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Les Yéménites pleurent la mort du premier ministre houtiste lors de frappes d'Israël

L'attaque israélienne est survenue trois jours après un tir de missile balistique houthiste vers Israël.

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fbff3ba47e83268d608ca73cd32518e6724d197f158c5699c954022cb0cc7f13.jpg La garde d'honneur porte le cercueil du ministre houthiste de la Culture et du Tourisme, Ali al-Yafei, et ceux d'autres responsables, tués jeudi lors d'une frappe israélienne, lors des funérailles à Sanaa, capitale du Yémen, le 1er septembre 2025. (Photo AP/Osamah Abdulrahman)

Des centaines de Yéménites ont pleuré lundi la mort du premier ministre des rebelles houthiste, Ahmed al-Rahawi, tué la semaine dernière avec plusieurs hauts gradés lors d'une frappe israélienne. Le groupe ciblait alors un pétrolier en mer Rouge, renouvelant ainsi ses attaques dans cette voie navigable cruciale.

L'attaque israélienne est survenue trois jours après un tir de missile balistique houthiste vers Israël. Tsahal affirme qu'il s'agit de la première bombe à fragmentation lancée par les rebelles soutenus par l'Iran depuis 2023.

À Sanaa, la capitale du Yémen, des personnes en deuil ont assisté aux funérailles, célébrées à la mosquée Shaab et diffusées par Al-Masirah TV, une chaîne d'information par satellite contrôlée par les Houthistes.

À l'intérieur de la mosquée, la foule scandait des slogans contre Israël et les États-Unis, pleurant les défunts, qui incluent notamment les ministres des Affaires étrangères, des Médias et de la Culture, et de l'Industrie.

Ahmed Khaled et Fathy Mahmoud, présents aux funérailles, ont déclaré à l'Associated Press que les familles des ministres tués étaient arrivées en ambulance pour les funérailles, où les corps ont été placés dans des cercueils à l'intérieur de la mosquée.

Des images montraient 11 cercueils portant chacun la photo des responsables tués et enveloppés dans des drapeaux yéménites.

«Nous participons à ces funérailles parce qu'Israël a tué ces responsables, et c'est une raison suffisante pour y assister», a déclaré Ahmed Azam, un autre participant, à l'AP.

M. Al-Rahawi est le plus haut responsable houthiste à avoir été tué depuis le début de la campagne israélo-américaine contre le groupe rebelle cette année. D'autres ministres et responsables ont été blessés, a confirmé un communiqué houthiste jeudi.

«Nous sommes entrés dans une guerre immense et influente et nous nous sommes affrontés aux États-Unis. Cette guerre était non seulement militaire, mais aussi économique, car Israël visait tout», a déclaré le premier ministre houthiste par intérim, Mohamed Muftah, dans son discours aux funérailles lundi.

Il a confirmé que, malgré les attaques israéliennes, les ports yéménites contrôlés par le groupe fonctionnent toujours et qu'il n'y a pas de crise alimentaire ou pétrolière.

Attaque contre un pétrolier

Les rebelles yéménites ont déclaré lundi avoir lancé un missile sur un pétrolier au large des côtes saoudiennes, en mer Rouge.

Le porte-parole militaire houthiste, le général de brigade Yahya Saree, a revendiqué la responsabilité de l'attaque dans un message préenregistré diffusé sur Al-Masirah. Il a affirmé que le navire, le Scarlet Ray, battant pavillon libérien et appartenant à Eastern Pacific, entretenait des liens avec Israël.

La société de sécurité maritime Ambrey a décrit le navire comme correspondant au profil cible des Houthistes, car il appartient à l'État israélien.

Eastern Pacific est une société contrôlée par le milliardaire israélien Idan Ofer, elle a déjà été la cible d'attaques présumées iraniennes.

Dans un communiqué, l'entreprise a indiqué que «le navire n'a subi aucun dommage et continue d'opérer sous le commandement de son capitaine. Tous les membres de l'équipage du Scarlet Ray sont sains et saufs.»

Les rebelles houthistes ont lancé des attaques de missiles et de drones contre Israël et des navires en mer Rouge en réponse à la guerre à Gaza, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. Ces deux dernières années, leurs attaques ont perturbé le transport maritime en mer Rouge, par lequel transitent environ 1000 milliards $ US de marchandises chaque année. Les Houthistes, soutenus par l'Iran, ont cessé leurs attaques lors d'un bref cessez-le-feu. Ils ont ensuite été la cible d'une intense campagne de frappes aériennes ordonnée par le président américain Donald Trump, avant qu'il ne déclare un cessez-le-feu avec les rebelles. Les Houthistes ont coulé deux navires en juillet, tuant au moins quatre personnes à bord, d'autres sont vraisemblablement détenus par les rebelles.

Les nouvelles attaques des Houthistes surviennent alors qu'un la possibilité d'un nouveau cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas reste incertain. Parallèlement, l'avenir des négociations entre les États-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire de Téhéran est remis en question après qu'Israël a lancé une guerre de 12 jours contre la République islamique, au cours de laquelle les Américains ont bombardé trois sites nucléaires iraniens.

Attaque contre l'ONU

Un responsable de l'ONU a affirmé que l'organisation mondiale n'était pas en mesure de contacter un grand nombre de ses employés dans les zones contrôlées par les Houthistes lundi matin.

Le responsable, s'exprimant sous couvert d'anonymat pour discuter de la question, a déclaré que 11 membres du personnel de l'ONU, arrêtés dimanche lors d'un raid des Houthistes contre leurs bureaux, comprenaient des travailleurs internationaux et locaux, ainsi qu'un haut responsable international.

Le groupe rebelle a également saisi des documents du matériel dans les bureaux de l'ONU, selon le responsable. La directrice exécutive du Programme alimentaire mondial, Cindy McCain, a déclaré lundi après-midi sur X que les Houthistes avaient pénétré de force dans les bureaux du Programme, confisqué et détruit des biens, en plus d'arrêter neuf membres de son équipe – comptés parmi les 11 déjà arrêtés. Mme McCain a qualifié les actions du groupe rebelle d'inacceptables.