L'ancienne petite amie de Sean «Diddy» Combs s'est effondrée vendredi à la barre des témoins en décrivant leurs nombreux «marathons sexuels» sous l'emprise de la drogue, affirmant que le magnat de la musique avait ignoré ses signaux pour qu'il arrête et l'avait réprimandée pour avoir pleuré après une autre rencontre.
Témoignant sous le pseudonyme «Jane» pour une deuxième journée consécutive, la femme a raconté comment Combs l'avait poussée à continuer à avoir des relations sexuelles avec des hommes pendant qu'il regardait, même après qu'elle lui ait fait «des signes subtils» - en disant qu'elle était fatiguée et qu'elle avait faim, en faisant des grimaces et des gestes - pour lui faire comprendre qu'elle voulait arrêter.
Au lieu de cela, a-t-elle déclaré, il lui a dit de «finir en force».
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi elle ne lui avait pas dit clairement, Jane a répondu en sanglotant: «Je ne sais pas». Plus tard, elle a déclaré que Combs la faisait taire lorsqu'elle essayait de parler de mettre fin à ces événements, qu'elle qualifiait de «sombres et sordides».
Combs, 55 ans, a plaidé non coupable d'avoir dirigé son empire commercial comme une organisation criminelle qui a permis et dissimulé des abus sur des femmes pendant plus de deux décennies. S'il est reconnu coupable, il risque entre 15 ans et la prison à vie. La défense a affirmé que les relations sexuelles étaient toutes consenties et que rien de ce qu'avait fait Combs ne constituait une entreprise criminelle.
Une histoire similaire à celle d'un autre ex de «Diddy», Cassie
Le récit de Jane lors de la quatrième semaine du procès a largement reflété celui de la chanteuse de R&B Casandra «Cassie» Ventura, une autre ex-petite amie qui a témoigné que Combs l'avait agressée et forcée à avoir «des centaines» de relations sexuelles avec des prostitués masculins surnommés «freak-offs». Jane les appelait les «nuits à l'hôtel», et les hommes étaient des «animateurs» (entertainers, le terme qu'elle a utilisé en anglais).
La procureure Maurene Comey a cherché à démontrer que Combs utilisait sa fortune pour manipuler les femmes afin qu'elles se soumettent à ses exigences sexuelles et les rendre dépendantes de lui et de ses besoins. En septembre 2023, Jane a déclaré que Combs payait son loyer depuis environ cinq mois. Lorsqu'on lui a demandé ce qu'elle craignait s'il cessait de payer son loyer, Jane a répondu: «Que Sean me prenne la maison».
Après une de ces nuits, Jane dit avoir pleuré et affirme que Combs lui avait dit: «Ne fais pas ça maintenant», «je ne peux pas faire ça maintenant», «je suis trop défoncé». Elle a témoigné avoir perdu connaissance plus tôt à cause de l'ecstasy que Combs lui avait donnée.
Lors d'un autre événement du genre, elle a essayé de rester sobre, mais a vomi dans une salle de bain après avoir eu des relations sexuelles avec deux hommes, successivement. Combs lui a dit: «C'est bien. Tu te sentiras mieux maintenant que tu as vomi. Allez, on y va.» «Dégoûtée», elle a ensuite eu des relations sexuelles avec un troisième homme.
Jane a déclaré avoir enduré ces «nuits» parce qu'elle appréciait le temps qu'elle passait seule avec Combs après. «Je luttais vraiment pour refouler ma tristesse après coup», a-t-elle déclaré. Dans des messages qu'elle lui a envoyés, elle a écrit: «Je suis vraiment investie dans cette relation et j'ai le cœur brisé.»
Jane tente en vain de mettre fin les «nuits à l'hôtel»
Jane a fréquenté Combs de 2021 à 2024. Jeudi, elle a témoigné que leur relation avait commencé de manière amoureuse et passionnée, mais qu'elle avait rapidement dérivé vers des relations sexuelles avec d'autres hommes. La plus longue a duré trois jours et demi, tandis que la plupart ont duré entre 24 et 30 heures.
Vendredi, elle a raconté avoir envoyé un SMS à Combs en 2023 pour lui dire qu'elle aspirait à revenir aux débuts de leur relation, avant que les marathons sexuels ne dominent leur temps ensemble, dans le but d'y mettre fin. Elle lui a dit qu'elle se sentait obligée de se donner en spectacle pour lui et qu'elle regrettait d'avoir jamais participé à ces rencontres.
«Je ne veux plus me sentir comme ça», a-t-elle écrit, exhortant Combs à «parler comme des adultes et à déterminer où nous allons à partir de là».
Combs a répondu: «Ma fille, arrête».
Jane affirme que les relations sexuelles se sont poursuivies jusqu'à l'été 2024. Elle a participé à l'une d'entre elles dans la propriété de Combs, près de Miami, en août, quelques semaines seulement avant son arrestation dans un hôtel de Manhattan.
Vendredi, les jurés ont entendu le premier enregistrement audio de l'une de ces rencontres. Dans l'enregistrement, Jane demande à un homme de porter un préservatif lors de sa première nuit à l'hôtel, mais Combs l'a «fait culpabiliser». Ce n'était pas quelque chose qu'il voulait voir», dit-elle.
Jane a également déclaré que Combs lui avait demandé au moins deux fois de lui servir de passeuse de drogue, lui faisant nerveusement passer des pilules dans ses bagages enregistrés sur des vols commerciaux entre Los Angeles et Miami. Selon son témoignage, il avait réparti les pilules colorées dans des flacons et qu'elle avait fini par consommer une partie de la drogue avec lui.
Afin de protéger l'anonymat de Jane, le juge a interdit aux observateurs présents dans la salle d'audience de décrire ou de dessiner son apparence d'une manière qui pourrait révéler son identité. L'Associated Press n'identifie pas les personnes qui se disent victimes d'abus sexuels, sauf si elles choisissent de rendre leur nom public, comme l'a fait Cassie.
La défense s'attaque à la crédibilité des témoins
Les avocats de Combs ont tenté de semer le doute parmi les jurés quant à la crédibilité des témoins de l'accusation. Dans ses conclusions préliminaires, l'avocat Teny Geragos a reconnu que Combs avait «mauvais caractère» et des accès de violence, mais a fait valoir que ses habitudes sexuelles faisaient partie d'un mode de vie échangiste consensuel.
La défense a par exemple dépeint Cassie comme une participante enthousiaste à ces orgies. Lorsque Cassie a témoigné, les avocats de Combs lui ont fait lire des SMS et des e-mails dans lesquels elle exprimait sa volonté de participer à ces rencontres.
Avant que Jane ne témoigne jeudi, la défense a contre-interrogé Bryana «Bana» Bongolan, une amie de Cassie et graphiste qui poursuit Combs en justice. Bongolan a témoigné qu'en 2016, Combs l'avait maintenue au bord d'un balcon d'un immeuble de Los Angeles pendant 10 à 15 secondes, un épisode qui, selon elle, l'avait traumatisée et lui avait laissé des cauchemars persistants.
L'avocate de la défense, Nicole Westmoreland, a remis en cause la crédibilité de Bongolan, suggérant qu'elle avait menti ou exagéré. L'avocate a souligné que Combs était en tournée pendant une grande partie du mois de septembre 2016, notamment sur la côte Est à l'époque de l'incident du balcon. Bongolan a ensuite déclaré qu'elle ne se souvenait pas de la date exacte de l'incident, mais qu'elle n'avait aucun doute sur le fait qu'il s'était produit.
