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«Je sais qu'elle est en train de faire des efforts et j'apprécie ses efforts, mais après trois ans, on aimerait avoir un peu plus de progrès.»
Le constat de l’incapacité de la gouverneure générale Mary Simon de s’exprimer en français, trois ans après sa nomination, crée un profond malaise chez les libéraux fédéraux, qui sont à l’origine de sa nomination.
C’est le Journal de Québec qui en a fait le constat, mardi, lors de la visite de la gouverneure générale qui se trouve dans la région de Québec pour deux jours. Elle a été incapable de tenir une conversation en français au-delà d’un simple bonjour, s’exprimant uniquement en anglais.
L’affaire a créé des remous à Ottawa et, mercredi matin, le bureau de Mme Simon a annoncé que «c’est avec regret que Son Excellence la très honorable Mary Simon, gouverneure générale du Canada, doit renoncer à visiter le Pignon Bleu aujourd’hui», organisme communautaire qui devait la recevoir ce mercredi.
Mary Simon est née au Québec, à Kangiqsualujjuaq au Nunavik, mais ne parle que l’anglais et l’inuktituk. Au moment de sa nomination, en juillet 2021, elle avait promis d’apprendre la français.
Force est de constater, trois ans plus tard et malgré des cours de français, qu’elle n’a pas fait de réels progrès dans l’apprentissage de la langue de Molière.
«Je sais qu'elle est en train de faire des efforts et j'apprécie ses efforts, mais après trois ans, on aimerait avoir un peu plus de progrès», a laissé tomber le député libéral néo-écossais Darrell Samson, lorsqu’interrogé à ce sujet mercredi matin aux Communes.
M. Samson, qui est acadien, a ajouté qu’une fois nommée, Mme Simon «a une responsabilité de livrer la marchandise», mais il ne s’est pas gêné pour émettre une opinion claire à ce sujet: «Moi je crois que la personne qui est dédiée à ce siège devrait être bilingue, absolument.»
Le nouveau lieutenant québécois de Justin Trudeau, le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, a reconnu que la gouverneure générale «doit manifester non seulement le désir et la réalité de l'apprentissage du français, (mais aussi) la démonstration qu'elle maîtrise de plus en plus cette langue». Il a toutefois cherché à excuser cette lacune, allant jusqu’à lui prêter des intentions à l’époque de son enfance: «On sait qu’elle arrive d'un environnement où, malgré le fait qu'elle aurait probablement voulu dans son enfance apprendre le français, elle ne l’a pas appris pour des raisons indépendantes de sa volonté et de celle de sa communauté.»
Il a écarté du revers de la main l’idée qu’on devrait la démettre de ses fonctions, rappelant «qu'elle est la première gouverneure générale autochtone. (…) Elle fait beaucoup pour rassembler et rapprocher les Canadiens, y compris évidemment travailler pour la réconciliation, pour l'affirmation des peuples autochtones», a-t-il affirmé.
Il a tout de même reconnu, avant de quitter la mêlée de presse, que «sur la question du français, elle doit continuer à faire des efforts et démontrer davantage de succès».
Le ministre du Travail, Steven McKinnon, n’a pas voulu pour sa part aborder le sujet, répétant à deux reprises que «ce n'est pas un dossier auquel j'ai réfléchi». Il s'est contenté d’ajouter qu’il a «un très grand respect pour la gouverneure générale».
Sans surprise, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a été beaucoup plus tranchant, ironisant sur le fait que «la grande patronne de tout ce qui est canadien qui a besoin d'un interprète pour se promener à Québec, c'est déjà un peu étonnant».
Plus directement, M. Blanchet a déclaré qu’«elle n'aurait pas dû être nommée sans être capable de parler français. Elle aurait dû apprendre le français. On comprend qu'elle n'apprendra jamais le français», a-t-il pesté, précisant que le véritable problème n’est pas tant son apprentissage du français, mais bien sa fonction monarchique, «un archaïsme qu'il faudrait abolir». Il a promis que le Bloc continuera à demander l'abolition de tous les symboles, pratiques et pouvoirs liés à la monarchie britannique.