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La pandémie, le télétravail et la solitude qui peut en résulter ont incité plusieurs personnes à adopter un animal de compagnie, ce qui accentue la pression exercée sur les médecins vétérinaires du Québec et du Bas-Saint-Laurent.
La pénurie de main-d’œuvre se faisait déjà bien ressentir dans les cliniques vétérinaires avant que la pandémie frappe, particulièrement en région. «Comme c’est le cas au Bas-Saint-Laurent, la situation a toujours été plus difficile au niveau du recrutement de nouveaux vétérinaires venant de l’extérieur de la région. Ils vont surtout rester autour des grands centres, comme Québec et Montréal, donc il y avait déjà une difficulté», explique le président de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, le Rimouskois Gaston Rioux.
La pénurie frappe un peu partout au Québec. À Alma, l'Hôpital Vétérinaire Carcajou aurait besoin de 3 vétérinaires et 5 techniciennes de plus pour répondre à la demande, indique la directrice, Kim Harvey.
Heureusement, les techniciennes en santé animale sont assez qualifiées pour aider les clients à distance par téléphone, explique madame Harvey en précisant que «la technicienne va pouvoir donner ses conseils, c'est elle qui va aussi décider avec le client si c'est vraiment essentiel que l'animal soit vu le jour même, est-ce qu'on peut le placer le lendemain ou la semaine d'après. Un peu comme au triage à l'hôpital.»
À la Clinique vétérinaire du Saguenay, un seul vétérinaire prend en charge des rendez-vous.
La popularité de l'adoption d'un animal est aussi en cause selon Gaston Rioux, président de l'OMVQ alors que selon lui «il y a eu beaucoup plus d’adoptions dans cette période de pandémie. Dans la première année où l’on a notre animal, ça demande des vaccins, des chirurgies, des rappels de vaccins, des vermifuges, donc ça a accentué le travail pour les médecins vétérinaires.»
Gaston Rioux constate que la clientèle s’impatiente devant des délais qui s’étirent et des interventions non urgentes qui doivent être reportées. Il mentionne que dans certaines cliniques, l’attente est passée d’une à deux semaines avant la pandémie, à deux à trois mois pour des situations jugées non urgentes.
La prise de rendez-vous est d’autant plus difficile pour les nouveaux propriétaires d’animaux. Le président de l’OMVQ suggère de vérifier les disponibilités des vétérinaires avant d’adopter une bête. «C’est comme s’acheter une voiture, si vous n’avez pas de garage pour la réparer si elle se brise, ça ne fonctionne pas,» précise-t-il.
Il faut tout de même préciser que dans toutes les cliniques, il est toujours possible d'obtenir un rendez-vous en urgence avec un vétérinaire. Or, étant donné que les employés doivent faire du temps supplémentaire lorsque des cas urgents s'ajoutent à leur horaire, les clients doivent payer des frais qui grimpent parfois jusqu'à 300 $, sans compter les soins rendus.
Devant les mécontentements de la clientèle, la pénurie de main-d’œuvre et les absences de personnel en raison d’une infection à la COVID-19 ou d’un isolement, Gaston Rioux affirme que les vétérinaires sont épuisés.
Parmi les solutions pour faire face aux enjeux, Gaston Rioux souligne un campus décentralisé de l’Université de Montréal qui permettrait d’offrir la formation de médecine vétérinaire à Rimouski. 25 à 30 étudiants supplémentaires pourraient être admis chaque année.
«On travaille aussi au niveau de l’admission, on regarde si c’est possible d’admettre plus de vétérinaires étrangers, on étudie la possibilité d’élargir la délégation d’actes vers des techniciens et techniciennes en santé animale pour décharger les médecins vétérinaires. La télémédecine aussi pourrait être un moyen de faciliter leur travail,» selon M.Rioux.
Avec les informations de Janie Pelletier, journaliste Noovo Info Saguenay