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Liquidation probable de Lion Électrique, selon un contrôleur désigné par le tribunal

«La probabilité qu’on ait une liquidation des actifs est très élevée.»

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2db0969d09142e983ae3ff98abd3b11a585a901f8a4bb64915261366cc3463f6.jpg La porte arrière de l’autobus électrique Lion C, fabriqué au Québec, est visible à l’usine d’assemblage de Lion Électrique à Saint-Jérôme, au Québec, le lundi 21 août 2023. (Christinne Muschi | La Presse canadienne)

Lion Électrique sera très probablement liquidée à la suite du refus du gouvernement du Québec d’investir davantage de fonds publics dans l’entreprise, affirme le contrôleur désigné par le tribunal pour le constructeur de véhicules électriques. 

Jean-François Nadon, spécialiste en restructuration chez Deloitte, a indiqué lundi, lors d’une audience devant la Cour supérieure, que l’aide gouvernementale aurait été une condition à toute vente de l’entreprise en difficulté.

Cette possibilité étant écartée, a-t-il ajouté, il est peu probable qu’un acheteur présente un plan de relance du constructeur de Saint-Jérôme, qui a demandé la protection de ses créanciers en décembre.

«La probabilité qu’on ait une liquidation des actifs est très élevée», a-t-il affirmé.

M. Nadon a déclaré que l’annonce récente du gouvernement de ne plus injecter de fonds publics dans Lion Électrique avait été une «onde de choc» pour l’entreprise.

Des reportages ont rapporté la semaine dernière qu’un groupe d’acheteurs cherchait à obtenir 24 millions $ de la province pour relancer le constructeur de véhicules électriques. M. Nadon a souligné que «rien n’indiquait» que les acheteurs seraient incapables d’obtenir ce financement avant la décision du gouvernement.

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Mais la ministre de l’Économie du Québec, Christine Fréchette, a annoncé mercredi soir sur les réseaux sociaux qu’il serait irresponsable d’offrir davantage de fonds publics à Lion. Elle a ensuite affirmé aux journalistes qu’elle se serait attendue à une plus grande implication du secteur privé.

Par ailleurs, le premier ministre François Legault, interrogé la semaine dernière au sujet de Lion Électrique, a évoqué le retour au pouvoir de Donald Trump. Il a suggéré que le Québec pourrait devoir assouplir ses objectifs d’électrification des transports, les États-Unis n’en faisant pas une priorité.

Le Québec a déjà investi massivement dans Lion Électrique, et M. Legault a indiqué que la province risquait de perdre environ 140 millions $ avec l’entreprise.

M. Nadon a dit croire que le gouvernement a pris sa décision en raison de la «situation sociopolitique» avec les États-Unis, qui, selon lui, «limite l’expansion du plan d’affaires de Lion» et crée des «risques extrêmement importants» pour les perspectives de l’entreprise.

À la fin de la semaine dernière, Deloitte a commencé à contacter les liquidateurs et les encanteurs qui étaient auparavant intéressés par la vente des actifs de Lion Électrique. Ils ont été invités à soumettre des offres au cours de la fin de semaine, et M. Nadon a dit espérer conclure une entente à présenter au tribunal lundi prochain.

Selon M. Nadon, Lion a licencié tous ses employés, sauf 12, après l’annonce de la décision du gouvernement la semaine dernière. Il a précisé que l’entreprise était toujours en mesure de payer son personnel restant, mais qu’elle n’a pas pu payer le loyer de ses locaux au 1er mai, soit un montant total d’environ 400 000 $.

Lion Électrique fabriquait des autobus électriques d’écoliers et compte actuellement environ 1175 véhicules en circulation au Québec. Cependant, l’entreprise a connu plusieurs vagues de licenciements l’an dernier et a cessé la production d’une usine en Illinois, avant de se placer sous la protection de ses créanciers en décembre.

Un projet d’action collective intentée par les actionnaires de Lion Électrique contre les administrateurs et dirigeants de l’entreprise, qui allèguent qu’ils ont induit les investisseurs en erreur et ont présenté de manière inexacte la santé financière de l’entreprise, pourrait être entamé une fois l’entente finalisée. 

Maura Forrest

Maura Forrest

Journaliste