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Le suicide d'un Québécois, qui venait de tuer ses deux enfants à Notre-Dame-des-Prairies, au nord-est de Montréal, rappelle aux Canadiens d'être conscients des signes avant-coureurs indiquant que quelqu'un pourrait nuire à des membres de sa propre famille, affirment des chercheurs sur la violence familiale.
Katreena Scott, du Centre de recherche et d'éducation sur la violence contre les femmes et les enfants de l'Université Western, affirme que les cas d'homicide intrafamilial suivent généralement plusieurs signes avant-coureurs.
«Les homicides conjugaux comptent parmi les homicides les plus prévisibles et les plus évitables, a-t-elle soutenu lundi lors d'un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne. Si nous regardons en arrière, nous réalisons qu'il y a des choses qui n'allaient pas et qu'il suffit d'être capable de rassembler les pièces du casse-tête pour répondre à ces préoccupations.»
Une séparation récente, une escalade d'abus, des expressions de peur de la part d'une victime ou un partenaire montrant des signes de dépression, des idées suicidaires ou un comportement obsessionnel sont tous des facteurs de risque potentiels d'homicide intrafamilial, a expliqué Mme Scott.
La responsable d'un organisme de prévention de la violence familiale et conjugale de Québec affirme que les tentatives croissantes d'un agresseur potentiel pour contrôler sa victime peuvent être un autre signe, même si ces efforts ne sont pas toujours faciles à identifier.
«Dans bien des cas d'homicide, l'homicide était le premier acte de violence physique», a nuancé Sabrina Nadeau, la directrice générale d'À coeur d'homme.
Les facteurs de risque qui précèdent un acte de violence «sont en réalité des gestes de contrôle», dont le but, poursuit Mme Nadeau, est de «priver la victime de sa liberté».
Des exemples qui peuvent être évidents pour une personne extérieure au foyer pourraient inclure les demandes d'un partenaire violent pour aider à surveiller ou à retrouver sa victime, ou l'utilisation d'un langage déshumanisant et vindicatif pour la décrire, a-t-elle énuméré.
Même si Mme Nadeau admet « qu'il faut une certaine formation et des connaissances en matière de violence conjugale pour pouvoir identifier ces risques », elle estime que les signalements de harcèlement à la police émanant d'une victime ou de ses proches, par exemple, pourraient fournir un « premier signe » du comportement dangereux d'un partenaire.
Il y a souvent d'autres témoins d'autres signes qui conduisent à un homicide intrafamilial, a déclaré Mme Scott. La clé, a-t-elle souligné, est de « reconnaître ces indicateurs comme des indicateurs de risque » et de « partager les informations… afin que l’on puisse avoir une vision complète du danger ».
Mme Nadeau croit toutefois qu'il existe des preuves selon lesquelles les Canadiens sont de plus en plus capables de reconnaître la violence familiale et conjugale.
Alors que Statistique Canada a enregistré une augmentation des incidents de violence familiale déclarés par la police au cours des dernières années – jusqu'à un taux de 336 victimes pour 100 000 personnes en 2021 – Mme Nadeau a suggéré que ces chiffres pourraient être dus à un changement d'attitude sociale.
«Je ne pense pas vraiment que cela ait augmenté. C'est peut-être le cas. Ce que je pense, c'est que le seuil de tolérance de la population a baissé», a-t-elle déclaré.