israël), a affirmé M. Baqaei.

Le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a qualifié M. Albanese de «politicien faible», affirmant que l’accusation portée contre l’Iran «n’avait aucun sens».

«L’Iran paie le prix du soutien du peuple australien à la Palestine. Canberra devrait savoir qu’il ne faut pas tenter d’apaiser un régime dirigé par des criminels de guerre», a ajouté sur le réseau X le chef de la diplomatie iranienne, en référence aux dirigeants israéliens.

Canberra avait fustigé la semaine dernière le «déchaînement» de critiques du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a accusé M. Albanese d’avoir «trahi Israël» en faisant part de son intention de reconnaître un État palestinien à l’ONU en septembre.

Aucun blessé

L’Australie dispose d’une ambassade à Téhéran depuis 1968. Elle déconseille à ses ressortissants de se rendre en Iran depuis 2020.

M. Albanese a affirmé que l’Iran était à l’origine de l’incendie d’un café casher dans le quartier de Bondi, près de Sydney, en octobre 2024, et de la synagogue Adass Israel de Melbourne en décembre 2024, disant s’appuyer sur les conclusions des services de renseignement.

Aucun blessé n’avait été signalé lors de ces deux incendies.

Le directeur de l’Australian Security Intelligence Organisation (ASIO), Mike Burgess, a déclaré qu’une enquête «minutieuse» des services de renseignement avait mis au jour des liens entre les attaques antisémites et les Gardiens de la révolution.

Il soutient que l’armée idéologique de la République islamique a utilisé un réseau complexe d’intermédiaires pour dissimuler son rôle.

Mais l’ambassade et ses diplomates ne seraient pas impliqués, d’après le directeur de l’ASIO.

Organisation terroriste

Les services australiens n’excluent pas que l’Iran soit à l’origine d’autres attaques antisémites perpétrées dans le pays.

Lors d’une conférence de presse plus tôt cet été, M. Burgess avait mentionné l’Iran comme un pays qui tenterait activement de voler des informations classifiées.

La communauté juive pourrait trouver un certain réconfort dans l’avancée de cette enquête, selon Daniel Aghion, président du Conseil exécutif des Juifs australiens.

«Cependant, nous resterons très inquiets d’avoir été pris pour cible de manière aussi cruelle et calculée (…), simplement en raison de notre identité», a-t-il confié.

L’Australie va légiférer pour inscrire les Gardiens de la révolution sur sa liste des organisations terroristes, selon Anthony Albanese.

Une décision saluée par l’ambassade d’Israël à Canberra. «C’est une mesure que nous préconisons depuis longtemps», a-t-elle réagi dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

«Le régime iranien ne menace pas seulement les Juifs ou Israël, il met en danger l’ensemble du monde libre, y compris l’Australie. Il s’agit d’une mesure forte et importante» a-t-elle ajouté.