Économie

Les travailleurs étrangers sous-représentés en santé et en construction au Québec, selon l'IDQ

Cette sous-représentation existe alors que les besoins dans ces secteurs sont appelés à augmenter au cours des prochaines années, précise l'Institut du Québec (IDQ).

Mis à jour

Publié

Les travailleurs de la construction reprennent le travail sur le site du super hôpital CHUM de Montréal le 2 juillet 2013. Les travailleurs de la construction reprennent le travail sur le site du super hôpital CHUM de Montréal le 2 juillet 2013. (Ryan Remiorz | La Presse canadienne)

Les travailleurs étrangers sont encore sous-représentés en santé, dans les services sociaux et en construction, au sein du marché du travail au Québec, selon le rapport L'impact des immigrants temporaires sur le marché de l'emploi au Québec : mieux comprendre pour mieux agir publié lundi par l'Institut du Québec (IDQ).

 

Cette sous-représentation existe alors que les besoins dans ces secteurs sont appelés à augmenter au cours des prochaines années.

En revanche, les travailleurs étrangers réussissent à atténuer «certaines pressions sur le marché de l'emploi québécois», notamment dans le secteur manufacturier (16% des immigrants temporaires à l'emploi), du commerce de détail (12%) et de la restauration (9%), selon les chiffres de l'IDQ.

Selon le rapport de l'IDQ, les immigrants temporaires sont de plus en plus présents sur le marché de l'emploi québécois.

«Le nombre de détenteurs d'un permis de travail émis par le Programme des travailleurs étrangers temporaires et le Programme de mobilité internationale est passé de 43 770 en 2015 à 167 435 en 2023.»

L'Institut du Québec précise qu'à ces travailleurs s'ajoutent quelque 117 745 étudiants étrangers qui ont, pour la plupart, le droit de travailler au cours de leurs études ainsi que des demandeurs d'asile - dont le nombre s'est considérablement accru au Québec en 2023 - qui ont obtenu un permis de travail pour raisons humanitaires. 

Un coup de pouce des politiques publiques

L'IDQ note dans son rapport que plusieurs politiques publiques adoptées par les gouvernements québécois et canadien ont favorisé cette arrivée plus importante des immigrants temporaires.

«Dès 2015, la mise en place du Programme de mobilité internationale (PMI) dans sa forme actuelle a autorisé la venue de travailleurs étrangers sans qu'ils aient à être au préalable conviés par un employeur. À partir de 2022, des assouplissements réglementaires - initiés tant par le fédéral que le provincial - ont accéléré l'octroi et le renouvellement des permis temporaires.»

L'IDQ note que les deux paliers de gouvernement «ont également consenti des efforts pour attirer, puis retenir, des travailleurs et des étudiants étrangers.»

À lire aussi : Immigration temporaire: jusqu’à 13 milliards $ pour la francisation

Une autre donnée importante mise en lumière par l'IDQ est le fait que seule une partie des travailleurs temporaires ont été invités par un employeur québécois. En effet, selon les données de l'organisation, le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), principale filière d'immigration temporaire destinée à la sélection de travailleurs étrangers recrutés pour combler des besoins spécifiques et propres à l'économie québécoise, ne comptait que 59 820 travailleurs temporaires en 2023.

Un nombre beaucoup plus important, soit 107 615 immigrants temporaires, sont plutôt entrés au Québec par le biais du Programme de mobilité internationale (PMI) qui rassemble sous un même chapeau différents mécanismes d'accueil d'immigrants temporaires qui ne reposent généralement pas sur un mécanisme d'adéquation entre la sélection des travailleurs étrangers et des besoins spécifiques du marché du travail.

Mieux ajuster les politiques?

Emna Braham, directrice générale de l'IDQ, souligne par ailleurs que «les politiques d'immigration actuelles ne s'alignent pas toujours avec les objectifs du Québec».

«C'est le cas notamment en matière de création d'emplois de qualité. Les politiques d'immigration actuelles semblent plutôt évoluer au fil d'un cumul de mesures, ce qui donne aujourd'hui l'impression d'une certaine perte de contrôle, souligne Emna Braham. D'où l'importance d'apporter un peu plus de cohérence au processus. La bonne nouvelle, c'est que les leviers existent - en partie à Québec, en partie à Ottawa - pour ajuster ces politiques.»

L'IDQ propose des pistes de réflexion «pour des politiques d'immigration plus cohérentes», notamment, mieux anticiper et encadrer l'immigration temporaire, mieux arrimer les politiques d'immigration permanente et temporaire, mieux anticiper et encadrer l'immigration temporaire, mieux arrimer les profils des immigrants temporaires aux secteurs stratégiques du Québec et améliorer les données sur les immigrants temporaires.