International

L'idée d'une force de stabilisation à Gaza inquiète Moscou, Pékin et les pays arabes

Publié

06f15afad2e3f500600e8e9f7234d972c171560dd522304741c3a6d5e64a850e.jpg Des camions transportant de l'aide humanitaire traversent la ville de Gaza après être entrés d'Israël par le point de passage de Zikim, dans le nord de la bande de Gaza, le jeudi 13 novembre 2025. (Jehad Alshrafi | Associated Press)

Une proposition américaine visant à confier un mandat des Nations Unies à une force internationale de stabilisation à Gaza se heurte à l'opposition de la Russie, de la Chine et de certains pays arabes. Ces derniers s'inquiètent de la création d'un conseil, encore à définir, qui gouvernerait temporairement le territoire et de l'absence de rôle transitoire pour l'Autorité palestinienne.

La Chine et la Russie, deux membres du Conseil de sécurité de l'ONU disposant du droit de veto, ont demandé la suppression pure et simple du «Comité de la paix» prévu par le plan de cessez-le-feu du président Donald Trump, selon quatre diplomates onusiens informés du dossier, qui ont requis l'anonymat pour évoquer les négociations en cours.

Dans la dernière version du projet, publiée mercredi soir et obtenue par l'Associated Press, les États-Unis maintiennent la formulation relative à ce conseil tout en réaffirmant leur engagement en faveur de l'autodétermination palestinienne. 

Si certaines réactions à la proposition américaine reflètent les négociations habituelles entre pays, l’objection à la création d’un conseil de transition révèle de profondes divergences entre certains membres de l’organe le plus puissant de l’ONU et les États-Unis, après plus de deux ans de guerre.

Parallèlement, d’autres membres ont estimé qu’une action rapide permettrait d’éviter de compromettre les progrès accomplis vers la paix, a indiqué un diplomate. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a insisté sur l’urgence d'agir, affirmant que la résolution devait être adoptée «immédiatement».

«Je pense que nous progressons bien sur le libellé de la résolution et j’espère que nous pourrons agir très prochainement», a-t-il déclaré aux journalistes mercredi avant de quitter la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 au Canada. 

Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont demandé des modifications à la proposition américaine.

La semaine dernière, les États-Unis ont diffusé un projet de résolution aux 15 membres du Conseil de sécurité. Ce projet visait à conférer un large mandat international à la force de stabilisation afin d'assurer la sécurité à Gaza jusqu'à fin 2027, en collaboration avec le Comité de la paix, qui reste à créer.

La Russie, la Chine et l'Algérie se sont opposées à ce projet, et tous les autres membres du Conseil de sécurité, à l'exception de deux, ont proposé des amendements, selon un diplomate.

Les points de blocage portaient sur la voie vers un État palestinien indépendant et le calendrier du retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza, d'après deux diplomates. 

Le nouveau projet présenté cette semaine répond aux objections selon lesquelles la résolution initiale n'envisageait pas la création d'un futur État palestinien indépendant, sans toutefois imposer de conditions absolues. 

Le texte indique qu'après la mise en œuvre fidèle des réformes de l'Autorité palestinienne et les progrès de la reconstruction de Gaza, les conditions pourraient être réunies pour une voie crédible vers l'autodétermination et la création d'un État palestinien.

Le nouveau projet précise qu'à mesure que la force de stabilisation «établira son contrôle et la stabilité», l'armée israélienne se retirera de la bande de Gaza.

Les Émirats arabes unis, un allié majeur des États-Unis dans les négociations de paix, ont déclaré publiquement cette semaine qu'ils ne perçoivent pas encore de cadre clair pour la force de stabilisation proposée à Gaza et que, dans les circonstances actuelles, ils n'y participeront pas. 

Le plan insiste enfin sur la reprise intégrale de l'aide à Gaza par les Nations Unies, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, et sur la nécessité de veiller à ce que ces fournitures indispensables ne soient pas détournées.