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À l'établissement pour femmes de Joliette, au Québec, les médicaments et les repas ont été retardés dans une unité de haute sécurité en raison d'un manque de personnel, selon Emilie Coyle de l'ACSEF.
Un organisme qui aide les femmes dans le système judiciaire est préoccupé par la grève en cours du plus grand syndicat de la fonction publique du Canada, après que l'une de ses avocates n'a pas pu accéder à une prison d'Edmonton.
Emilie Coyle, directrice exécutive de l'Association canadienne des Sociétés Elizabeth Fry, s'inquiète de nouvelles restrictions à un moment où certains établissements correctionnels sont déjà confrontés à des pénuries de personnel.
Selon Mme Coyle, le personnel du Service correctionnel du Canada accepte que les avocats d'Elizabeth Fry entrent dans les prisons, mais un piquet de grève à Edmonton, jeudi, a empêché l'une d'entre elles d'entrer dans l'établissement.
«Il y avait un grand nombre de piquets de grève et l'une de nos avocates régionales n'a pas pu entrer dans l'établissement», a-t-elle relaté.
Elle n'a pas pu s'approcher des portes pour parler à quelqu'un et lui dire: «Je suis ici pour surveiller les conditions de détention. Je ne franchirai pas le piquet de grève pour une autre raison», a mentionné Mme Coyle.
Celle-ci a indiqué que les directeurs des prisons réservées aux femmes ont essayé de se montrer conciliants. L'Alliance de la fonction publique du Canada a quant à elle déclaré que de tels blocages ne devraient pas avoir lieu.
«Les travailleurs essentiels et les membres du public qui ont besoin d'accéder aux bâtiments fédéraux ne devraient pas être empêchés d'y entrer», a indiqué le syndicat dans un communiqué.
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Mme Coyle a déclaré que l'association soutenait le droit de grève des travailleurs et que les avocats n'avaient pas l'intention de perturber le piquet de grève, mais qu'ils voulaient entrer dans les établissements pour s'assurer que les personnes qui s'y trouvaient continuaient d'être servies correctement.
«Les personnes incarcérées sont mises à l'écart de la société, mais lorsqu'une pandémie ou une grève survient, leur liberté dans l'enceinte de la prison peut être encore plus restreinte», a-t-elle déclaré.
La possibilité que les détenus aient des difficultés à accéder aux soins de santé, aux repas et à d'autres programmes en temps voulu en raison de la grève en cours est une autre préoccupation.
«Si les gens ne sont pas en mesure de franchir le piquet de grève, nous sommes particulièrement préoccupés par les médicaments, les détenues qui ont des enfants, qui sont enceintes, qui ont des besoins spécifiques en matière de médicaments», a soutenu Mme Coyle.
«Est-ce qu'on va s'assurer que leurs besoins en matière de soins de santé sont pris en compte?»
À l'établissement pour femmes de Joliette, au Québec, les médicaments et les repas ont été retardés dans une unité de haute sécurité en raison d'un manque de personnel, selon Mme Coyle.
Dans un communiqué publié jeudi, le Service correctionnel du Canada a mentionné que certains de ses employés étaient touchés par les activités syndicales en cours, que le nombre d'employés fluctuait et qu'il y avait des protestations sur plusieurs sites.
«Nous avons veillé à ce que les opérations essentielles soient maintenues et de nombreux employés ont été jugés essentiels pour les mener à bien», peut-on lire dans le communiqué.
«La fourniture de services alimentaires et de soins de santé aux détenus restera une priorité.»
Il est aussi précisé que le personnel de santé relève d'un autre syndicat et qu'il continuera à fournir des soins de santé dans les établissements de détention. Les visites des familles, des amis et du personnel de soutien dans les établissements se poursuivront.
«Toutefois, nous avons encouragé les visiteurs à téléphoner avant leur visite afin de s'assurer qu'il n'y a pas de perturbations», a déclaré le service correctionnel.
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Selon la durée de la grève, Mme Coyle craint que les programmes ne soient affectés de la même manière qu'au plus fort de la pandémie de COVID-19.
«Si les détenus ne sont pas en mesure de suivre leurs programmes, cela pourrait avoir une incidence sur leur libération», a exposé Mme Coyle.
«Les gens ont des plans correctionnels qui les obligent à suivre certains programmes avant de pouvoir se présenter devant la Commission des libérations conditionnelles, et si cela dure longtemps et que cela finit par affecter les programmes des gens, cela aura un effet aggravant sur la liberté des gens», ajoute-t-elle.
La Commission des libérations conditionnelles du Canada indique que certains de ses services, notamment les examens et les suspensions de casier, pourraient également être affectés par l'action syndicale, qui comprend des piquets de grève dans 250 sites à travers le pays.