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L’Inde n’a jamais partagé ses preuves sur les séparatistes sikhs au Canada

C'est ce qu'a affirmé Richard Fadden sur les ondes de CTV News.

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L'ancien directeur du SCRS, Richard Fadden, s'exprime lors d'une table ronde dans le cadre de l'enquête publique sur l'ingérence étrangère dans les processus électoraux fédéraux et les institutions démocratiques, à Ottawa, le 31 janvier 2024. L'ancien directeur du SCRS, Richard Fadden, s'exprime lors d'une table ronde dans le cadre de l'enquête publique sur l'ingérence étrangère dans les processus électoraux fédéraux et les institutions démocratiques, à Ottawa, le 31 janvier 2024. (AP Photo)

Un ancien directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et conseiller en matière de sécurité nationale auprès de deux premiers ministres affirme que l'Inde n'a jamais fourni de preuves au Canada lorsqu'elle exprimait ses inquiétudes concernant les activités séparatistes sikhs sur le sol canadien.

Richard Fadden a fait ces commentaires dans le cadre d'une table ronde avec ses collègues anciens conseillers en matière de sécurité nationale Jody Thomas et Vincent Rigby, lundi, dans l'émission CTV Power Play avec l'animatrice Vassy Kapelos.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

M. Fadden a affirmé que lorsqu'il était conseiller à la sécurité nationale, les responsables indiens soulevaient «sans cesse» des préoccupations concernant le séparatisme sikh au Canada.

«Ils ne nous ont jamais fourni de preuves, et nous avons continué à leur expliquer qu'il ne suffisait pas de nous dire que nous avions un État de droit, nos propres procédures, etc.», a dit celui qui a été conseiller à la sécurité nationale des anciens premiers ministres Justin Trudeau et Stephen Harper, et directeur du SCRS de 2009 à 2013.

«J'espère donc que si une chose a changé, c'est qu'il y a désormais un échange efficace d'informations entre les forces de l'ordre des deux côtés, afin que, si possible, nous puissions saisir les tribunaux», a-t-il ajouté. «C'est une tâche difficile pour une agence de renseignement, nous avons même du mal à le faire ici, vous savez, passer du renseignement à la preuve.»

Dans une entrevue exclusive diffusée dimanche dans l'émission CTV Question Period, le nouveau haut-commissaire de l'Inde au Canada, Dinesh Patnaik, a indiqué que les nouvelles discussions entre les deux pays se sont concentrées sur «l'ensemble de la situation sécuritaire», qui, selon lui, inclut le mouvement séparatiste sikh.

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Le premier ministre indien Narendra Modi et son gouvernement condamnent depuis longtemps le mouvement pro-Khalistan, qui soutient la création d'un État sikh indépendant en Inde, et critiquent le Canada pour ne pas s'opposer au séparatisme sikh à l'intérieur de ses propres frontières.

Les relations entre le Canada et l'Inde sont tendues depuis 2023, lorsque Trudeau a dit qu'il existait des «allégations crédibles» selon lesquelles des agents du gouvernement indien auraient été impliqués dans l'assassinat du leader sikh canadien Hardeep Singh Nijjar plus tôt cette année-là.

Un an plus tard, la GRC et le gouvernement fédéral ont accusé des diplomates et des fonctionnaires consulaires indiens basés au Canada de se livrer à des activités clandestines liées à des activités criminelles graves dans ce pays, notamment des homicides et des extorsions.

Dans son entrevue, M. Patnaik a déclaré que le Canada n'avait toujours pas fourni de preuves à l'appui de ces allégations. Interrogé directement par l'animatrice Vassy Kapelos, il a également qualifié ces allégations de «grotesques et absurdes» et «dépourvues de toute preuve substantielle».

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Interrogée par Mme Kapelos sur la façon dont elle interprétait les commentaires du haut-commissaire, Jody Thomas a soutenu que M. Patnaik «faisait son travail», mais que cela «allait à l'encontre de la réalité».

Mme Thomas, qui a été à la sécurité nationale et au renseignement de 2022 à 2024 et s'est rendue en Inde pendant cette période, a également déclaré que l'Inde et le Canada avaient une «perception très différente des droits dans une démocratie».

«J'ai dû leur faire remarquer que, oui, là-bas, vous n'aimez pas le mouvement séparatiste. Ici, au Canada, nous avons un parti séparatiste qui siège au Parlement», a-t-elle xpliqué. «Il y a la liberté d'expression dans ce pays.»

«Maintenant, vous ne pouvez pas utiliser la liberté d'expression comme bouclier pour les discours haineux, donc nous avons surveillé cela très attentivement», a-t-elle précisé. «Mais en fin de compte, les séparatistes sikhs ont le droit de manifester ici au Canada, et cela n'a aucun impact en Inde.»

Mme Thomas avait également eu du mal à obtenir des preuves de la part des autorités indiennes pendant son mandat la sécurité nationale et au renseignement. L'ancien conseiller à la sécurité nationale et au renseignement Vincent Rigby, qui a occupé ce poste de 2020 à 2021, a vécu une expérience similaire.

«Je pense que le gouvernement indien a également cette perception de ce que le gouvernement canadien peut réellement faire», a-t-il dit. «J'ai reçu les mêmes appels téléphoniques que vous lorsque j'étais la sécurité nationale et au renseignement, et on me disait : "Il y a actuellement un groupe de personnes qui manifestent devant le haut-commissariat ou au consulat de Vancouver, que comptez-vous faire à ce sujet?" Et je devais répondre : «Au Canada, vous pouvez effectivement faire cela"».

Au cours de leur table ronde, les trois anciens conseillers à la sécurité nationale et au renseignement ont également discuté des efforts en cours pour rétablir les relations entre le Canada et l'Inde, tous trois s'accordant à dire qu'il s'agirait d'un «processus fragile».

M. Carney a invité M. Modi au sommet du G7 à Kananaskis, en Alberta, en juin, et la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a conclu la semaine dernière un voyage en Inde, qui comprenait également une rencontre avec M. Modi.

Les anciens conseillers à la sécurité nationale et au renseignement ont également discuté de la place du Canada dans le monde, en particulier de la manière dont il peut reconstruire ses relations avec des pays qui peuvent être considérés comme des adversaires dans certains secteurs, mais comme des alliés potentiels dans d'autres domaines.

Avec des informations de Stephanie Ha pour CTV News

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